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 - Ingénieur et démographe

Auteur
Ingénieur des mines, démographe, Dominique Bidou a été directeur de la Qualité de la Vie au Ministère de l'environnement. Il est président d'honneur de l'Association HQE (Haute qualité environnementale)...

La propriété, c'est le vol !


mardi 07 avril 2009

Cette affirmation bien connue de Proudhon est provocatrice. Mais peut-être pourrait-on nuancer et dire que la propriété n'est pas toujours le top en matière écologique !


La propriété, c'est le vol ! Je ne sais pas, mais c'est sans doute, dans certains cas, loin de l'optimum écologique. Qu'est-ce qui importe, être propriétaire d'un bien, ou pouvoir s'en servir librement ? C'est sans doute justement pour pouvoir maîtriser l'usage que la tendance à la possession s'est développée. La réponse à la peur de manquer, à l'angoisse de ne pas trouver la réponse immédiate à un besoin.

Mais le développement durable nous invite à chercher comment satisfaire des besoins en prélevant le minimum de ressources, c'est à dire en cherchant une efficacité maximum. Le plaisir au moindre coût, pourrait-on dire. La location offre cet avantage, de permettre de jouir d'un bien sans avoir à l'acheter. Ce n'est pas très intéressant pour des biens que l'on utilise en permanence, comme une maison. Peu d'économies à faire sur une résidence principale, si ce n'est le professionnalisme éventuel du propriétaire qui peut s'avérer un atout précieux pour disposer du meilleur confort au meilleur prix, à la fois économique et écologique.

Pour une voiture, c’est bien différent. Elle reste au garage ou stationnée dans la rue l’essentiel de son temps. Son entretien dépend de la bonne volonté et du sérieux de son propriétaire. Celui-ci utilise la même voiture pour tous les usages, en toutes circonstances : à la ville ou sur route, seul ou en famille, avec ou sans bagages ou objets encombrants. Et elle roule finalement assez peu, et il faudra des années pour qu'elle arrive en fin de parcours, si bien qu’elle sera vite obsolète, tant en termes de qualité de service rendu, notamment de sécurité, que de performances environnementales. La question de la location se pose avec force : n’est-il pas possible, avec le même budget ou un budget moindre, de disposer d’une voiture récente, toujours bien entretenue, adaptée aux nécessités de chaque déplacement, combinable avec d’autres modes de transport, comme le train pour les longs parcours ? Avec une location facile, il doit être possible d’avoir le meilleur service que l’automobile peut rendre, mais à condition de se dégager du besoin de la posséder. Et pour le développement durable, les deux formules ne sont pas équivalentes. L’usage plutôt que la propriété, voilà une piste à suivre.

C’est ce que Dominique Bourg appelle une économie de fonctionnalité (1). Il s’agit de substituer la vente de services à la vente de produits. Il arrive à cette conclusion à partir de l’observation des flux de matières : « seuls 7% de la matière utilisée pour leur production se retrouve in fine dans les produits, 80% desdits produits ne donnent lieu qu’à un usage unique, et 99% des matières contenues dans les biens vendus sont devenus des déchets après six semaines ! »

Cette économie de fonctionnalité permet de faire des affaires. Dominique Bourg prend l’exemple des pneus. Michelin a en effet proposé aux grandes flottes un service pneumatique. «Proposer un tel service permet d’assurer une maintenance optimale des pneus, alors que des flexions plus importantes dues au sous-gonflage occasionnent un surcroît de consommation et une usure accélérée ; c’est encore permettre le retrait des pneus au moment le plus approprié pour les opérations ultérieurs de recreusage et de rechapage : la possibilité de recreuser un pneu usé, puis de le rechaper, puis de le recreuser à nouveau, offre aux pneus une durée de vie multipliée par 2,5. C’est aussi l’opportunité d’offrir aux chauffeurs des cours de conduite économe en carburant». Résultat : une entreprise qui augmente son chiffre d’affaire en vendant moins de produits. On peut donc vivre mieux en prélevant moins de ressources : le développement durable existerait-il vraiment ?


(1) On pourra se reporter à l’article de Dominique Bourg, « Economie de fonctionnalité, collectivités territoriales et développement durable », dans l’ouvrage « Le développement durable à l’usage des collectivités locales », 3ème édition, 2006, Dexia Editions et Victoire Editions.

Le blog de Dominique Bidou
2 commentaire(s)
[1]
Commentaire par MEBARKI FATIMA
samedi 11 avril 2009 11:58
c'est très utopique,vivre sans s'approprier des biens!

peut etre ,il vaudrait mieux etre soufi ;pour comprendre cela!!!
[2]
Commentaire par mebarki fatima
samedi 11 avril 2009 12:08
c'est de l'utopie communiste!

il faudrait mieux consulter les soufis (mystiques dans toutes les

religions;si on veut vraiment changer la mentalité.




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