Participez aux débats sur l'énergie de demain
 - Expert international énergie

Auteur
  François Dauphin est ingénieur INSA Génie Electrique 1984, Supélec 1985 et diplômé de l'Ecole de Management de Lyon en 2002. Il est depuis janvier 2012 en charge du développement pour les pays francophones...

Les bons côtés de la loi Nome : consommer moins et payer moins


jeudi 24 juin 2010

La loi NOME va introduire un cadre législatif permettant au réseau électrique français d'être plus performant, porteur et solvable pour de nombreuses capacités d'ajustement. Une bonne nouvelle pour l'emploi et la lutte contre les GES.


La séparation entre producteurs et fournisseurs d'électricité, imposée par la loi de libéralisation de janvier 2000, a nécessité la mise en place d'un marché permettant de s'assurer qu'il y ait un équilibre entre l'offre et la demande dans une période roulante de 24 heures.

Ce marché, géré par le RTE (Réseau de Transport d'Electricité) sous le nom de «mécanisme d'ajustement », a fonctionné de manière globalement correcte depuis lors. Pour autant, un phénomène insidieux s'est produit depuis l'ouverture de ce marché : la désertion des industries électro intensives. En effet, les industriels ont la possibilité de vendre leur capacité à ajuster leur consommation à la hausse ou à la baisse en fonction de la flexibilité de leurs processus de production.

Avant le processus de libéralisation, les industries électro-intensives disposaient de tarifs privilégiés en échange de la possibilité, pour le RTE, de réduire l'approvisionnement électrique pendant les périodes de pointe de consommation. Depuis la libéralisation, la plupart ont retenu des offres de marché qui ne valorise pas cette capacité d'effacement. Cette option est en effet faiblement valorisée par le marché et les industriels ont choisi de ne plus faire fluctuer leur consommation. Ce sont près de 6.000 MW de capacité d'ajustement en 10 ans, soit l'équivalent de 5 réacteurs nucléaires en pleine charge, qui ont disparus. Il est donc évident que les signaux envoyés par le marché sont inefficients pour ce qui est de maintenir nos capacités d'ajustement sur le long terme et à fortiori pour en faciliter le développement. Ce phénomène est d'autant plus dangereux qu'il s'accompagne de plusieurs tendances lourdes qui impliquent toutes une augmentation de cette capacité.

Tout d'abord le développement des énergies renouvelables, par essence intermittentes, suppose que l'on puisse ajuster la consommation en fonction de nos capacités de production. L'expérience montre que la mise en place de 10 MW d'éolien nécessite la mise en place d'une capacité d'ajustement d'environ 1 MW/heure. Or ce sont 20.000 MW d'éolien qui seront en ligne sur le réseau français en 2020 et potentiellement autant de photovoltaïque si les prix des panneaux continuent de chuter. Ceci explique que les associations de lutte contre l'éolien dénoncent le besoin de développement de centrales à charbon ou au gaz associée au raccordement des turbines. Bien que le besoin d'ajustement lié à la mise en place de ces éoliennes représente moins de 30% de ce que nous avons perdus en 10 ans, nous leur donnons raison en ne développant pas nos capacités d'effacement.

Par ailleurs, si la consommation d'électricité a tendance à stagner aux alentours de 475 TWh/an depuis 2004, la puissance appelée au moment de la pointe de consommation ne cesse d'augmenter dériver passant sur la même période de 80 000 MW à plus de 90 000 MW.  Cette tendance lourde est liée au développement de la consommation des ménages et aussi au particularisme franco-français en matière de chauffage électrique. Elle n'ira qu'en s'amplifiant avec le développement des pompes à chaleur, de la voiture électrique et des climatiseurs que le réchauffement climatique et l'imminence du pic de production pétrolier vont favoriser.

Or, une étude récente de l'Université de Cambridge montre qu'une réduction de 75 % des émissions des gaz à effet de serre au Royaume-Uni nécessite de disposer d'une capacité additionnelle de stockage de 20 000 MW , soit l'équivalent de 10 barrages hydraulique géants. Une étude similaire du groupe LOGICA  avait estimé le besoin à 30 000 MW pour la France. Si des solutions moins invasives existent tant en matière d'écrêtage de la consommation que de stockage de l'énergie, elles requièrent toutes des besoins d'investissement que les mécanismes de marché actuels n'établissaient pas.

La loi NOME, en imposant aux fournisseurs de disposer d'une capacité minimum d'ajustement fonction de leur volume de vente, en prend acte. Elle fait porter la charge des investissements aux acteurs susceptibles de répercuter ces coûts au client final. En ce sens, la loi NOME permettra le développement d'un marché porteur et solvable pour nombres de technologies d'ajustement : matériaux à changement de phase, volants inertiels, batteries, compteurs intelligents, gestion technique centralisée des bâtiments, ...

Allant dans la même voie, le gouvernement allemand a décidé de subventionner à hauteur de 80€/MWh l'électricité photovoltaïque autoconsommée. Cette mesure, qui est passée inaperçue, permet elle aussi de favoriser l'ajustement au plus près par le client entre sa production et sa consommation. Alors que la compétitivité de l'électricité photovoltaïque sera acquise outre Rhin dès 2014, cette mesure devient incontournable. Intelligente, elle pourrait avantageusement inspirer la commission Charpin qui a été chargée par le gouvernement de réfléchir aux orientations du marché du photovoltaïque. Elle compléterait parfaitement les dispositions de l'article 2 de la loi NOME, un article créateur d'emplois et d'espoirs en matière de réduction de nos gaz à effet de serre.




1 commentaire(s)
[1]
Commentaire par BONHOMME
samedi 03 juillet 2010 14:32
article opaque... On y comprend rien et pourtant on aimerait bien !! c'est ss dte intéressant mais par pitié cher monsieur soyez un peu plus pédagogue et didactique et mettez vous au niveau d'un lecteur profane...
PARTICIPEZ !
Cet espace est le vôtre !
La chaîne Energie de LExpansion.com
vous ouvre ses colonnes. Partagez vos analyses !
Auteur
  François Dauphin est ingénieur INSA Génie Electrique 1984, Supélec 1985 et diplômé de l'Ecole de Management de Lyon en 2002. Il est depuis janvier 2012 en charge du développement pour les pays francophones...

Lire la suite

Du même auteur