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Stéphane Lhomme, 45 ans, est président de l'Observatoire du Nucléaire. De septembre 2002 à février 2010, il a été porte-parole du réseau Sortir du nucléaire. Titulaire d'un DEA en sociologie,...

L’ASN : pas compétente ou pas indépendante ?


mardi 03 novembre 2009

Le porte-parole des anti-nucléaires, Stéphane Lhomme, met en cause l’Autorité de sûreté nucléaire française : pourquoi n’avait-elle pas soulevé le problème plus tôt ? Pour lui, l’EPR est un dinosaure.


Les autorités de sûreté nucléaire britannique, française et finlandaise ont publié hier une déclaration commune sur la conception du contrôle-commande du réacteur EPR. L’ASN (autorité française de sûreté) a adressé à EDF une lettre dans laquelle elle lui demande d’apporter des modifications à la conception de ce système ainsi que des justifications de sûreté complémentaires. Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du Nucléaire et chef de file des anti-nucléaire réagit pour « la chaîne Energie ».

Le contrôle et la commande sont deux systèmes de contrôle distincts d’un réacteur nucléaire. En principe, si l’un tombe en panne, l’autre doit prendre le relais. L’autorité de contrôle britannique (HSE) a constaté qu’en ce qui concerne l’EPR, ces deux systèmes pouvaient tomber en panne en même temps… ce qui pourrait occasionner un très grave accident nucléaire. Le plus étonnant, c’est le fait que les autorités françaises (ASN) avaient, elles, validé le système de contrôle. Nous nous posons donc une double question : ou bien l’ASN est une autorité incompétente ou bien elle n’est pas indépendante, voire carrément en connivence avec EDF et Areva. Dans les deux cas, cette bévue est une grave mise en danger des citoyens.

C’est une véritable remise en cause. La question du contrôle-commande pose un gros problème de sûreté, et prouve que l’EPR n’est pas viable, en tout cas dans l’état actuel des choses. Areva doit rectifier le tir, et recommencer toute la préparation de ce réacteur…enfin, si elle le peut. Ce retournement de situation prouve que nous avons raison de nous opposer à l’implantation de ce réacteur nucléaire. C’est une belle revanche : cette déclaration des Autorités de sûreté confirme tout ce que l’on dit depuis des années. L’EPR est un dinosaure. Il date des années 1990 et est complètement dépassé et dangereux. En revanche, ce que nous craignons, c’est que cette annonce entraîne une prolongation de la durée de vie des autres réacteurs nucléaires qui sont déjà mal en point (ils sont arrêtés de plus en plus régulièrement). Si c’était le cas, je le dis à nouveau, cela pourrait entraîner une catastrophe, un accident très grave. 

A la question de savoir si une satisfaction par Areva et EDF des demandes des trois autorités de sûreté ne serait pas, à l’inverse, un feu vert « international » à l’EPR et donc la porte ouverte à son développement rapide dans le monde, Stéphane Lhomme répond :

Non. Il n’y a aujourd’hui aucune perspective de développement de l’EPR. Toutes les déclarations de Nicolas Sarkozy ou d’Areva, avant même cet incident, n’ont été que de formidables coups de communication. Tous les projets relatifs à l’EPR sont au point mort, ou ont carrément été annulés. C’est le cas à Ontario au Canada, au Texas, en Bulgarie… et même en Chine, où la cérémonie du premier coulage de béton des deux EPR a été reportée sine die. De toute manière, l’EPR coûte trop cher. Les Finlandais sont actuellement confrontés à ce paramètre: au lieu de leur coûter 3 milliards d’euros, l’EPR pourrait leur en coûter 6 ! Même si Areva  et EDF revoyaient toute leur préparation, la découverte de ce grave problème de sécurité leur cause un tort indéniable. Pensez-vous que les Américains qui viennent de connaitre le même problème avec leur réacteur AP 1000, voudront acheter l’EPR.

2 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Seck
mercredi 04 novembre 2009 11:02
Il ne faut pas avoir participer à beaucoup de projets industriels pour s'alarmer de la sorte (ou alors avoir des revendications douteuses). Pour les premiers chantiers, on rencontre des problèmes similaires sur tous les grands projets (que ce soit le raccordement des usines, la construction d'un nouveau train ou autres...).

Prévisible et creuse qu'est la réaction de Stéphane Lhomme. Sinon, les doutes sur la sûreté de l'EPR Finlandais sur laquelle il s'était déjà alarmé sont tombés à l'eau. Le problème de contrôle-commande a déjà été rencontré en Finlande en décembre 2008... et résolu : STUK (l'autorité de sûreté finlandaise) a validé le contrôle-commande. Sortir du nucléaire va probablement crier au complot.

[Réponse de l'auteur]
Sauf que l'EPR n'est pas le seul à âtre plombé : son concurrent principal, l'AP 1000; vient d'être atomisé par la NRC (l'ASN des USA) : http://www.cbsnews.com/stories/2009/10/15/ap/government/main5387439.shtml Alors ?
[2]
Commentaire par Seck
mercredi 04 novembre 2009 15:11
Félicitations à M. Lhomme, qui en plus de répondre à côté, cite une source qui n'a aucun rapport avec le sujet traité. Il n'est nul part question du contrôle commande dans cet article. Volonté de détourner le débat?

[Réponse de l'auteur]
Ca montre "seulement" que l'industrie nucléaire mondiale (et pas seulement française) est dans la panade la plus totale. Les deux principaux réacteurs (EPR et AP 1000) sont plombés, c'est la réalité...
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Stéphane Lhomme, 45 ans, est président de l'Observatoire du Nucléaire. De septembre 2002 à février 2010, il a été porte-parole du réseau Sortir du nucléaire. Titulaire d'un DEA en sociologie,...

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