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  François Dauphin est ingénieur INSA Génie Electrique 1984, Supélec 1985 et diplômé de l'Ecole de Management de Lyon en 2002. Il est depuis janvier 2012 en charge du développement pour les pays francophones...

L’Europe et l’efficacité énergétique : bon élève mais peut encore progresser


jeudi 20 septembre 2012

Une étude américaine sur l'efficacité énergétique décerne des lauriers à l'Europe. En 10 ans, elle a amélioré son intensité énergétique de 33%. Un pays a cependant fait mieux : la Chine.


Le « conseil américain pour l'efficacité énergétique de l'économie » (ACEEE) vient de publier une intéressante comparaison internationale qui montre que si l'Europe est globalement un bon élève dans ce domaine de l'efficacité énergétique , elle peut encore progresser et améliorer certaines pratiques.

Selon l'étude, l'Union Européenne se situe clairement comme le leader mondial en matière d'efficacité énergétique sur la décennie passée en positionnant trois pays sur le podium mondial : Le Royaume Uni, l'Allemagne et L'Italie. Seul le Japon arrive à tenir tête à ce jour aux européens en se classant en quatrième position. La France arrive en 5eme position.
De manière globale, sur la base des statistiques fournies par l'Agence Internationale de l'Energie, l'Europe aura amélioré son intensité énergétique de 33% sur la période 2000-2009. Ce résultat aura été battu par un pays souvent décrié au plan énergétique : la Chine avec une amélioration de 36 %.

Ce progrès européen sur dix ans tend à prouver que l'objectif  fixé par le nouveau projet de directive adopté par la Commission européenne - une amélioration de 20%- n'est pas si ambitieux qu'il y paraît.

Une analyse détaillée des critères retenus par l'ACEEE permet d'identifier les points particuliers sur lesquels les Européens pourraient apprendre des meilleures pratiques internationales.

-    Le premier concerne les investissements des administrations en faveur des programmes de réduction de la consommation énergétique. Sur ce critère les dépenses moyennes européennes sont de 56 $/habitant, un niveau quatre fois inférieur à celui de l'Australie. La nouvelle directive européenne contient quelques progrès puisqu'elle impose une rénovation globale de 3 % par an des bâtiments « étatiques » mais on notera que la première mouture de la directive envisageait que cela soit le cas pour tous les bâtiments « publics ».

-    Le second concerne l'efficacité dans les logements domestiques. Si les écarts significatifs de la consommation au m2 peuvent s'expliquer par des différences sociales importantes entre l'Europe et le Brésil ou l'Asie, le fait que les habitations canadiennes consomment 20 % de moins au m2 que les habitations françaises est beaucoup plus difficilement compréhensible. On s'attaque là au problème récurrent et ardu de la rénovation de l'habitat ancien. Un sujet sur lequel la nouvelle directive n'apporte pas de progrès significatifs. A titre d'exemple la Commission Européenne aurait pu imposer une rénovation minimale obligatoire lors des transferts de propriété mais il semble qu'aucun gouvernement ne veuille prendre ce risque électoral dans le contexte économique actuel.

-    La thématique des normes de fabrication des équipements est l'un des aspects sur lequel les Européens ont semble-t-il le plus de retard. Alors qu'il existe 43 normes aux USA et 26 réglementations en Chine, les Européens n'en ont que 14. Même si une simple comparaison du nombre de réglementations peut apparaitre réductrice, cet élément de régulation simple et essentiel n'est pas abordé dans la nouvelle directive. De la même manière, des responsables en économie d'énergie sont maintenant imposés chez les grands industriels japonais et chinois alors qu'aucune exigence similaire n'existe en Europe (en dehors de l'Italie).

-    Le dernier point mais probablement le plus crucial concerne les investissements en recherche et développement. Les dernières statistiques de l'OCDE montrent que les européens continuent d'investir et rapport à leur PIB, deux fois moins que les américains et trois fois moins que les japonais. Un problème récurrent et général auquel le dernier conseil européen, organisé en 2000 à Lisbonne, était censé apporté une réponse. Il est vrai que les conclusions du sommet prévoyaient que « les perspectives macroéconomiques à venir étaient les meilleures que l'Union ait connues depuis une génération ». On sait maintenant ce qu'il en est advenu.


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