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Après une carrière de haut fonctionnaire puis de directeur des systèmes d'information de grandes entreprises pendant plus de seize ans -Sollac, Usinor, Renault- , Jean-Pierre Corniou a dirigé EDS Consulting...
Après Detroit, Genève : la voiture verte est en marche
lundi 23 mars 2009
Le nouveau monde de la voiture écologique, hybride ou électrique, est en marche. Il faut encourager son avènement par tous les moyens
Opel présentait pour la première fois en Europe la déclinaison du modèle de véhicule électrique sur lequel mise tant la maison mère General Motors, la Volt.
La voiture, de taille respectable (4,4m), est belle, au capot plongeant, et bien dessinée, comme sa planche de bord entièrement numérique. La motorisation est originale puisqu’au moteur électrique de 110 kW et ses batteries installées en T dans le châssis, lui conférant une autonomie annoncée de 60 km, est associé un moteur, essence ou éthanol, de 1,4 l, qui joue le rôle de générateur et permet de délivrer le conducteur de l’angoisse de la panne de charge en offrant une autonomie de 500 km. Cette Opel Ampera devrait, si tout va bien, être disponible en 2011 sur le marché européen. Néanmoins la presse suisse pouvait qualifier cette voiture de « chef d’œuvre en péril » compte tenu des incertitudes qui entourent le sort de GM comme d’Opel.
Honda présentait pour la première fois son anti-Prius, l’Insight, voiture hybride quatre places conçue pour être moins chère que la Prius sans sacrifier l’essentiel pour démocratiser le marché. Plutôt réussie avec sa ligne plongeante et son arrière presque vertical, qui améliorant le Cx semble devoir être la marque visuelle des éco-cars, l’Insight devrait être vendue moins de 20000 € sur le marché français cet été. L’Insight était présentée aux côtés de la mythique Clarity, voiture électrique alimentée par une pile à combustible à hydrogène. Elle sera disponible en Californie pour 600$ pour trois ans.
Mitsubishi comme Toyota annoncent des mini-voitures qui pourront être électrifiées, la Mitsubishi MiEV et l’ingénieuse Toyota iQ qui même en version essence n’émet que 99 g de CO2 avec ses trois vraies places sur moins de 3 m de long. La MIEV électrique, iMiEV, sera vendue au Japon cet été avec des batteris lithium ion et une autonomie de 160 km. Elle pourrait être vendue en Europe sous la marque Peugeot. Citons, pour l’anecdote, le travail effectué par le préparateur allemand Brabus sur le coupé sportif électrique Tesla, doté d’un générateur de sons pour cacher, comble d’ironie, le silence de son moteur électrique mais qui pourrait se révéler une solution intéressante pour la sécurité des piétons en milieu urbain.
Renault qui s’est engagé résolument dans le développement de la voiture électrique montrait dans une présentation très pédagogique son concept car ZE, pour zéro émission, voiture entièrement électrique dotée d’un moteur de 70 kW, et conçue pour économiser la consommation de courant par une isolation poussée, climatisation ou chauffage consommant jusqu’à 40% de la capacité embarquée et diminuant d’autant l’autonomie
Mais ces annonces de grands groupes ne doivent pas dissimuler la pauvreté de l’offre réelle de voiture en rupture. C’est du côté de Bolloré Pininfarina BO qu’il faut aller chercher une solution réelle que l’on peut d’ores et déjà réserver sur internet. Cette jolie berline de quatre places, bien conçue, distinctive et bien finie, sera louée 330 € par mois à partir de 2010. Elle est équipée de batteries originales, conçues par Bolloré avec la technologie solide LMP (lithium metal polymère). Une cadence de 10000 véhicules/an est envisagée. Il s’agit de la vraie première offre d’une voiture électrique répondant aux normes habituelles de l’automobile. Sa carrière commerciale sera pour les grands constructeurs un banc d’essai intéressant.
La bataille de la voiture électrique s’engage
Ces annonces laissent augurer de violentes batailles sur ce marché émergent. D’ores et déjà la bataille de la voiture électrique s’engage sur la maîtrise des nouveaux éléments clefs de la valeur ajoutée que sont les batteries et les moteurs. Les constructeurs qui ne maîtrisent pas la nouvelle chaîne de traction doivent rapidement investir , à un moment particulièrement difficile pour eux, pour ne pas voir la valeur ajoutée leur échapper. Ils sont contraints de le faire en partenariat.
Volkswagen vient de conclure, le 12 février, un accord avec Toshiba portant sur le développement de moteurs électriques, d’équipements électroniques et de batteries à haute densité pour équiper ses futures voitures électriques appelées la New Small Family. VW entend devenir « le premier constructeur à proposer des solutions en série pour les véhicules électriques à zéro émission ». Toshiba a développé pour les batteries une technologie novatrice, la Super Charge Ion Battery, qui se recharge en quelques minutes. Aux Etats-Unis GM produira ses propres batteries lithium-ion avec une filiale du groupe coréen LG Chem. Le groupe Renault Nissan produira sa propre gamme de moteurs électriques et Nissan travaille intensément sur son projet de pile à combustible. Mais pour produire des batteries c’est avec NEC que Nissan s’est engagé en créant une filiale commune, Automotive Energy Supply ( AESC) et Nissan va produire ses batteries dans ses propres usines au Japon et peut-être au Portugal.
Acheter maintenant ?
Que conclure ? Le temps presse. Le marché mondial est dans l’attente de réponses nouvelles et séduisantes, mais aussi rassurantes, dont on observe quelques prémices. On parle de 2011, voire 2012 pour voir sur le marché une offre significative de véhicules alternatifs, ce qui rend encore plus courageuse et louable l’ambition de Bolloré Pininfarina.
Mais le mouvement est en marche. Les sceptiques restent nombreux. Cela ne marchera jamais… autonomie trop faible, coûts trop élevés, infrastructure inexistante, les voitures électriques ou à hydrogène soulèvent auprès des professionnels plus de questions que d’enthousiasme, ce qui est le propre des grandes ruptures technologiques plus subies que désirées. Le double effet de la crise économique et de la confirmation par les scientifiques des scénarios de réchauffement climatique les plus pessimistes ne peut qu’accélérer les réactions des constructeurs même s’il est très difficile de changer de modèle d’affaires et de cadre technique.
Aussi l’enjeu est politique : il est indispensable que soit formalisé un nouveau cadre d’action, stable, sur le plan des normes, de la fiscalité automobile, de l’utilisation en ville, du régime des assurances, des péages urbains, de la recyclabilité des nouvelles solutions. Ces mesures sont indispensables pour créer un climat de confiance pour les acheteurs. Beaucoup de questions sont ouvertes, beaucoup d’acteurs impliqués : ce nouveau monde est à inventer. Mais il reste à frapper l'imagination : quand l’inventif Bernie Ecclestone, qui cherche à innover comme à faire des économies, lancera son premier Grand Prix de Formule 1 réservé aux voitures électriques ou aux voitures à motorisation innovante, le scepticisme changera de camp.
Lire le commentaire complet sur le blog de Jean-Pierre Corniou
Photo : la Bollore-Pinifarina BO- copyright JP Corniou
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Il y a un graphique très explicite sur le site de l'université du Delaware.
http://www.udel.edu/V2G/Conventional.html
cliquez ici
voiture verte ou propre en parlant de voiture électique me fait doucement rigoler.....si les centrales nucleaires, à charbon, fuel... etc sont propres , je veux bien me manger un doigt.