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Stéphane Lhomme, 45 ans, est président de l'Observatoire du Nucléaire. De septembre 2002 à février 2010, il a été porte-parole du réseau Sortir du nucléaire. Titulaire d'un DEA en sociologie,...

L'accord EELV-PS mis en pièces par ...un anti-nucléaire


lundi 28 novembre 2011

François Hollande cède-t-il aux exigences des "anti-nucléaires" ? Non, dit Stéphane Lhomme, ancien candidat aux primaires des verts. Pour lui, c'est même la relance de Superphenix.


Les promoteurs de l'atome poussent de hauts cris à propos de l'accord signé par Europe écologie-Les verts (EELV) et le Parti socialiste (PS).

Parmi les nombreuses protestations, on peut noter celle du Premier ministre François Fillon qui a déclaré qu'il s'agissait d'une "grande défaite pour le pays puisqu'il contient en germe la fin du nucléaire". Hélas, en réalité, cet accord ne remet PAS en cause le nucléaire. Il valide même le retour... du fameux surgénérateur Superphénix dont les Verts avaient obtenu l'arrêt en 1997 ! (ndlr : voir les dernières positions de François Hollande)

Étudions les principaux points de cet accord concernant le nucléaire :

1) La fermeture d'ici 2025 de 24 réacteurs nucléaires sur 58

- Cela peut sembler une mesure terriblement audacieuse, et on a d'ailleurs entendu dire qu'il s'agissait de réduire de près de moitié la production nucléaire. Or les 24 plus vieux réacteurs font aussi partie des moins puissants : c'est en réalité à peine 30% de la production nucléaire française qui sont concernés.

- En 2025, ces réacteurs auront été mis en service depuis 43 à 48 ans, alors qu'ils sont prévus à l'origine pour durer 30 ans. Au vu de l'état de délabrement déjà avancé de ces réacteurs - situation attestée par les témoignages des précaires qui assurent dans des conditions terribles la maintenance de ces installations - il apparaît improbable qu'ils fonctionnent jusqu'en 2025 ! Ils auront assurément été fermés d'ici là, aussi bien par un gouvernement de droite que de gauche, ou par EDF elle-même, en espérant d'ailleurs que ce ne soit pas à la suite d'une catastrophe.

- Dans l'hypothèse d'une victoire de M. Hollande à la présidentielle 2012, rien ne prouve qu'il sera toujours aux affaires après 2017, et il n'y sera forcément plus à partir de 2022. De fait, on ne peut vraiment compter que sur les fermetures de réacteurs opérées entre 2012 et 2017. Or, l'accord EELV-PS prévoit seulement dans cette période la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim (Haut-Rhin). La production nucléaire française sera juste réduite de 1760 MW (2x880)... ce qui sera quasi intégralement compensé par la mise en service du réacteur EPR de Flamanville (1650 MW).

2) La mise en service du réacteur EPR de Flamanville

Non seulement la mise en service de ce réacteur compensera la fermeture de la centrale de Fessenheim, mais elle donnera aussi la possibilité à la droite, lorsqu'elle reviendra au pouvoir (toujours à supposer que M. Hollande gagne en 2012), de relancer la filière nucléaire française en mettant en chantier d'autres EPR. Si la construction de l'EPR de Flamanville était stoppée nette en 2012, il serait très difficile à la droite de la relancer quelques années plus tard, ou du moins de lancer la construction d'autres EPR avant que le premier n'ait été achevé et exploité quelques temps.


3) La continuation de la filière MOX

Le cas de ce combustible nucléaire, le plus dangereux qui soit, a fait l'objet d'une passe d'arme très médiatisée entre les négociateurs d'EELV et ceux du PS. Finalement, il a été convenu que cette filière continuerait "aussi longtemps que nécessaire". Les dirigeants d'EELV prétendent qu'elle s'éteindra "naturellement" du fait de la fermeture de la vingtaine de réacteurs utilisant ce combustible, qui font majoritairement partie des plus anciens.
Mais :

- comme expliqué plus haut, la fermeture réelle des 24 plus vieux réacteurs est très incertaine ;
- certains réacteurs moxés ne font pas partie des 24 réacteurs les plus anciens ;
- EDF augmente actuellement le nombre de réacteurs moxés. (...)
- contrairement à ce qui a été prétendu par certains négociateurs du PS pour justifier la continuation du MOX, le réacteur EPR est aussi bien prévu pour fonctionner sans MOX qu'avec. Mais il est clair que EDF le mettra en service avec du MOX, ne serait-ce que pour rendre cette filière "indispensable".


4) La continuation de divers projets nucléaires... dont le retour de Superphénix

L'accord EELV-PS prévoit que "aucun nouveau projet de réacteur ne sera initié". Attention à ce dernier mot. Il s'agit là d'une astuce qui ne surprendra pas venant des pronucléaires du PS mais qui laisse pantois de la part des négociateurs d'EELV. En effet, tout en ayant l'air d'empêcher tout nouveau projet, cette formule valide au contraire ceux qui sont déjà "initiés".
L'accord entérine donc la continuation du projet ITER (bien que ruineux et déjà condamné à l'échec) mais aussi celle du projet, d'ores et déjà "initié" à Marcoule (Gard), de réacteur "de 4ème génération" (cf par exemple : http://bit.ly/rOGdx6 ).

Il s'agit en fait d'une appellation marketing pour masquer une nouvelle tentative de faire... un surgénérateur de type Superphénix ! Oui, ce même Superphénix dont les Verts avaient obtenu de Lionel Jospin la fermeture en 1997. Quatorze ans plus tard, EELV cautionne le retour de ce réacteur qui, comme son nom l'indique, semble donc toujours capable de renaître de ses cendres.

Voir le blog de Stéphane Lhomme

3 commentaire(s)
[1]
Commentaire par patrig k
mardi 29 novembre 2011 09:45
Un G4 en retour, nommé de son si joli petit nom ASTRID ...

Le CEA a en caisse , par la grace de NSieur résident sortant, quelques 650 millions d'euros pour la R&D budgétisés jusqu'en 2017 ...une loi devrait normalement etre revisitée pour prolonger cette aventure nucléaire....

650 millions d'euros , quand le Pole Energie de la Mer qui est toujours en gestation, attend toujours des ronds que Fillon s'était engagé à verser en septembre 2009 , lors de sa venue dans la cité du Ponant ... ! Un Pole Energie de la Mer piloté par DCNS ....le tuyauteur atomique des M51 , des chaudières nucléaires des SLNE , et désormais de la promotion télévisée des centrales nucléaires submersibles .... !

Comme on dit à Brest, :

" Rend service à un marin de DCNS .... il te ch...... dans la main !"


ASTRID ! ASTRID ! Et pourquoi pas BARNABE chez les Gaulois !
[2]
Commentaire par moutinio
vendredi 02 décembre 2011 21:57
pourquoi EELV ? Europe écologie n'a rien d'écologiste ...anti nucléaire oui ...et pourquoi pas mais pour le reste c'est du n'importe quoi .
[3]
Commentaire par pztrig k
mercredi 07 décembre 2011 11:15
@moutinio

[...le reste c'est du n'importe quoi ...] C'est à dire ? trop bref , des clics inutiles et qui consomment de l'énergie pour du beurre sans beurre
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Stéphane Lhomme, 45 ans, est président de l'Observatoire du Nucléaire. De septembre 2002 à février 2010, il a été porte-parole du réseau Sortir du nucléaire. Titulaire d'un DEA en sociologie,...

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