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 - Ingénieur et démographe

Auteur
Ingénieur des mines, démographe, Dominique Bidou a été directeur de la Qualité de la Vie au Ministère de l'environnement. Il est président d'honneur de l'Association HQE (Haute qualité environnementale)...

Vancouver : vertu écologique ou green washing ?


lundi 08 mars 2010

Bien avant l'ouverture des J.O de Vancouver, l'un de nos contributeurs s'extasiait de voir s'organiser des jeux "verts". Quelques médailles plus tard, Dominique Bidou lui répond, et le met en garde contre cette dose de greenwashing...


Voir l'article de Laurent Pouchoy, "Les JO verts de Vancouver"

Diversion ou green washing, les JO de Vancouver furent une aubaine pour le Canada. Une bonne occasion de se peindre en vert et de faire oublier leur carence en matière de lutte contre le réchauffement climatique. A la veille des JO, le Canada s’était engagé à s’aligner sur les Etats Unis dans leurs objectifs de lutte contre l’effet de serre : -17% d’ici 2020, par rapport à 2005. Le changement de référence n’a pas trompé Greenpeace, qui a observé que les nouveaux objectifs étaient en retrait par rapport aux engagements antérieurs : les émissions ont été en hausse de 2,5% par rapport à la référence de 1990, au lieu d’une baisse de 3% annoncée précédemment.

Le Canada est un bien mauvais élève de Kyoto, un "hors-la-loi de l’environnement" comme le faisait remarquer dès 2006 un journal Québécois, Le Devoir. C’est le pays le plus éloigné de ses engagements, et on ne voit guère d’amélioration. C’est que le cours de pétrole a changé la donne. Au prix actuel, il n’y a pas que les énergies renouvelables qui deviennent compétitives, mais aussi la recherche de ressources fossiles d’exploitation difficile, comme les sables bitumineux. Impensable à 15$ de baril, cette exploitation devient intéressante à 75 ou 80$. Le Canada est devenu potentiellement un grand producteur de pétrole, et il n’hésite pas pour le faire à retourner des kilomètres carrés de la province d’Alberta, à la recherche de l’or noir. Un désastre en termes de biodiversité qui s’ajoute à la contribution à l’effet de serre, un beau résultat.

Les JO sont donc arrivés à point, juste après Copenhague, pour détourner l’attention, pour montrer du Canada une face vertueuse qui masque une réalité moins flatteuse. Bien sûr, ces JO ont été verts. Ils ont eu lieu à Vancouver, ville reconnue pour sa qualité de vie et son engagement écologique ;  là où on compense le carbone consommé, on ménage l’environnement et on prévoit une bonne réutilisation des équipements après les jeux. C’est à présent la règle des JO, bien propres, et c’est tant mieux. Mais ils ont aussi permis de jeter un rideau de fumée sur de mauvaises pratiques en plein développement. L’opinion s’était manifestée, parfois bruyamment, sur le respect des droits de l’Homme par la Chine, au moment des jeux de Pékin. Le silence total qui a entouré les jeux de Vancouver fût inquiétant. L’enjeu n’était pas de même nature, car le réchauffement climatique ne tue pas directement, mais le double langage du Canada ne peut être passé sous silence : dans un article publié sur ce site, Laurent Pouchoy a décrit les efforts des JO de Vancouver pour l’environnement (mercredi 27 janvier 2010). Il s’inquiétait en liminaire : Le problème avec les grands évènements est que leur fort potentiel de communication les transforme souvent en outil marketing…   disait-il. Je crains fort qu’il ait raison une fois encore.

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