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Stéphane Lhomme, 45 ans, est président de l'Observatoire du Nucléaire. De septembre 2002 à février 2010, il a été porte-parole du réseau Sortir du nucléaire. Titulaire d'un DEA en sociologie,...

La prolongation de centrales nucleaires : danger!


mercredi 06 octobre 2010

La chaîne Energie poursuit le débat sur la décision allemande de prolonger la vie de ses centrales nucléaires, sans en engager -pour l'instant- de nouvelles. Un accident va se produire, estiment les anti-nucléaires!


Le gouvernement allemand vient de décider de prolonger la vie des centrales nucléaires : entre 8 et 14 ans supplémentaires selon l'ancienneté de chacun des 17 réacteurs encore en service à ce jour.
Cette décision appelle deux types de remarques.
 
Des questions de démocratie
 
La volonté populaire n'est pas respectée : alors que l'opinion publique allemande reste radicalement antinucléaire, les différents gouvernements n'arrivent pas ou ne souhaitent pas respecter la volonté populaire. La coalition Socio-démocrates/Verts a bien voté en 2000 un plan de sortie du nucléaire, mais avec un tempo si lent que la droite a eu le temps de revenir au pouvoir pour tout remettre en cause.
 
D'autre part, il y a un problème d'inertie du nucléaire. La trop grande lenteur du plan allemand de sortie du nucléaire est assurément due à un manque d'ambition politique, mais le fait est qu'il n'est pas facile de fermer un parc nucléaire :
 
-  l'habitude de disposer de beaucoup d'électricité est installée, avec la surconsommation et les gaspillages qui vont avec ;
-  les groupes industriels, qui gagnent beaucoup d'argent en vendant de l'électricité, sont très puissants et savent peser sur les décisions politiques ;
-   la construction de réacteurs nucléaires a coûté si cher qu'il n'est pas facile de financer des plans alternatifs ; On notera d'ailleurs que, avant l'Allemagne, la Suède avait décidé en 1980 de sortir du nucléaire : les réacteurs devaient être tous arrêtés au plus tard en... 2010. Or ils continuent pour la plupart à tourner alors que des accidents graves ont été frôlés comme en juillet 2006 à Forsmark (cliquer ici)
 
En France, la construction des centrales nucléaires a été décidée par un gouvernement de droite dans les années 70 mais, une fois arrivés au pouvoir en 1981, les socialistes n'ont pas remis en cause cette décision malgré leurs promesses et alors que la majorité des centrales en projet ou en chantier pouvait encore être annulée.


On constate donc qu'une alternance politique ne contrarie pas les projets de l'industrie nucléaire alors qu'une autre alternance remet en cause un plan de sortie du nucléaire...
 

Des questions d'environnement

  
- Les risques d'accidents : une centrale nucléaire est toujours dangereuse, même neuve, mais l'éventualité d'un accident grave devient de plus en plus importante avec le vieillissement de l'installation. Or, c'est quand une centrale nucléaire est vieillissante qu'elle devient enfin rentable : il faut 25 ou 30 ans de fonctionnement pour qu'une centrale nucléaire soit amortie financièrement.
Faire fonctionner le plus longtemps possible les centrales nucléaires représente donc un vrai "jackpot" pour les exploitants nucléaires comme EDF. Du coup, alors que la plupart des réacteurs sont prévus pour durer 30 ans, les exploitants perdent tout sens des responsabilités en demandant la prolongation de la durée de vie des centrales jusqu'à 60 ans, voire plus. Et ces demandes sont souvent satisfaites par les politiques et les autorités de "sûreté" qui s'avèrent incapables de résister à la pression des grands groupes.


Il est plus que probable que cette fuite en avant se termine par une nouvelle catastrophe nucléaire comparable à celle de Tchernobyl (1986). Il ne s'agit presque plus de savoir si cette catastrophe aura lieu mais de savoir où et quand...
 
- Les déchets radioactifs : Même si elle n'est pas victime d'un accident grave, une centrale
nucléaire dont la durée de vie est prolongé pose un grave problème environnemental : chaque année, chaque mois, chaque semaine de prolongation du fonctionnement signifie la production supplémentaire de déchets radioactifs pour lesquels n'existe aucune solution.


Il est d'ailleurs édifiant de constater que Mme Merkel décide de la prolongation de la durée de vie des centrales allemandes alors qu'elle est confrontée à un incroyable scandale concernant les déchets radioactifs (cliquer ici ).
 
- Des questions de santé
 
Prolonger la durée de vie d'un réacteur nucléaire revient logiquement à perpétuer les problèmes environnementaux causés par ce réacteur même en fonctionnement "ordinaire", c'est-à-dire sans même qu'il ne soit l'objet d'un accident ou d'un incident.
 
Un réacteur nucléaire fonctionne avec pour combustible de l'uranium dont l'extraction cause de très graves problèmes environnementaux. Par exemple, Areva contamine gravement le Niger depuis 50 ans pour y extraire l'uranium nécessaire aux réacteurs français. (On notera
d'ailleurs que la supposée "indépendance énergétique" assurée par le
nucléaire est bien virtuelle puisque le combustible est importé).
 
Enfin ne minorons pas les rejets radioactifs dans l'environnement . Fin 2007, une étude de l'université de Mayence (Allemagne) a montré que, parmi les enfants de moins de cinq ans grandissant à moins de cinq kilomètres d'une centrale nucléaire, les cas de leucémie sont deux fois plus fréquents que dans d'autres régions.
(cf article ; et cliquer ici) >
 
 
2 commentaire(s)
[1]
Commentaire par krolik
samedi 09 octobre 2010 01:15
Oh, tant que ce sont les antinucléaires qui disent qu'il se produira un accident grave sur une centrale.. on peut dormir tranquille.
Le fusion du coeur d'un réacteur s'est déjà produite; à TMI, mais aussi le réacteur surgénérateur "Enrico Fermi" à Chicago, un réacteur d'essai en Suisse... et puis des combustibles fondus, deux fois en France à St Laurent des Eaux. Dans tous les cas, conséquence sur l'environnement : nulle..
Sortir les tripes d'une centrale pour les mettre sur la pelouse, est une spécialité russe. Ils ont remis cela en Août 2009, 74 morts tout de même, mais apparemment cela n'a inquiété personne.. Pas de manifestation anti.. rien, comme s'il ne s'était rien passé.
Je vous mets un lien avec un florilège de photos :
http://www.boston.com/bigpicture/2009/09/the_sayanoshushenskaya_dam_acc.html
Ah, le rapport de l'université de Mayence.. Cela donne à penser au fameux rapport du Pr Viel qui avait défrayé la chronique en 1995 avec l'excès de leucémies chez les enfants autour de La Hague.
Cela avait suscité un fort émoi dans la profession.
La ministre de l'environnement avait demandé une expertise.. et finalement devant le très faible échantillonnage, il a été conclu que... rien du tout. Dominique Voynet avait classé le dossier "sans suite"...Mais Voynet était vendue au lobby nucléaire de même qu'au lobby pétrolier, préférant s'occuper des ses vacances plutôt que de la marée noire..
@+
[2]
Commentaire par krolik
samedi 09 octobre 2010 01:25
Mais si vous voulez chasser le becquerel, il faut commencer par arrêter le nucléaire médical.
- le plus grave accident nucléaire en France c'est l'hôpital d'Epinal.
, quatre morts, des dizaines de blessés.
- et cela faisait suite à l'irradiation d'un bagagiste de CDG manipulant un colis de radioisotopes médicaux éventrés.
- Du point de vue de liode 131(médical), ça représente ' un "nuage de Tchernobyl" sur la France toutes les 36 heures.
Il y a eu le relâchement atmosphérique de Fleurus en Belgique.
- Et puis une source de 6000 curies de césium 137 dans un hôpital, même par temps de vigipirate, une équipe décidée et 500 grammes de semtex, une nuit..(rappel: un curie, c'est 37 milliards de Bq)
- d'autant que pour fabriquer des isotopes médicaux il faut utiliser un réacteur à haut flux contenant de l'uranium enrichi de qualité militaire..
- les radiologues qui vers 55-57ans sont sujets à la cataracte..Mais ils deviennent très vieux.. A l'Académie de médecine, passé un temps tous les centenaires étaient radiologues
Choisissez les bonnes cibles.
@+
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Stéphane Lhomme, 45 ans, est président de l'Observatoire du Nucléaire. De septembre 2002 à février 2010, il a été porte-parole du réseau Sortir du nucléaire. Titulaire d'un DEA en sociologie,...

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