Par Nicolas Goldberg
- Consultant en Energie
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Diplômé de l'Ecole Supérieure d'Electricité (Supélec), Nicolas Goldberg est consultant en Energie. Il est intervenu chez plusieurs acteurs majeurs du domaine de l'énergie,...
Il y a bel et bien une renaissance mondiale du nucléaire
Par Nicolas Goldberg
- Consultant en Energie
jeudi 06 mai 2010
En marge des débats du Grenelle II, les antis nucléaire se réjouissent des déboires d'Areva, et raillent "l'impossible relance". Autre son de cloche chez les pros, qui voient dans ces difficultés la mise en place d'un secteur concurrentiel très prometteur...
Qui sont ces nouveaux demandeurs de l’atome ? Difficile de ne pas voir sur la carte que l’Asie est le principal demandeur. Avec 21 réacteurs en construction en Chine, 6 en Corée du Sud et 5 en Inde, un nouveau marché et de nouveaux concurrents se créent. En Russie, 9 réacteurs sont en construction, principalement sous la responsabilité de Rosatom. Aux Etats-Unis, poussé par l’objectif de réduction des émissions de CO2, Barack Obama a annoncé la relance du nucléaire par l’investissement de 54 milliards de dollars dans le secteur. En Europe, l’Italie, dont les coûts de l’électricité pour les ménages sont parmi les plus chers d’Europe, a décidé de mettre fin au moratoire sur le nucléaire et de construire 4 réacteurs nucléaires.
Nombre de réacteurs en construction dans le monde
Source : les Echos (avec l’AIEA)
Comment se positionne l’EPR d’Areva ? Accusé d’être trop cher, l’EPR est pourtant un réacteur plus puissant que ses concurrents et plus rentable dans la durée. En effet, l’EPR est prévu pour être exploité 60 ans, tant les conditions de sécurité ont été renforcées alors que les autres réacteurs ne sont prévus que pour une autorisation de 30 ans, qui peut ensuite donner lieu à des prolongations moyennant des opérations de maintenance. En Italie, c’est d’ailleurs pour obtenir une électricité moins chère sur le long terme que le choix de l’EPR a été fait. Mais l’échec d’Abou Dhabi a mis en défaut la structuration de la filière française. En effet, comment vendre une technologie nucléaire là où Areva a des intérêts économiques et non EDF, qui n’était pas impliqué sur l’appel d’offre initial d’Abou Dhabi ? GDF Suez, le deuxième opérateur électrique en Europe et exploitant nucléaire de premier plan par sa filiale Electrabel en Belgique, doit aussi jouer un rôle. Pourtant, notre deuxième champion national manque d’une vitrine en France pour vendre son expertise à l’étranger, d’autant plus que sa demande de construction d’un réacteur ATMEA a été récemment refusée. Total, disposant de liquidités importantes et souhaitant investir sur l’après-pétrole, souhaite aussi se positionner sur le sujet mais il lui manque un savoir-faire reconnu sur le territoire français.
Le rapport Roussely, ancien président d’EDF, devrait apporter des éléments de réponses sur ces points qui restent en suspens. Cependant, tirer des conclusions hâtives sur le sujet serait prématuré : le nucléaire est une filière qui se met en place sur le long terme. La relance nucléaire, elle, aura bien lieu. Il reste à savoir si la France pourra capter les nouveaux marchés en dehors de l’Europe et comment les différents acteurs pourront y être impliqués. Par ailleurs, il est à rappeler qu’Areva n’ambitionnent que de capter 30% du marché, ce qui est un objectif raisonnable et qui témoigne bien que chaque chantier non remporté n’est pas forcément un échec, mais parfois tout simplement un contrat hors objectif.
Voir le blog Energie&Environnement de Sia-Conseil
Voir l'article "Nucléaire : des projets à voir sur le long terme"
On en parle donc quand même, du nucléaire, mais seulement à la marge.
Quelle énergie est au coeur du Grenelle II ?
Devinez.
Quel pays bizarre où la principale source d'électricité (pour l'instant) reste "à la marge". En tout cas des débats.
Cela, c'était pour l'accroche.
L'article est plutôt clair, pour qui sait lire entre les lignes.
L'auteur semble regretter le refus d'autoriser un petit réacteur pour Suez dans la vallée du Rhône.
Je suis partagé sur cette question :
D'un côté, en défenseur du service public, incontournable en matière de nucléaire vu les conditions de sécurité qui s'imposent, je suis à fond contre, rejoignant des positions défendues par des Députés comme Marcel Paul.
D'un autre côté, Electrabel a proposé un taux de disponibilité bien supérieur aux Centrales françaises, montrant que Suez savait mieux gérer les Centrales nucléaires que certains.
Enfin, il apparait que le nucléaire serait d'abord une pompe aspirante de liquidités de grands groupes, à cause des délais dépassés des chantiers EPR sans doute ?
Bref, moi aussi, j'attends avec impatience le rapport Roussely, pour sortir de ce flou.
Quant au flou sur le démantèlement, on attendra encore.
L'auteur rappelle lui-même que les Centrales actuelles, datant pour l'essentiel du début des années 80 (devinez qui a lancé le programme ?) sont prévues pour 30 ans (1980 + 30 = 2010).
56 réacteurs en construction c'est un fait avéré. Ni une promesse, ni une opinion discutable.