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 - Expert international énergie

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  François Dauphin est ingénieur INSA Génie Electrique 1984, Supélec 1985 et diplômé de l'Ecole de Management de Lyon en 2002. Il est depuis janvier 2012 en charge du développement pour les pays francophones...

Faut-il monter le prix de l‘électricité ?


mardi 13 mars 2012

La route va être longue vers les objectifs dits de "3x20", fixés par l'Europe pour lutter contre le réchauffement climatique. Surtout si l'on veut conserver une électricité abondante et peu chère.


Le bilan 2011 de la consommation électrique des Français a été surtout commenté sous l'angle des importations/exportations avec l'Allemagne. Il y a dans ce bilan bien d'autres enseignements qu'analyse ici François Dauphin, expert international énergie Hewlett-Packard


Le RTE a publié récemment le bilan de la consommation électrique des français pour 2011. Celui-ci permet une mise en perspective de l'atteinte des objectifs des « 3 fois 20 » visant à lutter contre le réchauffement climatique. Le moins que l'on puisse dire est que la route sera longue.

Objectif des 20% d'énergies renouvelables en 2020 ?

 Au chapitre des bonnes nouvelles, le RTE mentionne que le parc éolien en exploitation s'est accru de 15 % et que le parc photovoltaïque a triplé. De plus, les deux technologies ont amélioré leur taux de disponibilité avec à la clef une augmentation globale de l'ordre de 2 TWh, soit l'équivalent de la production d'un quart de réacteur nucléaire.

Mais si ces résultats vont indéniablement dans le sens des engagements pris, le réchauffement climatique nous a joué une bien mauvaise surprise ! Les baisses très importantes de la pluviométrie ont vidé les barrages avec, à la clef, un effondrement de la production hydraulique. Le RTE mentionne, à juste titre, que la production nucléaire a pallié à cette baisse mais, au final, la production d'électricité verte ressort en forte baisse à 12,8 %. Nous sommes très loin des 16 % prévus pour 2011 dans le plan d'action national en faveur des énergies renouvelables, un retard de plus 17 TWh, soit une fois et demi la production de notre parc éolien actuel. Les Français auront pourtant investi plus de 580 M€ au cours de l'année 2011 dans le développement des énergies vertes dont la majeure partie pour l'électricité

Objectif d'une efficacité énergétique en hausse de 20% ?

Côté consommation le constat est similaire. La consommation a baissé de plus de 6,8 % en 2011 avec un recul marqué dans le domaine de la grande industrie mais aussi, fait nouveau, des clients domestiques. Si la crise a indéniablement eu un impact sur le premier segment, c'est la première fois que l'on note une inflexion de la consommation des particuliers et l'on peut y voir les prémices des efforts consentis par le gouvernement en faveur des économies d'énergie.

Mais c'est de nouveau les conséquences du réchauffement climatique qui expliquent surtout ces bons résultats. Corrigée du facteur météorologique et de la baisse de consommation due aux nouveaux processus industriels d'enrichissement de l'uranium (traditionnellement très gourmands), la consommation est en fait en hausse de 0,8% selon le RTE. Rapporté à une croissance du PIB de 1,7 %, l'efficacité énergétique en France s'est donc accrue de moins de 1%. Il faudra donc espérer une mise en œuvre rapide des mesures du Grenelle en matière de rénovation du bâtiment pour se rapprocher de l'objectif de 20 % d'ici 2020.

L'impact du prix de l'électricité

De fait, la France est actuellement confrontée à un paradoxe. Les gouvernements successifs soutiennent une politique pour une électricité peu chère. Si celle-ci améliore incontestablement la compétitivité des entreprises electro-intensives, elle baisse les rendements financiers des investissements dans les énergies renouvelables ou les économies d'énergie.

Pour inciter les Français à économiser une électricité abondante et peu chère, le gouvernement n'aura guère le choix que de multiplier les réglementations visant à restreindre l'usage de celle-ci. A titre d'exemple, le décret visant à limiter l'éclairage des centres commerciaux la nuit pourrait être étendu à une partie de l'éclairage public. De la même manière, le retrait des lampes à filament pourrait être poursuivi en imposant le retrait des halogènes vers lesquels une partie des clients s'est tournée en substitution pour leur préférer les LED, technologie qui n'en est qu'à ses débuts et pour laquelle des gains économiques de plus de 20 % sont observés chaque année.
 
Du côté des énergies renouvelables de nombreuses subventions existent, soit sous la forme de crédit d'impôt, soit en rachetant à un prix préférentiel la production de l'électricité renouvelable. Dans le contexte économique actuel ces deux voies sont périlleuses. Les crédits d'impôt n'aident pas au rétablissement des équilibres budgétaires et les hausses du prix de l'électricité ne feront que renforcer la précarité énergétique pour certains segments de la population.

La solution pourrait venir de la mise en place d'un fonds de garantie bancaire similaire à celui mis en place par les USA en 2009, ou plus récemment par le gouvernement Australien concomitamment à l'introduction de la taxe carbone. En renforçant la solidité des dossiers financiers, ce type de mécanisme, non couteux pour le budget de l'Etat, permet de baisser le cout de financement de projets qui représente près de 40 % d'un projet d'électricité renouvelable. Un constat tout aussi valable pour le financement des économies d'énergie. Il avait d'ailleurs été proposé par le groupe BPCE lors de la concertation Charpin sur le photovoltaïque.

Les médias se sont récemment émus de l'annonce par l'autorité de régulation de l'énergie d'une augmentation de plus de 30 % de l'électricité. S'il s'agit indéniablement d'une ponction significative sur le budget des ménages et des entreprises, c'est paradoxalement, pour le gouvernement, un sérieux coup de pouce pour l'aider dans l'atteinte de ses objectifs des 3x20, donc dans la lutte contre le réchauffement climatique.
 
Par François Dauphin - expert international énergie Hewlett-Packard


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7 commentaire(s)
[1]
Commentaire par carlino
mardi 13 mars 2012 09:02
Augmenter le prix de l'électricité !...si c'est pour financer ces fausses ENR comme l'éolien industriel ...qui est une véritable escroquerie car couplées avec du nouveau thermique ( donc émissions de co2 ) , qui massacre nos paysages et sème la zizanie dans nos campagnes et villages ....
Alors non et non .
si l'augmentation se fait sous forme de taxes pour financer l'aide a l'autonomie énergétique ...aide qui pourrait être inversement proportionnelle aux revenus ...
alors oui et oui .
produire tjrs plus , chers et trés mal c'est archi nulle . c'est aussi trés négatif pour la précarité énergétique . par contre, faire payer plus pour aider les plus modestes a consommer moins, alors là on est gagnant sur tout ....CO2 inclus .
[2]
Commentaire par yan13
mardi 13 mars 2012 11:33
La question n'est pas "Faut-il monter le prix de l'électricité ?" mais "De combien augmentera l'électricité et à qui cela profitera t-il?"
la loi None autorise des hausses très importantes pour EDF, on estime que ses tarifs vont augmenter de 30% d'ici 2016, soit 7% par an.
Un fournisseur 100% renouvelable comme Enercoop sera obligé de répercuter une partie seulement de cette hausse , celle liée au service publique, pas la hausse du aux investissements nucléaires soit seulement 5% de hausse annuelle.
Questions: Sachant qu'aujourd'hui Enercopp est 8% plus cher qu'EDF, en combien d'années Enercoop deviendra moins cher EDF ? Réponse : en 5 ans.
Mais ça ne va pas s'arréter là, en réalité EDF va continuer à faire d'énormes investissements pour mettre à niveau ses vieilles centrales ou construire des EPR (si Sarko est ré-élu...). Ces hausses de tarifs ne seront pas répercutées par Enercoop qui s'approvisionne exclusivement en renouvelables (hydro, éolien, biomasse, solaire) dont les prix baissent continuellement.
Conclusion : les tarifs d'EDF vont mécaniquement dépasser ceux des fournisseurs 100% ENR. C'est la grande surprise: non seulement le nucléaire est dangereux mais contrairement à ce que veulent nous faire croire nos "Elites de l'atome" , le nucléaire est aussi une impasse économique.
[3]
Commentaire par Gépé001
mercredi 14 mars 2012 08:02
Le prix de l'énergie,donc de l'électricité,doit être comparé au cout du travail,salaires plus prestations sociales.L'augmentation du prix de l'énergie doit permettre de réduire le cout du travail.D'ou l'idée d' une fiscalité écologique et sociale,un peu comme ce qui se fait en Suède et au Danemark.Nous avons encore beaucoup de progrès à faire.
[4]
Commentaire par Antoni jean
mercredi 14 mars 2012 18:56
Sacosy n'a pas respecté ses proositions mais à le pouvoir d'abuser ses electeurs du passé. Fracois HOLLANDE nous prépare la rien de valable, seul sa nomination de devenir Président le motive. Beraut semble sérieux, on peut lui faire confiance ce n'est pas un abuseur! Faisant lui confiance.
[5]
Commentaire par Hervé
mercredi 14 mars 2012 19:51
Si votre objectif est réellement une réduction du CO2 par incitation aux économies d'énergie via une hausse des tarifs, le gaz est actuellement bien moins cher que l'électricité et favorise beaucoup plus les abus. Vous devriez donc préconiser de doubler le prix du gaz pour commencer, bien avant de faire monter le prix de l'électricité qui reste encore une des énergies les plus chères.
Comparatif prix énergies

Concernant l'augmentation de l'électricité, il faut se rappeler que depuis 2000, l'électricité n'a pas beaucoup augmenté. La répercussion de la seule inflation donne un prix d'environ 20% supérieur au prix actuel. Ensuite il faut aussi ajouter les hausses importantes de la CSPE.

Enfin, il ne faut pas rêver, la progression de l’efficacité du parc immobilier sera lente. Le chantier est immense. Et ce n’est qu’une partie du problème.

Il faut aussi faire attention à ce qu’on fait. Par exemple si baisse la conso des lave linge en baissant la température du lavage mais qu’on compense par des lessives plus « agressives », quel impact ça va avoir sur l’environnement ?
[6]
Commentaire par Monnier
samedi 17 mars 2012 21:33
L'énergie, électrique ou autre, deviendra rare dans peu de temps. Une bonne raison d'en augmenter le prix pour l'économiser et accélérer le développement des énergies renouvelables.

L'électricité renouvelable entraîne une baisse des combustibles fossiles dans tous les pays.

Renseignez vous :
Electricité renouvelable : France - Allemagne … Europe

Et 44% de l'électricité pourrait être d'origine renouvelable en 2025 :
http://energeia.voila.net/renouv/electri_renouv_france_2025.htm

Mais il faudra un peu forcer les politiques à prendre conscience des réalités et à aller dans le bon sens.
[7]
Commentaire par DTC-savoie
jeudi 22 mars 2012 01:35
c'est bien beau ce que vous dites, moi j'ai 1100 euros par mois j'ai le chauffage electrique en HLM et on me réclame 300 euros pour juste 2 mois de chauffage j'ai 200 euros de pension alimentaire je parle meme pas du loyer et du reste. ok on fait comme vous dites on augmente et moi je crève... je crève déjà donc quelle différence ? on me demande 343,88 euros et les chauffages sont au minimum je me les gèle et mes gosses aussi tout va bien alors vos accords de ci ou de ça je m'en fout ! je veut juste vivre décemment, et là on est mal partis !!!
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  François Dauphin est ingénieur INSA Génie Electrique 1984, Supélec 1985 et diplômé de l'Ecole de Management de Lyon en 2002. Il est depuis janvier 2012 en charge du développement pour les pays francophones...

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