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Après une carrière de haut fonctionnaire puis de directeur des systèmes d'information de grandes entreprises pendant plus de seize ans -Sollac, Usinor, Renault- , Jean-Pierre Corniou a dirigé EDS Consulting...
Motorisations alternatives : où en est l'industrie française ?
jeudi 07 mai 2015
PSA se recentre sur l'hybride à essence, Renault-Nissan croit toujours en l'avenir de l'électrique : la France est bien placée sur les marchés des motorisations alternatives, même si l'offre se cherche toujours face à une demande hésitante.
Après 130 ans d'adhésion sans partage au moteur thermique, l'industrie automobile s'est mise à explorer fébrilement depuis 2009, face aux menaces pressantes sur l'énergie et l'environnement, toutes les voies imaginables en renouant avec les sources historiques de l'automobile. Alors que chacun se réjouit de la subite division par deux du prix du pétrole, qui écarte au moins temporairement les menaces, que reste-t-il de cet activisme six ans plus tard dans les propositions de l'industrie française de véhicules alternatifs ?
PSA se recentre sur l'hybride à essence
Les faits sont décidément têtus. A l'aube du XXe siècle, trois types de motorisations s'affrontaient encore : la vapeur, en déclin, l'essence, en plein essor, et l'électricité, qui suscitait déjà beaucoup d'espoir. L'air comprimé a été également expérimenté, mais sera vite abandonné faute d'autonomie pour le volume embarqué et en raison d'un rendement médiocre. Toutefois c'est une idée qui persiste et a été reprise en France par un inventeur tenace, Guy Négre, qui tente d'industrialiser ses véhicules à air comprimé, et en Inde par Tata.
Cette idée a trouvé une nouvelle crédibilité avec le projet PSA. PSA avait annoncé tenir une solution avec l'annonce de son véhicule hybride/air, financé notamment dans le cadre du programme gouvernemental de recherche sur la voiture à très faible consommation « 2 litres aux 100 ». Sans être vraiment ni nouvelle ni révolutionnaire, cette solution, développée avec Bosch, présentait l'intérêt d'être hybride c'est-à-dire de n'utiliser la solution pneumatique que sur de courtes distances, en ville notamment, et de recourir pour les autres situations à un petit moteur essence. PSA avait aussi misé sur une autre solution atypique, l'hybride diesel, avec des véhicules aboutis, DS5, 508, 3008, qui ont en 2013 représenté un succès réel sur le marché.
Las, dans la remise à plat de son portefeuille, ces deux solutions n'ont pas survécu au réalisme de Carlos Tavares, face à l'incapacité de trouver un partenaire pour développer et commercialiser cette nouvelle technologie. Le partenariat avec Mitsubishi sur le véhicule électrique s'est également achevé. PSA se tourne vers l'hybride rechargeable essence, solution qui semble aujourd'hui cumuler les avantages. En effet le marché des hybrides en France a reculé de 8,5% en 2014 pour s'établir à 42 000 immatriculations en raison de la forte baisse des ventes des hybrides diesel du groupe PSA qui ont chuté de 32%.
Renault-Nissan croit toujours en l'avenir de l'électrique
Pour avoir moins souffert de la crise que son concurrent historique, Renault qui avait mise sur la voiture électrique dès continue dans cette voie, soutenu par son partenaire Nissan. Si beaucoup d'annonces n'ont pas été suivies d'effet, notamment la création à Flins d'une usine de batteries, Renault est le seul constructeur français à offrir une gamme de voitures, recentrée sur deux modèles de voitures, Zoe et Kangoo, et sur un quadricycle Twizy. La berline Fluence a été victime de l'échec de l'ambitieux plan de Better Place de développer un service de voitures électriques en location. Ce plan a connu un début de déploiement en Israël et au Danemark, mais Better Place, confronté à un problème de liquidités, a fait faillite en mai 2013 après avoir consommé 850 millions $.
Avec persistance, l'Alliance Renault Nissan croit en l'avenir de l'électrique et est devenue, dans un marché mondial encore marginal s'il n'est plus confidentiel, le premier constructeur mondial de véhicules électriques. Si les volumes demeurent faibles, leur progression est encourageante. La France est un territoire où l'idée électrique a un succès certain.
Notons que le paradis de la voiture électrique est en 2014 la Norvège où 65200 voitures électriques sont été immatriculées, soit 12,5 % du marché et 31% des ventes de voitures électriques en Europe. La Norvège qui aide massivement l'achat de véhicule électrique avec une exonération de taxes et des aides à l'usage nous dépasse en volume. Cette situation qui résulte d'une fiscalité exceptionnelle, dans un pays riche... de son pétrole, pourrait subitement changer si le gouvernement décide de changer ce régime.
La France en bonne position sur l'électrique
Le marché français, premier de l'UE, était de 10560 véhicules particuliers dont 56 % de Renault Zoe 15% de Nissan Leaf et 4485 véhicules utilitaires en 2014, dont 59% de Kangoo ZE. Twizy s'est vendu à plus de 15000 exemplaires depuis son lancement. Les premiers chiffres de 2015 amplifient ces tendances. Le premier trimestre cumule 2877 ventes dont 54% de Zoe et 21% de Leaf. L'onéreuse Tesla S atteint 4,2% de part de marché contre 3,1% sur l'année 2014. Rappelons qu'en 2010 il ne s'était vendu que 184 voitures électriques.
La voiture électrique la plus vendue au monde et aux Etats-Unis est la Nissan Leaf produite entre 2010 et fin 2014 à 158000 exemplaires. Le marché existe donc et l'existence d'un parc visible a un effet d'entrainement sur la demande. Notons que ni Renault, ni Nissan ne proposent de voitures hybrides pour l'instant.
Avec des ventes cumulées en 2014 de 290 000 véhicules les Etats-Unis sont le pays où circulent le plus de véhicules à motorisations alternatives. La Chine vient plus loin avec 113 000 voitures devant le Japon, 104 000. C'est la Californie où règne Tesla et les hybrides, menées par Toyota, Ford et GM qui a stimulé avec sa réglementation restrictive cet essor du marché.
Lire la suite de l'analyse sur le blog de Jean-Pierre Corniou
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