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Nucléaire : comment réduire la fracture


mardi 24 mars 2009

«La chaîne Energie» se met au service du dialogue entre «pro» et «anti» nucléaires et propose d’héberger des débats de fond sur toutes les grandes controverses de l’énergie




Après la controverse (qui n’est pas finie) sur les effets électro-magnétiques des lignes à haute tension, La chaîne Energie a mis face à face les partisans les plus convaincus du nucléaire et ses adversaires les plus déterminés.

Pas d’angélisme ! Le fossé est large et les adjectifs volent : «Incohérent, irresponsable et démagogique», «cynisme écoeurant», «solutions bidons».

Mais l’humour est quelquefois présent et surtout les arguments scientifiques finissent par s’échanger, ce qui est le but principal de La chaîne Energie, le portail collaboratif lancé depuis un mois par Lexpansion.com. Nous y reviendrons.

Mais un peu d‘humour d’abord, chacun pouvant juger s’il est bon ou pas…

Dans un commentaire, Sortir du nucléaire, un des principaux réseaux d’associations locales qui conduisent des actions anti-nucléaires, estime qu’il faudrait condamner Mme Anne Lauvergeon, présidente d’Areva, et d’autres pro-nucléaires (dont notre contributeur expert Hervé Nifenecker !) à des «travaux d'intérêt général». «Pour la première fois ils agiraient pour le bien public !». Est-ce une revendication officielle du réseau «Sortir du Nucléaire» ? Non bien sûr , nous répond Stephane Lhomme, son porte-parole qui assume : «c'est bien un trait d'humour de ma part».

L’humour de Sortir du nucléaire n’est pas apprécié par tous les internautes qui nous ont signalé cette vidéo :
 

En la regardant, Alain Richard juge vain de vouloir promouvoir le dialogue. «Admirez cette volonté d'équilibre, ce recours aux arguments scientifiques, ce refus de jouer sur les réflexes de peur (les têtes de mort) mais au contraire de promouvoir la responsabilité (la fuite éperdue des petits hommes jaunes). Bon courage...»

Eh bien oui, La chaîne Energie, sans sous-estimer la profondeur du fossé, ne se découragera quand même pas pour appeler pro et anti à dépasser l’invective et la dérision.

Il y a place pour des débats étayés. Stéphane Lhomme , qui argumente de façon vive contre la politique de Nicolas Sarkozy dans la dernière contribution, s’est félicité dans un échange avec nous de «cette démarche de débats de fond, qui plus est dans la durée : cela change des échanges à l'emporte-pièce et sans lendemain que l'on trouve ici où là...».

Dans sa contribution, Bertrand Barre, un ingénieur très réputé dans le milieu de la vulgarisation scientifique, toujours conseiller de la direction d’Areva, détaille sept grandes questions sur le retraitement des déchets. Il y parle notamment des techniques à venir qui rendront plus efficaces leur traitement et réduiront leur volume. «La technique en vue est la séparation poussée des noyaux lourds de très longue période, suivie de leur transmutation. Cette transmutation n’est pas efficace dans les réacteurs actuels, même ceux de génération 3 comme l’EPR. Elle sera possible dans les réacteurs à neutrons rapides dont Superphénix était un précurseur et qui sont étudiés dans le cadre multinational Génération 4, qui vise leur industrialisation vers le milieu du siècle». Et Hervé Nifenecker , président d’honneur de Sauvons le climat, une association de scientifiques qui mettent en avant le caractère non émetteur de CO2 du nucléaire, ajoute de son coté qu’«un scénario de sortie du nucléaire conduirait à devoir gérer une quantité de déchets près de 30 fois plus importante qu’un scénario de nucléaire durable avec retraitement et surgénération».

Frédéric Marillier, responsable de la campagne «énergie nucléaire» de Greenpeace-France, fait plus que douter : «l’industrie fait miroiter les nouvelles options technologiques qui solutionneraient tous les problèmes : la fameuse quatrième génération ou la fusion, mais aussi le réacteur EPR, censé produire 15 % de résidus radioactifs en moins. Là encore, les partisans du nucléaire omettent de dire que ces déchets seront sept fois plus dangereux que ceux provenant des autres réacteurs !».

Hervé Nifenecker réplique aussitôt : «Chacun sait que l'énergie fournie par les réacteurs provient de la fission des noyaux d'uranium et de plutonium. L'énergie produite est donc strictement proportionnelle au nombre de fissions qui ont eu lieu. L'essentiel de la radioactivité des combustibles irradiés est due aux produits de fission. Par conséquent, exprimée par kWh produit, la radioactivité et donc la dangerosité de ce que GreenPeace appelle les déchets est la même pour l'EPR que pour les réacteurs plus anciens».

La Chaîne énergie invite tous les internautes, qu’ils soient experts ou non, à poursuivre ces échanges «dans la durée» et le respect des contradicteurs.

Des liens récoltés dans le débat :

- Le site de l'Andra . L’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs a un document specifique sur la question.

Dossier spécial de l'Autorité de Sûreté consacrée aux déchets radioactifs

- Ensemble des dossiers du grand débat public de 2005-2006

-le «Petit mémento des déchets nucléaires » », réalisé par l'association Global Chance 

- Trois documents de Sauvons le climat :
http://sauvonsleclimat.org/new/spip/IMG/pdf/dechets-long-final.pdf
http://sauvonsleclimat.org/new/spip/IMG/pdf/Andra-Synthese_2005.pdf
http://sauvonsleclimat.org/new/spip/spip.php?article203

- Une synthèse en anglais sur le site ClimateChangeCorp : "the truth...about nuclear waste"

Photo copyright Scanrail - Fotolia.com
2 commentaire(s)
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Commentaire par Vieil observateur
mardi 24 mars 2009 16:52
Vaste programme, comme disait le général de Gaulle à qui quelqu'un disait qu'il fallait éliminer les c...
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Commentaire par ALAIN
mercredi 25 mars 2009 21:08
wahou!!!!! qu el interwiew ca deménage,ca nous change de gado ou mme lauvergeon.Apres Hobama voila une nouvelle tete du 21 eme siecle,impressionnant ils ne doivent pas connaitre le droit de precaution ,ils nous donnent un calendrier en mois alors que chez nous l'unité de mesure est l'année.Quel dommage que nous perdions la collaboration de Siemens,surtout ne les sous estimons pas et affutons les crocs messieurs les chercheurs , ingenieurs et commerciaux vous avez du pain sur la planche.Merci pour cette interview.Alain