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Stéphane Lhomme, 45 ans, est président de l'Observatoire du Nucléaire. De septembre 2002 à février 2010, il a été porte-parole du réseau Sortir du nucléaire. Titulaire d'un DEA en sociologie,...

Nucléaire vs énergies renouvelables : la bataille de l'emploi


jeudi 02 avril 2009

Un internaute s'est étonné que notre débat sur le nucléaire ne prenne pas en compte les effets bénéfiques sur l'emploi. Stéphane Lhomme juge que le bilan des renouvelables est bien meilleur sur ce point


"Vous ne parlez jamais de l'aspect emploi du nucléaire, s'étonne Jean-Marc. Dans la période actuelle, qu'est ce qui se passerait si on abandonnait le nucléaire et même si on ne le developpait pas ? Le deuxième EPR en Seine Maritime va créer des centaines d'emplois pendant des années. La region est touchée de plein fouet par la la crise de l'automobile. J'approuve totalement la position CGT qui se rejouit de l'annonce par Sarkozy, tout en demandant que cela reste dans le domaine du public, c'est-à-dire EDF".
 
Jean-Marc nous a indiqué s’être appuyé sur la déclaration du 23-01-09 de la Fédération CGT de l'énergie, qui affirmait que « la réduction des émissions de CO2 dans la production et la consommation d’énergie justifient le recours au nucléaire » et que « la construction de nouvelles centrales en France s’impose ». La CGT affirmait que « le développement du nucléaire doit, demeurer sous contrôle public » et donc être mené par EDF, le CEA et AREVA , en écartant un nouvel acteur comme GDF SUEZ.

Stéphane Lhomme, porte-parole de  Sortir du nucléaire, n'est pas du tout d'accord. Il répond :

Le nucléaire est justement l' INVERSE d'une politique de l'emploi. Un réacteur en
service, c'est 250 emplois, une misère pour 5 milliards d'euros investis. Il y a
certes un peu plus de monde au moment du chantier, mais ce n'est que provisoire et
ce sont surtout des "nomades" du bâtiment qui sont mobilisés (ils sont transportés
de chantiers en chantiers) : finalement, très peu d'emplois sont créés et très peu
de locaux trouvent du travail.

Par contre, en quelques années, l'Allemagne a créé 350 000 emplois dans les
renouvelables. Résultat, le grand syndicat IG METALL a changé de position : après
avoir été pendant des années aussi arc-bouté que le CGT (pronucléaire à 100%), IG
METALL condamne désormais le nucléaire AU NOM DE L'EMPLOI.

Qui plus est, de quels emplois parle-t-on ? Est-ce acceptable de devoir être irradié
pour gagner sa vie ? Il est avéré que ce sont les plus précaires que EDF envoie
faire la maintenance en zones radioactives. Ecoeurant. Voir aussi l'étude Un courant alternatif pour le Grand-Ouest qui montre que, avec les 3,5 milliards prévus pour l'EPR, on peut créer jusqu'à 15 fois plus d'emplois. Depuis, il est apparu que l'EPR coûtait en réalité au moins 5 milliards : les alternatives créent donc 20 ou 25 fois plus d'emplois

6 commentaire(s)
[1]
Commentaire par irisyak
jeudi 02 avril 2009 10:39
Nous sommes pleinement d'accord avec ce point de vue. Il faut ajouter que le nucléaire n'est pas généralisable à la planète et que plus la production d'énergies nouvelles augmente et plus les prix de cette énergie baisse. Les africains préfèrent avoir sûrement de l'énergie même par intermittence mais prévisible que d'avoir de l'énergie imprévisible en quantité et en temps.
[2]
Commentaire par Léon
jeudi 02 avril 2009 18:27
Il faut être très naïf ou habile manipulateur pour oser affirmer qu'un réacteur c'est seulement 250 emplois.

Derrière, il y a des dizaines de milliers d'emploi chez EDF (ou autre exploitant/ ensemblier) et chez tous les fournisseurs (robineterie, électriciens, Echaffaudages, BTP...) qui vivent grace au nucléaire. Les 5 milliards, ils ne vont pas dans les poches de quelques uns non, ils servent à toutes ces entreprises périphériques.

En dehors de celles-ci, il y a toute l'ingéniérie interne et externe, le contrôle, la sûreté... Bref l'argument de l'emploi est parfaitement faux. Je m'étonne d'ailleur qu'il ne soit pas plus contredit...

Et une dernière chose : en pétrochimie, les gens se BATTENT pour aller bosser sur une centrale nucléaire. Les conditions de travail dans le nucléaire sont très largement meilleures qu'ailleur à métier équivalent. Quant à parler d'irradiation de ceux qui y travaillent... c'est du grand n'importe quoi. Les doses reçus sont parfaitement connues et contrôlées et n'ont rigoureusement aucun effet sur la santé. Il vaut mieux recevoir 10 ou même 10 µSv dans sa journée que de respirer des solvants qui décapent les poumons. Mais je crois que le but en écrivant ça est de créer des peurs irrationnelles, et ça marche bien.

A un moment, il faut sortir de son bureau quand on écrit des énormités, et voir comment ça se passe sur le terrain et dans une INB, et dans l'industrie lourde en général pour comparer.

bien à vous.
[3]
Commentaire par Philippe de Rougemont
vendredi 03 avril 2009 00:40
Faut-il encore le rappeler ? Le nucléaire est une source d'énergie intense en capitaux publics mais très économe en main-d'oeuvre. Par contre la rénovation du domaine bâti (pour réduire la consommation d'énergie) et l'installation de nouvelle production d'énergie renouvelable est intense en main-d'oeuvre non-délocallisable. On peut prétendre le contraire et dire que le nucléaire est bon pour l'emploi mais ça ne tient pas a route, surtout dans une publication comme L'Expansion. Ce débat est périmé par les exemples de l'Allemagne, de l'Autriche, de l'Espagne et de la Californie notamment. Souvenons-nous que sur le Titanic coulant inexorablement, il y avait jusqu'à très tard un orchestre jouant des thèmes guillerets. Pendant ce temps le bateau prenait l'eau. Il est temps en France d'admettre que le nucléaire est dépassé. La demande d'énergie peut être maitrisée et la consommation résiduelle provenir des renouvelables. De toutes façons lorsque les "ressources" d'uranium seront taries nous devrons sortir du nucléaire. Autant le faire de façon décidée, maintenant.
[4]
Commentaire par Fabien
mardi 07 avril 2009 12:30
La méthode "coué" des anti-nucléaires est étonnante. Aucun ne dit ce que l'on fera si l'on sort du nucléaire. Un des commentateurs va juqu'à écrire qu'il suffit de faire des économies et que "la consommation résiduelle" sera assurée par les renouvelables. "Consommation résiduelle !" alors qu'il faudra alimenter six milliards d'individus. Le Pr Jacques Foos a très bien dit sur votre site que même en développant tout au maximum et en économisant à mort, on manquera encore d'énergie. Sortir du nucléaire est bien joli, mais quel est le scénario crédible ? Même les Allemands ne savent pas comment répondre !
[5]
Commentaire par stephane
vendredi 10 avril 2009 11:49
Il serait peut être temps d'envisager une approche médiane. S'il est très difficile de s'affranchir totalement du nucléaire pour l'instant, les énergies renouvelables peuvent et doivent constituer la direction à prendre pour les années à venir. Au-delà même de l'intérêt environnemental, les bénéfices pour l'économie et l'emploi sont indiscutables.

En effet, les énergies renouvelables sont et seront probablement beaucoup plus créatrices d'emploi que le nucléaire. En 2007, seuls environs 50 à 55 000 personnes travaillaient dans les énergies renouvelables en France. D'ici 2 ou 3 ans, ils seront près de 150 000 personnes. Tous les corps de métier sont concernés, du poseur au marketing en passant par la formation. Par ailleurs, pour ne prendre qu'un exemple, il se posera tout de même la question à terme du recyclage des panneaux solaires, au même titre que se pose aujourd'hui les problématiques des déchets radioactifs. Mais au final, ça veut dire aussi qu'il y a de nouvelles filières à mettre en place et... probablement de nouveaux gisements d'emploi. Vu les circonstances économiques, ce serait dommage de s'en priver en limitant la réflexion aux "pour" et "contre" le nucléaire.
[6]
Commentaire par Wind Flip Flop
samedi 09 mai 2009 11:44
"Le nucléaire est justement l' INVERSE d'une politique de l'emploi. Un réacteur en service, c'est 250 emplois, une misère pour 5 milliards d'euros investis. Il y a certes un peu plus de monde au moment du chantier, mais ce n'est que provisoire et ce sont surtout des "nomades" du bâtiment qui sont mobilisés (ils sont transportés de chantiers en chantiers) : finalement, très peu d'emplois sont créés et très peu
de locaux trouvent du travail."

Là encore Mister Lhomme, enlevez vos oeillères !!
Vous masquez à peine l'allusion au développement massif de l'éolien !
Dans ce domaine les emplois ne sont créés que dans les pays constructeurs qui ne produisent aujourd'hui exclusivement à l'export !
Les chantiers de parcs éoliens sont très rapides, utilisant une main d'oeuvre extérieure :
- terrassement local, quelques jours à peine par éolienne
- coffrage par des travailleurs souvent turcs ou des pays de l'Est
- montage par les équipes constructeurs avec du matériel de levage étranger
- cablage et essai par les équipes constructeurs

Seul le béton provient des centrales locales !
La maintenance des éoliennes est réduite et les équipes rayonnent sur de vastes secteurs, de plus cette maintenance est désormais sous l'égide de grands groupes de maintenance industrielle qui ne profite pas à l'emploi local.
Les seuls emplois crédibles seront dans la rénovation de l'habitat et de la maitrise de l'énergie associée.
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Stéphane Lhomme, 45 ans, est président de l'Observatoire du Nucléaire. De septembre 2002 à février 2010, il a été porte-parole du réseau Sortir du nucléaire. Titulaire d'un DEA en sociologie,...

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