Par Sia Partners
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La voiture à hydrogène pourrait menacer la voiture électrique
Par Sia Partners
mardi 21 octobre 2014
Le mythe de la voiture propre ne rejetant que de l'eau ne date pas d'hier - la technologie a connu ses débuts avec les premiers moteurs au gaz de houille du XIXème siècle - mais l'arrivée des véhicules à hydrogène dans le paysage urbain semble plus proche que jamais.
Initié en 2003, le marché mondial des véhicules électriques représentait 10 ans plus tard une flotte de 380 000 véhicules, particuliers et utilitaires confondus. Malgré une belle volonté de développement, la France n'a écoulé en 2013 que 8 779 véhicules électriques, soit 0,49% de part de marché des véhicules particuliers, dont 658 Bluecar, principalement dans le cadre du programme Autolib' à Paris.
Au-delà du coût à l'achat souvent supérieur à celui d'une voiture à essence de taille comparable, les réels freins au développement commercial sont d'ordre technique. En effet, l'autonomie des véhicules dépasse difficilement les 100 à 200 km et le temps de recharge de la batterie peut atteindre plusieurs heures. Les constructeurs automobiles ayant fait le choix de l'hydrogène comptent donc s'appuyer sur les points faibles du véhicule tout-électrique pour mettre en avant les atouts de leur technologie.
Pourquoi l'hydrogène (re)vient sur le devant de la scène
Le dihydrogène (H2), communément appelé « hydrogène », est la molécule la plus énergétique : 120 MJ/ kg, soit 2,2 fois le gaz naturel. Ni polluant, ni toxique, sa combustion dans l'air ne génère que de l'eau. Les process chimiques permettant sa production sont variés puisqu'il peut s'obtenir à partir des énergies fossiles, nucléaires ou renouvelables. Outre les difficultés techniques liées à son stockage et sa distribution, le principal frein au développement de la filière reste d'ordre économique. Cependant, les avancées scientifiques permettent aujourd'hui de le produire par vaporeformage (95% de la production mondiale) pour un coût attractif de l'ordre de 2€/kg en sortie d'une unité de production industrielle et de 6€/kg pour une production décentralisée plus proche du consommateur. Ces coûts sont donc désormais compétitifs par rapport à un véhicule à essence, un kilogramme d'hydrogène permettant de parcourir environ 100 kilomètres avec un véhicule de tourisme.Une commercialisation annoncée
Depuis les années 90 et la présentation d'un concept de moteur à hydrogène par Mazda, les constructeurs automobiles d'une part et les grands leaders mondiaux des secteurs énergétiques et chimiques (Air Liquide, Total, Linde et Air Products) d'autre part, multiplient les projets pilotes afin d'étudier le véhicule à hydrogène sous différents angles.(...)
Le 25 juin dernier, Toyota a annoncé la commercialisation au Japon de sa première berline alimentée en hydrogène d'ici avril 2015. Avec un prix avoisinant les 7 millions de yen HT (environ 50 000 €), ce véhicule qui doit avoir une autonomie de plus de 700 km et un temps de remplissage des deux réservoirs d'environ 3 minutes, pourrait déjà convaincre certains consommateurs.
D'autres grands constructeurs tels Daimler et Opel en Allemagne, Général Motors et Ford aux États-Unis ou encore Hyundai et Kia en Corée devraient également entrer dans la course d'ici 2015-2017, tandis que Volkswagen ou Nissan semblent quant à eux attendre le décollage du marché prévu vers 2020.
Le problème des stations de recharge
A l'inverse des voitures électriques qui, pour certaines, peuvent être rechargées sans équipement particulier, la massification des voitures à hydrogène ne peut être spontanée et nécessite donc le déploiement préalable d'une infrastructure dédiée. Or, à l'heure actuelle, on compte moins de 200 stations de recharge à hydrogène à travers le monde. Les principaux freins à leur construction sont d'ordre réglementaire et financier : le coût unitaire peut dépasser le million d'euros, en fonction de la capacité de distribution. Plusieurs projets de roadmap pour le déploiement d'infrastructures de recharge sont actuellement en cours en Europe
Avec 26 stations actives en 2014, l'Allemagne se positionne en précurseur européen du futur marché des véhicules à hydrogène et rejoint ainsi le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis tournés également vers cette énergie. (...)
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[Réponse de l'auteur]
Pour apporter des éléments de réponse à vos commentaires, il est fait référence, ici, à la réaction explosive du di-hydrogène : 2H2 + O2 = 2 H2O + Q (Q : quantité d'énergie libérée), uniquement de l'eau est donc bien rejetée dans l'atmosphère. Cependant, comme vous le signalez, dans le cadre de la mise en application dans le secteur l'automobile, des réglages sont effectivement nécessaires pour limiter les rejets d'oxyde d'azote (NOx) dus à l'oxydation de l'azote atmosphérique. En ce qui concerne la filière de production d'hydrogène, le vaporéformage reste une industrie polluante (environ 10 tonnes de CO2 produites pour 1 tonne d'H2). Cependant, des solutions innovantes de production, notamment par hydrolyse de l'eau, dite "décarbonnées" voient le jour et permettent d'être optimiste quant à l'amélioration du bilan carbone global de la filière. Concernant l'émission des particules liées à l'usure des "consommables" d'un véhicule, cela reste inhérent au type de transport utilisé et non au mode de propulsion. La voiture 100% neutre pour l'environnement n'existera (malheureusement) jamais !