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Après une carrière de haut fonctionnaire puis de directeur des systèmes d'information de grandes entreprises pendant plus de seize ans -Sollac, Usinor, Renault- , Jean-Pierre Corniou a dirigé EDS Consulting...
Salon automobile de Genève : mais oú sont les voitures "vertes" ?
mardi 19 mars 2013
Le haut de gamme a tenu la vedette à Genève.La voiture électrique n'a plus le vent en poupe.
La tonalité générale du dernier salon automobile de Genève est restée orientée vers le haut de gamme et les fortes motorisations pour séduire plus volontiers un consommateur aisé, ou asiatique, qu'un client européen contraint.
L'automobile reste toujours, en dépit des crises, un objet de désir paradoxal. Les voitures de très haut de gamme, inaccessibles, et inutilisables dans leurs spécificités techniques extrêmes, déploient tous leurs chromes et leurs cuirs...
(...)
En revanche, il faut chercher les nouveautés sur le front de la voiture raisonnable, accessible économiquement et dont la trace environnementale est peu visible. Il y a incontestablement un retrait de la « voiture propre » en ce printemps 2013 comme si cet engouement fébrile destiné, depuis 2008, à sauver l'industrie automobile en danger, était retombé. Il n'y a plus d'espace consacré aux motorisations alternatives ni de piste d'essai de véhicules électriques, et les produits innovants se cherchent dans les stands.
Il y a plusieurs raisons à cette situation. Le monde de l'automobile est pragmatique. La mévente des voitures électriques sur le marché européen conduit les constructeurs à minimiser leurs investissements dans ce qui apparaît devoir rester longtemps un segment marginal malgré les immenses avantages du véhicule électrique. La déconfiture en Israël du modèle de location Better Place, malgré 2000 bornes et 21 stations d'échange de batteries, a aussi désenchanté le marché.
L'ensemble des voitures à motorisation alternative ne représente en 2012 en Europe que 2,5 % du marché. Et parmi celles-ci, 70% sont des hybrides.
D'autre part, alors qu'en 2008 les voitures « zéro émission » représentaient un espoir fédérateur, le marché aujourd'hui s'est consolidé et a opéré des choix. (...) Renault est le seul constructeur généraliste à continuer à valoriser le véhicule électrique aux côtés de ses motorisations thermiques optimisées et de l'utilisation de start & stop. Mitsubishi expose sa «Mitsubishi house» qui installe la voiture électrique comme réserve d'énergie connectée à un réseau électrique intelligent. VW présente sa e-Up ! électrique annoncée sur le marché pour 2014.
L'hybride gagne du terrain
Il faut aussi noter que si l'électrique donne le sentiment d'avoir perdu sa dynamique, les véhicules hybrides connaissent un succès réel. La plupart des constructeurs a désormais emboîté le pas au groupe Toyota et propose dans leur gamme des motorisations hybrides. L'hybride est donc clairement entré dans une phase de normalisation.
PSA développe sur ses modèles Citröen et Peugeot (DS5, 3008) son système Hybrid 4 qui a fait l'objet de 20000
commandes en 2012. Le groupe présente également sa recherche sur le système Hybrid Air, avec moteur pneumatique et gaz comprimé. Honda poursuit le développement de sa stratégie hybride avec une petite Jazz. Même Nissan s'engage dans cette voie, même si Renault pour l'instant ne s'y est pas engagé, alors que sa Leaf pure électrique ne faisait pas l'objet de la même mise en scène que lors des années précédentes. GM adapte à sa légendaire marque Cadillac sa chaine de traction électrique à prolongateur d'autonomie, développée pour la Volt, sur son coupé ELR.
L'hybride gagne du terrain chez tous les constructeurs mais l'opiniâtreté de Toyota est récompensée. Son stand illustre le savoir-faire de la marque dans ce domaine avec quatre véhicules de toutes tailles - Prius +, Prius, Auris, Yaris- désormais bien installés sur le marché, puisque Toyota et Lexus ont dépassé quatre millions de véhicules vendus depuis la première Prius confidentielle de 1997, dont 500 000 en Europe, soit 13% des ventes du groupe Toyota en Europe. Les hybrides plug-in, comme la Prius, tentent la synthèse entre électrique pur et hybride, à l'instar de la Volvo V-60 ou de la Chevrolet Volt.
Les motorisations à pile à combustible à hydrogène sont plus discrètes. La Hyundai ix 35 Fuel Cell se présente comme la première voiture de série à hydrogène, avant la Classe B F-Cell de Mercedes Benz alors que Honda expose une fois encore la même iconique Clarity. Toyota qui a pourtant de grandes ambitions en matière d'hydrogène ne reprend pas ce thème sur son stand comme cela avait été fait à Paris.
Pour relancer le marché, il est clair que l'évolution des motorisations vers des solutions moins gourmandes en carburant ne suffit pas. L'avantage en coût d'usage sauf pour les gros rouleurs ne justifie pas l'investissement. Aussi les constructeurs continuent à déployer de larges gammes pour couvrir tous les micro-segments de marché. On veut séduire en proposant des véhicules personnalisables, flatteurs, tellement personnalisables que la revente sur le marché de l'occasion risque de poser problème. Les mini-SUV de Renault, avec Captur, de Peugeot, avec 2008, Opel, avec sa Mokka sacrifient à cette tendance du multicolore.
Il faut aussi noter que plusieurs groupes misent sur l'internet embarqué pour séduire leurs clients mobiles et connectés. C'est le cas de Renault avec son très complet système R-Link et de Ford avec Sync. Enfin carrosseries et environnement intérieur se font plus flatteurs pour renforcer le caractère distinctif et redonner un plaisir esthétique aux conducteurs.
Une tentation de retour au bon vieux temps ?
Il faut aussi relever quelques symboles dans ce monde automobile qui en est très friand.
- Les constructeurs chinois sont les grands absents de ce salon. Geely, BYD ont disparu. Visiblement leurs ambitions européennes sont brisées par le marché.
- Les véhicules alternatifs qui avaient marqué les précédents salons ont quasiment disparu à l'exception d'un intéressant stand du département des Yvelines qui met en valeur sa contribution au renouveau de l'automobile en montrant des véhicules automatiques de transport et des véhicules de livraison électriques. (...)
- Au moment où les véhicules diesel font l'objet d'une vigoureuse mise en garde en matière de santé publique, on ne sent pas chez les constructeurs une prise de conscience du sérieux de cette situation.
(...)
Les espoirs mis un temps sur la volonté de l'industrie automobile de trouver des pistes nouvelles audacieuses pour s'affranchir de la contrainte pétrolière et mieux s'insérer dans l'espace urbain sont aujourd'hui déçus. Est-ce un renoncement provisoire face à la crise, ou au contraire la tentation du retour au bon vieux temps de la croissance alimentée par les marchés émergents ?
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3 commentaire(s)
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Commentaire par carlino
lundi 25 mars 2013 12:38
l'hybride est intelligent c'est pour ça qu'il se développe ...mais les 100 % électriques, ils sont alimentées par quoi en fait : du nucléaire sans co2 c'est vrai mais avec un risque , par les centrales à charbon et gaz et ou par ces monstrueuses éoliennes qui nous pourrissent la vie ...alors les voitures vertes ont aucun avenir naturel en tous les cas ...nous sommes en plein dans la déraison et le gaspillage !
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Commentaire par Jean-Pierre Corniou
lundi 25 mars 2013 16:38
Arracher à la terre l'énergie fossile qu'elle contient pour l'évacuer dans l'atmosphère sous forme de CO2 n'est clairement pas la bonne solution à long terme...Comme le besoin de mobilité est un moteur de civilisation, il faut et il faudra trouver des solutions pour consommer moins et se déplacer mieux. Voitures beaucoup plus légères, aérodynamiques, hybrides/éléctrique (VW a présenét ce prootype à Genève qui tombe au-dessous du litre de consommation de carburant), mais aussi transports collectifs et... internet. Il faudra combiner ces moyens pour exploiter au mieux les ressources disponibles, limitées, et accroître la satisfaction... Pas facile, mais un beau projet de civilisation !
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Commentaire par thuilllier-charmet
samedi 24 août 2013 14:05
les régles de la concurrence ne sont claires et pas assez fermes !
Y a t'il des loi anti-trust pour que les marchés émergeant puissent réellement exister ? Afin que tous ces "hackers de vie" que sont le marché automobile actuel laisse la place et ne bloque pas "les petits chinois" avec leur voitures électriques ....
De part mon experience personnel il est trés difficiles actuellement d'acheter un voiture éléctrique (comme chez RENAULT )!
il y a de toutes évidence une préférence pour ne rien changer et trouver un tas de bonnes raisons pour changer une startégie établie depuis longtemps par la création du marché de la voiture électrique . En effet je me souviens du marché de l'auto en 1998 de Lyon ou ils nous promettaient les premiers prototype de voitures éléctriques dans 10 ans alors qu'en réalité aprés plus 15 ans ou sont leur belles promesses d'évolution ?
est ce vraiment sérieux ces démocraties d'intérêt qui nous font vivre d'espoir sans aucun "cahier des charges/contrat" régulier auprés des législateurs avec un time table programmé pour prévoir et gérer !
mr thuillier-charmet
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