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Après une carrière de haut fonctionnaire puis de directeur des systèmes d'information de grandes entreprises pendant plus de seize ans -Sollac, Usinor, Renault- , Jean-Pierre Corniou a dirigé EDS Consulting...

Obama et la pollution automobile : peut mieux faire !


lundi 06 juillet 2009

156g de CO2 au km : l'objectif américain pour 2016 est le même que celui atteint par l'Europe ... en 2008


Jean-Pierre Corniou est Directeur Général Adjoint de Sia Conseil et ancien membre du Comité de Direction de Renault

Pour le conducteur américain du Midwest déjà ébranlé par la hausse du coût de l’essence en 2008, l’annonce spectaculaire, le 19 mai, des nouvelles normes de consommation et d’émission de CO2 en 2016 par le président Obama apparaît sans aucun doute comme la preuve supplémentaire que son pays s’enfonce inexorablement dans un brutal socialisme à l’européenne. N’a-t-il  pas entendu pendant les huit années de mandat du président Bush que « rien ne changerait jamais dans le mode de vie américain » et que le droit inaliénable à se rendre au supermarché du quartier en 4×4 V8, en laissant le moteur allumé pour maintenir l’habitacle à 18° l’été, serait à jamais garanti ?

Des objectifs modestes comparés aux engagements européens

Or, si ces mesures sont effectivement les plus draconiennes prises par un gouvernement fédéral américain, elles ne représentent même pas une étape majeure dans le chemin que l’industrie américaine de l’automobile devrait parcourir pour se mettre au niveau européen. Force est donc de relativiser le courage d’un président qui dispose, face à une industrie automobile américaine depuis toujours rétive aux contraintes environnementales mais aujourd’hui à l’agonie, d’une arme absolue, l’imposant financement par le contribuable.

Pour bien mesurer la modicité de l’effort américain, il faut comparer ces objectifs avec les normes approuvées le 1er décembre 2008 par la Commission et le Parlement européens. Le plan du président Obama vise à ramener en 2016 la consommation moyenne des véhicules (actuellement un gallon pour 25 miles pour les modèles 2009) à un gallon pour 35,5 miles, soit 6,7 l/100 et à baisser les émissions de CO2 de 30%, soit 156 g de CO2 au kilomètre. Or ce chiffre, déjà insuffisant pour le premier consommateur de pétrole de la planète, a été dépassé en Europe… en 2008, soit huit ans plus tôt, par les constructeurs européens dont la performance globale est de 153,7 g de CO2/km.

Parallèlement, l’objectif moyen d’émission a été fixé en Europe pour 2015 à 130 g/km, la France devant atteindre 126 g/km, l’Italie 122 g/km et l’Allemagne 132 g/km. De plus, l’accord européen prévoit de sévères pénalités évolutives en cas de dépassement des objectifs, ce qui n’est pas envisagé aux Etats-Unis. Un gramme de dépassement coûtera cinq euros, quinze euros pour 2 grammes, vingt-cinq pour 3 grammes et 95 euros par véhicule au-delà de 3 grammes. Plus encore, l’Europe a fixé un cap beaucoup plus ambitieux pour 2020 en limitant les émissions moyennes visées à 95 g/km.

Une opportunité pour les constructeurs du vieux continent ?

Pourtant, le plan Obama soulève déjà beaucoup d’émoi dans l’opinion et parmi les républicains qui ne manqueront pas d’user de tous les moyens pour le contrecarrer. Car les constructeurs américains auront fort à faire pour convertir leurs gammes et leurs usines à cette contrainte. Les constructeurs japonais implantés aux Etats-Unis n’y échappent pas non plus car si la Prius de Toyota est fort prisée par l’élite de la côte Ouest, elle est fabriquée au Japon et constitue l’arbre écologique de Toyota cachant une forêt de trucks et 4×4 aussi gloutons que leurs homologues de GM ou Ford.

C’est une opportunité pour les constructeurs européens généralistes, non présents actuellement aux Etats-Unis comme Fiat, Renault et PSA mais reconnus pour leur performance dans les modèles à faible impact énergétique. Ainsi en 2008 sur le marché européen, Fiat a émis sur la moyenne de sa gamme 133,7 g de CO2/km, Peugeot 138,1 et Renault 142,7. Il s’agit également d’une raison supplémentaire pour les européens de développer les modes de propulsion alternative, électrique ou hybride, dans le but d’amplifier leur suprématie mondiale en matière de rejet de CO2.

1 commentaire(s)
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Commentaire par Forex
jeudi 06 août 2009 17:43
Avec l'augmentation du prix du petrole ce n'est pas demain qu'on se passera de la voiture.
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