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Eolien flottant : la France entre dans la course


mardi 03 novembre 2015

En lançant un appel à projet pour des "fermes pilotes" d'éoliennes flottantes, la France entre (à temps ?) dans un marché où sont déjà présents Américains et Norvégiens.


Voir l'étude complète sur le site de SIA-partners

Après avoir publié les zones propices aux installations éoliennes flottantes (trois en Méditerranée et une au large de l'ile de Groix en Bretagne). le gouvernement français a officiellement lancé en août dernier un appel à projet en faveur de cette nouvelle technologie. Les industriels ont jusqu'au 5 avril 2016 pour préparer leurs offres constituées de parc expérimentaux de 15 à 30 MW.
Au total, une centaine de MW est attendue sur moins de 100 km² pour un potentiel français évalué à 140 GW sur une surface de plus de 25 000 km². Ce sont donc bien des fermes « pilotes », contrairement aux appels d'offres éolien offshore lancés en 2012, dont les lots constituaient de véritables parcs industriels.

Bien que le projet n'en soit qu'à ses débuts, certains choix réalisés par le gouvernement semblent déjà surprenants. Tout d'abord, chaque lot comptera entre 3 et 6 éoliennes de 5 MW maximum. Avec les technologies actuelles, la puissance installée sur les fermes pilotes ne devrait donc pas dépasser 21 MW, ce qui est faible pour être en mesure de tester des techniques de transformation de courant adaptées et pour minimiser les coûts marginaux de raccordement des fermes pilotes. De plus, aucun  parc n'a été proposé en Manche, ce qui aurait pourtant permis de tester d'autres conditions de fort courant et de trafic maritime plus intense, deux conditions qui sont souvent pointées pas les détracteurs de cette technologie comme des barrières majeures à son développement.

Les industriels sur les rangs

Les projets flottants sont particulièrement complexes car ils nécessitent, en plus des technologies utilisées dans les projets offshores conventionnels, des compétences dans les plateformes flottantes, qu'aucun groupe exploitant actuellement des projets éoliens offshore n'a développées auparavant.

Cette complexité s'est traduite par l'échec en 2014 du projet WinFlo, qui rassemblait plus de 5 partenaires dont DCNS. Officiellement, le projet a été redimensionné, car l'éolienne initialement prévue de 1 MW n'était pas suffisante pour rivaliser avec les autres projets concurrents à l'étranger.  Le projet a été repris sous le nom de Sea Reed par le binôme DCNS/Alstom pour accélérer son développement et être prêt à temps pour répondre à l'appel à projet. Alstom fournira son éolienne Haliade 150 de 6MW, habituellement utilisée pour les projets offshores conventionnels et DCNS travaille sur la structure flottante. Les tests sont prévus à Groix.
Deux autres projets français devraient répondre sans surprise à l'appel d'offre :

- le premier, Vertiwind, à Fos sur Mer, sera mené par un concepteur éolien Français : Nénuphar.  La principale innovation de ce projet est son éolienne à axe vertical, en cours de test au sol, que le bureau d'étude considère plus stable et donc mieux appropriée aux projets flottants de grande envergure. Vertiwind a reçu le soutien, entre autres, du programme des investissements d'avenir et d'EDF EN.

- le second, FloatGen, sera mené par l'entreprise française IDEOL qui a déposé une plateforme flottante novatrice. Son concept est d'utiliser un bassin en béton au pied de l'éolienne pour stabiliser ses mouvements, contrairement à ses concurrents qui utilisent des flotteurs en aciers plus sensibles à la corrosion et en théorie moins performants.

La France semble partie à point

Après avoir raté le marché de l'éolien onshore (aucun français dans les 10 premiers producteurs mondiaux), et attrapé le train en marche pour la technologie offshore (Alstom/Areva/EDF Energies Nouvelles), la France semble cette fois-ci être partie à point dans la course au leadership du marché flottant.
Cependant, les contingences liées au trop grand nombre d'acteurs présents dans les premiers consortiums ont déjà retardé les groupes français. En effet, les solutions américaine et norvégienne sont déjà à la phase de commercialisation et commencent à répondre aux premiers appels d'offres étrangers pour des fermes pilotes aux Etats-Unis, en Ecosse et dans les pays scandinaves.

François-Michel Hautemanière

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