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Un rapport officiel met en pièces la « révolution de l'hydrogène »


mercredi 03 septembre 2014

Les experts de France Stratégie, le centre d'analyse chargé de conseiller le gouvernement, dénoncent les mirages de l'hydrogène.


Alors que les constructeurs japonais et coréens ont annoncé la commercialisation en 2015 des premières voitures à hydrogène (voir l'article de la chaîne Energie), un rapport de France-Stratégie  estime que «  le véhicule à hydrogène ne semble pas en mesure de concurrencer ses équivalents thermique ou électrique avant des années, voire des décennies ». « L'hydrogène bénéficie actuellement d'un engouement médiatique sans rapport avec les perspectives réalistes d'avenir », ajoute-t-il.

Le rapport ne voit pas non plus de débouchés rapides dans l'idée d'utiliser l'hydrogène pour stocker les surplus d'électricité solaire et éolienne et résoudre ainsi les problèmes d'intermittence des énergies renouvelables. (Voir l'article sur la chaîne énergie).

Réorienter la R&D sur l'amont

France Stratégie, qui a remplacé le Centre d'analyse stratégique (lui-même héritier du Commissariat général du Plan), est clairement sceptique :

« Malgré les traces que l'incendie du zeppelin Hindenburg en 1937 a laissées dans les mémoires, l'hydrogène continue de bénéficier d'une aura exceptionnelle. Sa combustion ne générant que de l'eau pure, il est perçu comme « propre » et comme pouvant remplacer les hydrocarbures à terme. L'Allemagne mise sur l'hydrogène pour stocker les quantités massives d'énergies renouvelables (ENR) intermittentes de son Energiewende.

La question de la transposition de cette approche à la transition énergétique en France est parfois posée. La réponse apportée ici est plus que prudente. L'hydrogène n'est produit aujourd'hui qu'à des fins industrielles et selon un procédé émissif en CO2.

Générer de l'hydrogène-énergie décarboné est techniquement possible grâce à l'électrolyse de l'eau, mais avec un rendement médiocre et des coûts élevés. L'utiliser pour valoriser de l'énergie renouvelable excédentaire risque de renchérir encore le prix de l'électricité.

Le véhicule à hydrogène soulève beaucoup d'enthousiasme outre-Rhin, mais ne semble pas en mesure de concurrencer les véhicules thermiques ni même électriques avant longtemps, les piles à combustible (PAC) manquant de maturité. Le déploiement d'une infrastructure de distribution serait de plus d'un coût considérable.

Il est ainsi proposé de poursuivre la R&D sur les électrolyseurs et les piles à combustible avant d'envisager un déploiement effectif ou expérimental.
« 

Voiture à hydrogène : non concurrentielle

Le rapport juge négativement l'expérience conduite en Corse sur la plate-forme MYRTE (voir l'article sur la chaine énergie),  qui stocke de l'électricité solaire, la transforme en hydrogène par électrolyse et la restitue au réseau pendant les heures de pointe. « Les éléments technico-économiques disponibles sur le projet MYRTE de production solaire avec stockage à l'aide d'hydrogène révèlent des coûts de production extraordinairement élevés, même pour une
expérimentation. Au total, le stockage d'électricité via l'hydrogène apparaît aujourd'hui hors de toute rentabilité.
 »

Le rapport est tout aussi pessimiste sur les chances de la voiture à hydrogène. Parmi les nombreuses objections  :
 
- la pile à combustible pour voiture coûte aujourd'hui au moins 30 000 euros. Il faudrait le réduire dix fois.

- le stockage gazeux, seul envisageable, nécessite un réservoir de 150 litres, pesant 100 kg et pressurisé à 700 bars, qui coûte 2 000 euros

- le transport par camion augmente le coût de l'hydrogène à la pompe qui est encore le double, voire le triple de celui des carburants conventionnels.

Enfin, le rapport doute de l'acceptation sociale de l'hydrogène et met en avant les dangers : « plus que tout autre combustible, c'est un concentré d'énergie qui présente des risques de feux et d'explosion ; il a la caractéris-
tique de fuir par les moindres fissures et, mélangé à de l'air, d'exploser très facilement et violemment
 ».

Illustration Toyota
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5 commentaire(s)
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Commentaire par Patrig k
mercredi 03 septembre 2014 13:56
c'est un concentré d'énergie qui présente des risques de feux et d'explosion /// Ce qui est d'ailleurs l'un des plus gros souci de l'industrie nucléaire, les concentrations d'hydrogène dans les enceintes des réacteurs nucléaires, et que les recombineurs mis au point par l'IRSN depuis 2007 seulement, pour des problèmes connus depuis le clash atomique aux USA durant les années 1970, ne garantissent nullement la disparition de celui-ci. A propos de rentabilité comparée, nos savants experts ont-ils inclus les 40 Md? d'aide publiques (via les SDE des départements) pour l'implantation des prises en charges des moteurs électronucléaire ? Ce document de savants, a t-il l'audace d'affirmer que les savants allemands seraient à ce point là des idiots ?
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Commentaire par patrig k
mercredi 03 septembre 2014 14:07
150 litres, pesant 100 kg et pressurisé à 700 bars, qui coûte 2 000 euros//// ben ça alors ! (l'hydrogène) a laissées dans les mémoires, l'hydrogène continue de bénéficier d'une aura exceptionnelle ///// le rapport doute de l'acceptation sociale de l'hydrogène. Aura ou aura pas ? Et de s?inquiéter de l'acceptation social pour cette technologie, dans un pays Roy-publique qui a imposé le nucléaire de la manière la plus violente, telle la Russie de Poutine, que de Mesmer à Hollande, rien n'a changé, ou si peu ... Sans en lire les détails, se rapport tente à l'évidence à couvrir le nucléaire qui pourtant est en faillite, 14 Md? de trou sur deux EPR, 2 Md? de perdu dans l'aventure UraMin, des gravats atomiques laissés à l'abandon sur les campings et stades de France, bref .... Prenez vos cartables, et aller chanter vos messes chez vos collègues russes, là bas vous allez faire un tabac !
[3]
Commentaire par Tilleul
mercredi 03 septembre 2014 15:07
Ce qui est malsain dans ce rapport c'est qu'en réalité ce qui est attaqué c'est soutien des pilotes industriels (parent pauvre de l'innovation en France) et les collaborations entre université et industrie plus que l'hydrogène. Il faudrait peut être préciser que l'auteur du rapport vient d'EDF...(ce qui explique aussi pourquoi il confond énergie et électricité et que ses prix du gaz sont assez farfelus) Le rapport met en pièce des usages et des expériences... qui n'existent pas ! Le P2G est développé en Allemagne pour remplacer le pétrole et la chimie et s'il y a de l'injection dans le réseau de gaz comme en France ce n'est pas pour "stocker de l'électricité éolienne" mais pour tester la flexibilité d'un électrolyseur... Le principe du P2G c'est d'installer des capacités d'énergies renouvelables en masse pour pouvoir avoir des surplus qu'on utilisera pour réaliser des carburants. Comme on ne sait pas à l'avance quand ces surplus arriveront et qu'il est difficile de stocker l'hydrogène on le transforme en gaz naturel qu'on stocke sans problème et qu'on peut utiliser dans des voitures thermiques (la G-Tron d'Audi n'a pas besoin de pile à combustible!). Une technologie qui est prévu pour être déployé en 2030, c'est sur le monde de 2030 qu'il faut le juger. C'est à dire un monde où il n'y a plus de pétrole en Europe (tout ce qui reste sera acheté et contrôlé par les chinois et les américains) et où on devra soit importer des biocarburants soit le produire nous même...
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Commentaire par Hervé
mercredi 03 septembre 2014 22:18
@ Tilleul. Ou avez vous vu qu'il confond énergie et électricité? Ou sont les prix de Gaz Farfelus? J'ai parcouru le rapport, tout me parait correct, hormis peut être le fait qu'il n?évoque pas le procédé de stockage dans des hydrures métalliques qui est je crois compatible avec la mobilité.
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Commentaire par Gépé
jeudi 04 septembre 2014 07:40
Encore un article qui montre que le prix trop bas de l'énergie est défavorable pour développer l'hydrogène. Quand arrivera-t-on à comprendre que ce prix trop bas favorise le chomage, handicape la transition énergétique et est la source de tous nos problèmes économiques. Economistes, réagissez!