Par Dominique Bidou
- Ingénieur et démographe
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Ingénieur des mines, démographe, Dominique Bidou a été directeur de la Qualité de la Vie au Ministère de l'environnement. Il est président d'honneur de l'Association HQE (Haute qualité environnementale)...
La chute des prix du pétrole : une bonne nouvelle pour le climat
Par Dominique Bidou
- Ingénieur et démographe
vendredi 09 janvier 2015
Le débat sur les conséquences de la chute du prix du baril de pétrole ne fait que commencer. Le moment n'est-il venu de donner un prix aux émissions de carbone ? On pourrait le faire sans rendre insupportable la facture des consommateurs et des entreprises.
Le prix modéré du pétrole est une bonne nouvelle. Un prix qui reste encore bien au-dessus de ce qu'il a été, mais nettement en dessous des sommets atteints et maintenus ces dernières années. Une bonne nouvelle pour l'écologie et le climat. Pourquoi ?
Ce prix modéré, aux alentours de 50 dollars le baril, pourrait bien dissuader de nombreux opérateurs d'aller chercher du pétrole dans des conditions défavorables. A l'époque où l'on cherche comment capter et stocker le carbone dans des couches géologiques appropriées, il est effet paradoxal de s'évertuer à aller en chercher à tout prix, non conventionnel ou sous les glaciers par exemple.
La hausse du prix avait provoqué quelques espoirs pour la lutte contre le dérèglement climatique : les énergies renouvelables, pensait-on, pourraient devenir compétitives plus tôt que prévu, selon leur « courbe d'apprentissage ». Mais c'est un autre phénomène qui a eu lieu, à savoir la mise sur le marché d'un carbone fossile jusqu'alors inexploitable, comme les fameux sables bitumineux. Il en est résulté un éloignement du « peak oil », avec l'ouverture de nouvelles réserves. La hausse du prix du pétrole n'est donc pas la bonne réponse pour maîtriser la production d'hydrocarbures.
Nos réserves d'énergie carbonée sont énormes. Elles sont enfouies dans le sol, et leur volume s'accroit selon le cours, et il ne faut pas compter sur la sagesse humaine pour en arrêter l'exploitation. Pour notre plus grand malheur climatique.
L'amont et l'aval
Mais les récents événements peuvent nous conduire à une analyse nouvelle, avec des perspectives positives.
Notre attention est portée, par notre culture, sur la ressource, c'est-à-dire l'amont, alors que le vrai problème porte sur les émissions de C02, c'est-à-dire l'aval. En matière d'environnement, ce n'est pas l'amont du carbone qui pose problème, mais l'aval. Il ne faut pas craindre la pénurie, mais le dérèglement climatique. C'est là qu'est le danger, et les mécanismes économiques traditionnels, le marché, ne s'y appliquent guère pour l'instant. Les efforts pour établir un marché du carbone sont restés jusqu'à présent bien insuffisants.
Puisque ce sont les émissions qui constituent le « facteur limitant » de l'usage des énergies fossiles, c'est bien là qu'il faut trouver des mécanismes économiques capables de provoquer une régulation parmi les nombreux acteurs. Au prix « amont », de la ressource, qui intègre le coût de l'extraction et du traitement, doit s'ajouter le prix « aval » attaché au coût du rejet. Cette notion de prix aval est classique dans d'autres domaines, comme le traitement de l'eau ou le recyclage des déchets.
Or la baisse actuelle du prix amont ouvre une opportunité pour créer le prix aval. Nous serions alors dans une logique de « cycle de vie », intégrant tous les coûts. Le prix « aval » dont les différentes formes de « taxes carbone » sont des amorces, ne peut se créer dans une période de pétrole cher. La « facture énergétique » des ménages et des entreprises serait trop élevée.
Le bon moment pour fixer le prix de l'aval
A court terme, l'insertion d'une composante supplémentaire dans le prix de l'énergie ne peut se faire sans la baisse sensible d'une autre composante, de manière à maintenir le total à un niveau socialement et économiquement acceptable.
C'est donc maintenant, avec en perspective la conférence de Paris de décembre prochain, qu'il faut faire l'effort. C'est maintenant qu'il faut imaginer, avec l'expérience déjà accumulée dans ce domaine, des mécanismes financiers pour prendre en compte le coût de l'aval, donc des effets de la consommation de carbone. Le président François Hollande a d'ailleurs laisser entendre que ce serait un des critères de la réussite du sommet.
Economistes et banquiers de tous les pays, unissez-vous ! C'est le moment d'innover, les conditions sont favorables. Entrez dans l'histoire !
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4 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé
vendredi 09 janvier 2015 17:00
Il y a le prix de l'énergie, mais il y a surtout la relation entre le prix de l'énergie et le cout du travail.
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Commentaire par Gépé
vendredi 09 janvier 2015 17:11
Comme Dominique Bidou est démographe, il devrait proposer de financer les retraites par une taxe sur l'énergie pour réduire le cout du travail en augmentant le prix de l'énergie; cela règle le climat, le chomage, la croissance et en plus les retraites.
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Commentaire par Gépé
vendredi 09 janvier 2015 17:16
Démontrez-moi que j'ai tort
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Commentaire par papijo
vendredi 09 janvier 2015 17:47
Mais non, Gépé, vous n'avez pas tort. Vous défendez très bien les intérêts des écolos à haut revenu (ceux qui ont une maison bien isolée, une voiture hybride / électrique, logés en centre ville près des écoles, du boulot, des transports en commun, ... ). Ces gens méritants doivent absolument être protégés ! Par contre, tous ces ... de pauvres types qui viennent nous enfumer avec leurs diésels polluants, qui habitent à perpète, qui consomment des tonnes de fuel/bois/électricité pour chauffer leur famille, et qui en plus ne sont pas défendus par les médias ... ceux-là, qu'est-ce qu'ils vont trinquer ... (Malheureusement, il n'y a aucune exagération dans mes propos !)
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