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sgsf
Pétrole : quelle évolution en 2016 ?
vendredi 18 décembre 2015
L'OPEP existe-t-elle encore ? En tout cas, l'organisation des pays exportateurs de pétrole ne fait plus rien pour agir sur le cours du baril. L'analyse d'Olivier Appert, conseiller à l'IFRI et ancien président de l'IFP-EN.
Hormis certains traders qui en ont profité pour spéculer sur le prix du pétrole, qui a noté qu'une réunion de l'OPEP s'est tenue le 4 décembre 2015 à Vienne ? Pourtant, il n'y a pas si longtemps, les réunions de l'OPEP créaient le buzz et faisaient souvent la Une des journaux télévisés.
La COP21 était certes au coeur des préoccupations de la presse internationale, mais la raison de ce manque d'intérêt médiatique est ailleurs. Le 4 décembre, l'OPEP a décidé de ne rien décider : « Etant donné la situation économique actuelle des pays consommateurs et de l'économie mondiale, nous allons maintenir la production à ses niveaux actuels » a déclaré le président en titre de l'OPEP. L'organisation n'a même pas pris la peine de fixer un objectif de production comme elle le faisait auparavant. Pourtant avant cette réunion, divers pays producteurs ont une nouvelle fois appelé à une réduction de la production pour soutenir les prix. L'Arabie Saoudite avait même annoncé qu'elle était disposée à réduire sa production, tout en ajoutant qu'elle ne le ferait que si les Etats-Unis et la Russie faisaient de même !... Résultat, les prix du pétrole ont baissé sur les marchés.
Les monarchies du Golfe : préserver les parts de marché
Pourtant ce n'est pas la première fois que les prix du pétrole dégringolent. Ainsi lors de la crise des subprimes, l'OPEP avait annoncé fermement en décembre 2008 sa décision de réduire ses quotas de production. Et les prix se sont redressés progressivement courant 2009. En fait, l'OPEP à l'initiative des monarchies du Golfe, refuse depuis 18 mois de jouer son rôle de « swing producer », le producteur d'appoint qui augmente sa production lorsque le marché est tendu et la réduit lorsque les prix baissent et donc de facto régule les prix.
Aujourd'hui, le paradigme du marché pétrolier a fondamentalement changé. Les monarchies du Golfe veulent préserver leur part de marché, alors que l'offre mondiale de brut excède la demande de 1 à 2 millions de barils par jour. Cette situation nouvelle est la conséquence directe de l'explosion des pétroles de schiste aux Etats Unis. Ces dernières années, l'équivalent d'une nouvelle Norvège a été mis en production aux Etats-Unis tous les deux ans ! Le Ministre du pétrole saoudien a résumé sa position lors de la réunion de l'OPEP du 24 novembre 2014 : « si l'OPEP décide de réduire sa production, les prix augmenteront et les russes, les brésiliens et les producteurs américains de pétrole de schiste prendront notre part de marché ».
(...)
La responsabilité des pétroles de schiste
On s'attendait à un déclin rapide de la production de pétrole de schiste aux Etats Unis car on estimait en 2014 qu'ils n'étaient pas rentables en dessous de 50 dollars par baril. Or grâce au progrès technique et à l'« industrialisation » des processus de production, les coûts ont baissé de façon importante. Bien que le nombre d'appareils de forage ait été réduit de plus de 60% en un an en Amérique du Nord, la production n'a diminué que faiblement. Mais les opérateurs sont dans une situation financière fragile et la production devrait décroitre plus significativement à partir de l'année prochaine.
Dans ce contexte, l'OPEP laisse les forces du marché jouer et abandonne sa volonté de réguler les prix. En quelque sorte ce sont les producteurs de pétrole de schiste qui jouent le rôle de « swing producers ». Le prix s'établit au niveau du coût du producteur marginal qui assure l'équilibre entre l'offre et la demande. Après le paradigme des Sept Soeurs qui a prévalu de 1928 à 1973, suivi de celui de l'OPEP entre 1974 et 2014, le marché pétrolier entre aujourd'hui dans un nouveau paradigme. Mais pour combien de temps?
Lors des précédents épisodes de baisse des prix, le marché s'était rééquilibré en environ quatre ans, le prix retrouvant à cette échéance son niveau initial. Mais le retour à l'équilibre risque d'être plus long compte tenu des incertitudes sur la croissance économique mondiale et sur la résilience des pétroles de schiste aux Etats Unis. De même, l'Iran devrait revenir sur le marché avec la levée de l'embargo. Si le marché se rééquilibre, on ne retrouvera pas les niveaux de prix d'avant la crise avec la pression opérée par les pétroles non conventionnels.
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6 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Gépé
samedi 19 décembre 2015 09:55
Il existe une relation entre le cout du travail et le prix de l'énergie. Les pays producteurs raisonnent en prix de l'énergie et les pays consommateurs en cout du travail. C'est aux pays consommateurs d'ajuster le cout du travail par une taxe sur l'énergie qui serait favorable au climat.
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[2]
Commentaire par Gépé
samedi 19 décembre 2015 10:13
Jean Tirole est favorable à une taxe sur l'énergie; le conseil d'analyse économique (note n°6) est favorable à l'utilisation de cette taxe pour réduire le cout du travail. Qu'est ce qu'on attend?
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[3]
Commentaire par Gépé
lundi 21 décembre 2015 08:11
Il n'y a pas d'autres façon de réduire le cout du travail que la taxation du prix de l'énergie.
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[4]
Commentaire par Gépé
mardi 22 décembre 2015 08:38
Une partie du chomage est en fait du temps libéré par les gains de productivité liés à l'usage de l'énergie. L'énergie doit assurer le financement de ce temps de travail libéré par une taxe incitative.
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[5]
Commentaire par Gépé
dimanche 03 janvier 2016 08:09
Mais pourquoi les Français ne comprennent-ils pas que la solution consiste à réduire le cout du travail en augmentant le prix de l'énergie, progressivement et à niveau constant?
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Commentaire par Gépé
dimanche 03 janvier 2016 08:20
C'est sans doute dû à notre système éducatif qui privilégie l'analyse au détriment de la synthèse.
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