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Après une carrière de haut fonctionnaire puis de directeur des systèmes d'information de grandes entreprises pendant plus de seize ans -Sollac, Usinor, Renault- , Jean-Pierre Corniou a dirigé EDS Consulting...

Mondial 2010 : la voiture électrique enfin à l’épreuve du marché


mardi 21 septembre 2010

On en parlait beaucoup depuis le début de la crise automobile, on ne la voyait que dans les salons et jamais dans la rue. La voiture électrique, cette arlésienne, va-t-elle réussir son entrée officielle sur le marché à l'occasion du Mondial de l'auto de Paris?


Dans une schématisation coutumière  aux phénomènes de mode, la voiture électrique est présentée comme une alternative innovante à la voiture classique à moteur à explosion, parée de presque toutes les  vertus.

Ecologique, sans rejet, nerveuse mais silencieuse, parfaitement adaptée au milieu urbain, elle apporte de multiples solutions aux problèmes lancinants de cohabitation entre des villes européennes ou asiatiques mal adaptées à l'intensification de la circulation.

Elle offre une solution technique moderne et séduisante qui se prête notamment à l'auto-partage et au libre service. Elle  peut convaincre  les jeunes générations qui se détournent de la voiture classique.  C'est pourquoi la voiture électrique a séduit en premier lieu les autorités publiques, étatiques comme urbaines, qui ont décidé d'en financer largement la production et d'en faciliter l'usage.

L'heure de vérité : le marché

Mais ses vertus  encore théoriques vont devoir désormais se confronter à la réalité du marché. On va enfin savoir qui va acheter une voiture électrique face à l'abondance de l'offre conventionnelle, en pleine cure de modernisation... électrique ?  De plus, l'accalmie observée sur le prix du pétrole, même si elle n'est que temporaire,  comme la prise de conscience des conditions réelles de production de l'énergie électrique nécessaire aux voitures tempèrent l'enthousiasme des promoteurs exclusifs de la voiture électrique.

Le Mondial de Paris sera l'occasion de montrer des véhicules véritablement destinés  au marché grand public. La première voiture électrique française disponible sur le marché dès octobre sera... japonaise. En effet le groupe PSA a volé la vedette à son rival Renault en adaptant le modèle de son partenaire Mitsubishi, la iMiev vendue sous le nom de Citroën C-Zéro (image ci-dessous), puis Peugeot Ion.
 


Là où les deux groupes différent, c'est la stratégie commerciale. Alors que Renault a toujours déclaré vouloir offrir une voiture électrique au prix d'une voiture classique, Citroën positionne sa petite berline à un niveau de prix élevé (30000 € après bonus de 5000 €)  pour une centaine de kilomètres d'autonomie et les ambitions de volume de ventes restent confidentielles.









L'Alliance Renault Nissan, qui a fait du véhicule électrique son ambition majeure, présente la Nissan Leaf (image ci-dessous) qui sera proposée au marché européen à 28000 €. N'apparaitront la Kangoo et la Fluence électriques que fin 2011 et la Zoé, destinée à être un véhicule de masse, courant 2012. La Bolloré Pinifarina, que l'on voit depuis 2008,  comme la Lumeneo, devront enfin montrer qu'elles peuvent sortir des salons pour la rue.


















Une concurrence : les hybrides et les véhicules classiques adaptés

 
Derrière les véhicules électriques purs,  qui doivent faire la démonstration de leur pertinence de leur rapport qualité/prix, le marché est en train de réussir sans tapage l'électrification de tous les véhicules classiques.
On se trouve face à une palette de solutions qui ne font du véhicule  tout électrique qu'un cas particulier.

En premier lieu, la généralisation du système stop & start qui coupe le moteur à explosion quand il n'est pas utile, dans les embouteillages ou au feu rouge, concourt à une réduction de consommation en ville de l'ordre de 10%. 

Par ailleurs, toutes les gammes présentent des moteurs thermiques optimisés, bénéficiant d'une réduction de taille, de puissance et de cylindrée, entraînant une baisse significative de la consommation tout en conservant des performances attractives et l'autonomie propre aux véhicules à pétrole. Le plancher des 100 g/CO2 par km est maintenant dépassé par plusieurs véhicules.
 
De plus chaque constructeur décline son interprétation du véhicule hybride, soit pour réduire les consommations, soit pour accroître les performances. Les pionniers que sont Toyota et Honda généralisent leur solution sur l'ensemble de leur gamme.  Mais là où l'hybride classique est une voiture thermique bénéficiant de l'appoint d'un moteur électrique complémentaire, on voit apparaître avec l'Opel Ampera, cousine de la Chevrolet Volt, une autre solution. Il s'agit d'une voiture  électrique raccordée au réseau pouvant augmenter son autonomie grâce à un moteur thermique agissant comme générateur auxiliaire. Elle sera vendue en Europe fin 2011 au-delà de 35000 €.

Conservatisme éclairé ou rupture ?

Le consommateur au moment du choix de plus en plus difficile devra opter entre le conservatisme modernisé, rassurant et déculpabilisant des formes variées d'hybridation, et l'audace de la rupture, Le « tout-électrique » pourra être perçu comme une incursion dans un monde méconnu, marqué par la crainte d'une autonomie trop faible, même s'il est admis rationnellement qu'en dehors des vacances les déplacements quotidiens entrent sans difficulté dans le rayon d'action actuel de la voiture électrique.

Outre le plaisir d'être un adopteur précoce, ce sont surtout des considérations de coût qui feront la différence. La voiture électrique a des atouts évidents en fonctionnement quotidien, mais doit faire financer le surcoût actuel des batteries. L'aide publique peut y pourvoir pour un temps, mais il est évident que l'innovation technique devra être sollicitée dans les prochaines années pour offrir à un prix compétitif sans aide une autonomie rassurante, ou des moyens efficaces de la garantir, pour ceux qui attendent de leur automobile unique des services multiples.

Le blog de Jean-Pierre Corniou
2 commentaire(s)
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Commentaire par iNNOVONS GROUPE
mardi 21 septembre 2010 15:51
AG2050 est le CONCEPT GLOBAL de Mobilité Electrique lancé en 1999 et développé par iNNOVONS GROUPE. RENAULT est le plus en phase avec AG2050 et s'est manifesté. Tous les constructeurs de PVE ZE sont sur la route de AG2050. Cet article est bien rédigé et c'est le bon Costume de Scène pour le Véhicule Electrique qui va bientôt recevoir ses Oscars!... Ou son César. La Voiture Electrique, Vedette du Prix Concours. Sans être le fossoyeur de la Voiture Classique Thermique, iNNOVONS GROUPE démontre qu'il y a place pour tous, pourvu que l'on s'accorde à aller dans le même sens. La PVE ZE c'est un peu comme le mobile en communication. Elle a ses limites, son champ d'action. Petits déplacements quotidiens pour le commun des mortels, Voiture d'Elite pour les autres. Alors c'est bien une Révolution qui nous attend, mais personne n'y prend garde, il y a quelques principes à intégrer si dans 10 ans ou en 2050 on veut encore être compté parmi les constructeurs automobiles. Tout va aller très vite, comme pour les mobiles, le prix sera divisé par 10 en 10 ans. Patrick GEFFRAULT, Consultant. AG2050 Via Google. AG2050 BATTERiE AMOViBLE, iNTERSECTiONS, STATiONNEMENT EN ETAGE, TRAiN ET LOGiSTiQUE AG2050.
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Commentaire par pape83
mercredi 22 septembre 2010 09:53
la voiture électrique existe depuis la fin du 19°siècle. Les constructeurs ne font pas de réels efforts pour la proposer au grand public. D'un autre côté la voitureà air comprimé existe et devrait être commercialisée courant 2011. Pas chère, pas de consommation et pas de CO2.... Le constructeur est basé dans le 06, monsieur ESTROSI ministre et maire de Nice ne parait pas séduit par le projet...Comme quoi tout est affaire de taxes favorables au budget de l'état,tout le reste est du décors.

[Réponse de l'auteur]
L'industrie automobile n'a cessé pendant ses 120 années d'existence de progresser et d'innover en matière de fiabilité, de confort, de sécurité et bien évidemment de performances environnementales. Si le couple pétrole et moteur à explosion a été pendant cette période la voie royale, ces solutions se sont imposées par leurs performances intrinséques jamais encore égalées par aucune autre technologie. La thèse du "complot" des compagnies pétrolières ne tient pas. Il y a eu des recherches multiples d'inventeurs, relayées par les départements de recherche et développement des constructeurs. Chaque fois le bilan énergétique s'est révélé défavorable. Il faut bien produire le gaz comprimé avec de l'energie ... Aujourd'hui, de multiples solutions éclosent, c'est une période passionnante pour l'automobile, mais une fois encore les considérations économiques seront à l'origine des arbitrages des clients et donc de l'offre.
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