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Après une carrière de haut fonctionnaire puis de directeur des systèmes d'information de grandes entreprises pendant plus de seize ans -Sollac, Usinor, Renault- , Jean-Pierre Corniou a dirigé EDS Consulting...
Voitures électriques : le défi de Tesla
mardi 17 juin 2014
Les constructeurs automobiles "alternatifs" ( Bolloré , BYD, Tesla) sont plus audacieux que leurs concurrents traditionnels dans la maîtrise des batteries, qui sont au coeur de la révolution de la voiture électrique.
Les batteries sont le coeur du véhicule électrique. Leur avenir dépendra de la capacité du marché à se développer. Or ce marché ne remplit pas jusqu'alors les immenses promesses que les constructeurs automobiles avaient cru y détecter pour sortir de la crise qui les a frappés de plein fouet en 2008. Il ne s'est vendu en 2013 dans le monde que 110000 véhicules électriques, et 93000 hybrides plug-ins, c'est à dire suffisamment autonomes pour rouler en mode électrique sur quelques dizaines de kilomètres, sur un marché total de 83 millions de véhicules.
Ce qui interpelle dans cette marche hésitante de l'industrie automobile vers l'indispensable relève du pétrole, c'est que les constructeurs établis ne s'y sont pas montrés jusqu'alors les plus imaginatifs et les plus pugnaces.
Certes Renault Nissan a pris de fortes positions dès 2008 avec une vraie gamme des produits électrifiés, mais leur adhérence avec les gènes et codes de l'automobile limite encore l'attractivité de ces modèles, trop proches des voitures thermiques dans leur conception, et trop limités par leur autonomie actuelle pour bousculer un marché qui ne voit pas suffisamment de différence pour sauter le pas. Mais Nissan Leaf et Renault Zoe ont représenté en 2013 la moitié du marché mondial des véhicules électriques et un quart du marché des véhicules électrifiés. 2014 devrait marquer une nouvelle étape dans la marche en avant de ce marché avec la multiplication des modèles, les constructeurs comme GM, Ford, BMW et Volkswagen ayant désormais décidé de s'y impliquer aux côtés de Toyota leader incontesté de l'hybride .
Toutefois, aux côtés de ces constructeurs plutôt très prudents jusqu'alors, les acteurs qui ont réussi à apporter au marché de la voiture électrique une intensité nouvelle ne viennent pas du monde automobile et chacun avec leurs talents propres proposent des solutions alternatives qui séduisent. Bolloré et BYD sont partis de la maîtrise des batteries et Tesla d'une feuille blanche nourrie par la capacité d'entrepreneur visionnaire d'Elon Musk.
5 milliards $ pour 500.000 batteries par an
La décision de Musk d'investir massivement dans l'industrie des batteries n'est pas surprenante pour ceux qui observent l'exceptionnelle montée en puissance de cet ingénieur qui après avoir inventé PayPal s'est attaqué avec succès à l'automobile avec Tesla Motors, à l'énergie solaire avec SolarCity et au transport spatial avec SpaceX.
Ce projet date de fin 2013 et a été confirmé en février 2014 grâce aux résultats positifs de Tesla. Il frappe évidemment par son ampleur qui paraît injustifiée par rapport aux perspectives visibles du marché : 5 milliards $ d'investissements, 6500 collaborateurs, un million de m2 et une production visée de 500 000 batteries par an pour un constructeur qui malgré son succès ne produit que quelques dizaines de milliers de voitures par an. Mais le credo managérial d'Elon Musk est de ne pas tenir compte du passé pour se lancer dans les projets d'avenir.
Les batteries représentent une part majeure du coût d'un véhicule électrique et leur principale faiblesse. Si une voiture électrique est plus simple à concevoir et à construire qu'une voiture thermique classique, elle embarque plusieurs centaines de kilos de batteries pour un prix qui représente la moitié d'un véhicule standard. L'enjeu de la maîtrise des batteries est donc considérable pour un constructeur de voitures électriques. Il faut à la fois produire en série des batteries puissantes et fiables mais aussi faire baisser le coût de production pour étendre le marché.
L'objectif de Musk est de baisser le coût de production de 30% pour une batterie de 60 kWh, soit moins de 10000 $. Si les constructeurs classiques se sont tournés vers les fournisseurs de batteries, comme Panasonic ou NEC pour développer leurs véhicules, Bolloré comme Byd sont partis de leur maîtrise des batteries pour concevoir un véhicule. Tesla qui ne produit pas ses batteries achetées à Panasonic en a considérablement modifié l'électronique pour en améliorer les performances et est le seul constructeur à proposer une autonomie de plus de 500 km.
Lire la suite sur le blog de Jean-Pierre Corniou
(Illustration : la Tesla S)
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10 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé
mardi 17 juin 2014 13:39
Je pense que l'hydrogène a plus d'avenir que les accumulateurs. Ou en sont les recherches dans ce domaine? Le CEA a peut-être des idées?
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Commentaire par papijo
mardi 17 juin 2014 14:27
@Gépé - Où en sont les recherches ? Réponse du VBI (Syndicat de l'industrie chimique allemande), regroupant à la fois les solutions hydrogène et accumulateurs: Cliquer ici.
En bref, leur réponse est : "En ce qui concerne l'utilisation dans des conditions économiques supportables du stockage d'énergie ou en tant que matière première (ndt: utilisation de l'hydrogène en chimie par exemple), il faut envisager une solution à long terme ..." -
Si le VDI, éventuel grand bénéficiaire des juteuses subventions destinées au stockage d'énergie dit ça, c'est que l'espoir est bien mince ! (NB: en solution à court terme, ils voient par exemple le stockage de chaleur - exemple: chauffe-eau à accumulation).
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Commentaire par Pour Gépé
mardi 17 juin 2014 22:24
L'aluminium n'aura qu'un avenir limité. Voir l'article suivant:
http://roulezelectrique.com/le-prolongateur-dautonomie-aluminium-air-de-phinergy-alcoa-synthese-et-conclusions/
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Commentaire par un physicien
mercredi 18 juin 2014 11:17
Dix mille dollars pour stocker l'équivalent de 6 litres d'essence ...
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Commentaire par Jean-Pierre Corniou
mercredi 18 juin 2014 11:31
Le pétrole s'est imposé par ses mérites immenses : abondance, coûts d'extraction et de distribution faibles, capacité énergétique sous un faible volume. Aujourd'hui il est clair qu'on ne fait pas mieux ! Mais il faut chercher pour trouver des solutions alternatives fiables pour faire face aux conséquences négatives de la multiplication des véhicules à pétrole. Ceci s'avère compliqué, lent y et pour le moment insatisfaisant. Une des solutions est bien de réduire l'usage de la voiture individuelle qui dans tous les cas mobilise au moins 1500 kg de matière pour en transporter 80 !
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Commentaire par un physicien
mercredi 18 juin 2014 16:43
Il serait intéressant d'estimer l'économie de carburant réalisée en remplaçant toutes les voitures au moteur surdimensionné par des modèles qui rendent le service de mobilité sans flatter l'ego du propriétaire. Pouvez-vous faire le calcul, M. Corniou ?
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Commentaire par Jean-Pierre Corniou
mercredi 18 juin 2014 19:07
A physicien...
Excellente question ! Sur un parc français de 31,5 millions de voitures particulières, qui roulent peu, (8000 km pour une essence, 12000 pour un diesel) la différence globale de consommation des "gros véhicules" par rapport aux petites et moyennes voitures est vraiment un facteur marginal. Nous avons en effet le parc automobile le plus modeste, donc le plus vertueux, d'Europe, avec l'Italie ! Nous sommes des adeptes des petites voitures qui consomment peu : 85% des voitures vendues en France émettent moins de 140 g de CO2 /km, et les petites françaises sont très performantes... Par contre 98% des voitures qui émettent plus de 200 g C02/km sont étrangères... Mais peu nombreuses ! On peut taxer, ce qui est fait, ces véhicules, le malus payant le bonus, mais comme se vendent de moins ne moins de voitures gourmandes ce système atteint son objectif mais devient déficitaire.
En fait ce sont toutes les voitures anciennes qu'il faudrait supprimer pour les remplacer par des véhicules récents qui consomment en moyenne 30% de moins et émettent beaucoup moins de particules et de NOx.
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[8]
Commentaire par un physicien
vendredi 20 juin 2014 10:05
Merci
Je pense néanmoins qu'une Mégane, par exemple, n'a pas vraiment besoin de 115 ch et qu'un moteur de 90 ch de même technologie amènerait un baisse de la consommation réelle. Même 10% seraient bons à prendre. Et puis si nos voisins diminuaient leurs émissions correspondantes d'une valeur supérieure, cela ne ferait pas de mal.
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Commentaire par Jean-Pierre Corniou
vendredi 20 juin 2014 10:27
A physicien
je suis parfaitement d'accord avec vous... Les motorisations puissantes n'ont aucun intérêt tant sur nos réseaux interurbains que dans les usages de déplacement pendulaires en ville. C'est un archaïsme cultivé par quelques constructeurs et quelques lobbies routiers qui militent contre la réduction de vitesse. Les voitures individuelles doivent être légères, pratiques, sûres et peu gourmandes en énergie et en matières premières. Le lancement d'un championnat de F1 électriques devrait montrer qu'on peut même imaginer un sport automobile, que je ne souhaite pas voir disparaître, avec des voitures électriques, comme d'ailleurs le trophée Andros.
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Commentaire par SolarHome
samedi 21 juin 2014 14:18
Si il y a 10 ans je n'aurais pas parié sur les VE désormais c'est diffèrent, en grande partie grâce à la persévérance d'Elon Musk qui bouscule toutes les idées reçues. Dès l'année prochaine pratiquement tous les grands constructeurs auront une offre de VE crédible et le prix des batteries va continuer à baisser. Pour la recharge propre, le prix de l'énergie solaire baisse aussi donc le transport 100% propre (recharge + véhicule) pourrait connaitre un développement beaucoup plus rapide qu'on ne le pense. Ca dépendra aussi du "signal prix" sur le pétrole/CO2 qui devrait, logiquement, augmenter. Du côté des bus ça avance aussi, BYD a des milliers de commande en cours en Chine. Et Il y a d'autres innovations: en Suisse le bus TOSA qui se recharge à chaque arret me semble avoir beaucoup de potentiel http://www.enerzine.com/1036/17411+le-bus-tosa-biberonne-son-electricite-a-moindre-cout+.html
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