Par Remy Prud'homme
- Professeur émérite à l'Université de Paris XII
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Professeur émérite à l'Université de Paris XII, il a fait ses études à HEC, à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de l'Université de Paris, à l'Université Harvard,...
Eoliennes parisiennes : des promesses à la réalité
Par Remy Prud'homme
- Professeur émérite à l'Université de Paris XII
mardi 28 juin 2011
Il y a un peu plus d'un an (le 1er avril 2010), Paris a installé deux mini-éoliennes dans le XXe arrondissement. Quelle a été leur production depuis ? Zéro kWh....
Chacune de ces turboliennes allait produire, nous disait-on, 15 000 kWh d'électricité par an. J'avais alors publié sur cette même chaîne un article qui mettait en doute, sur la base des informations disponibles, le sérieux de ces promesses mirobolantes.
Un an plus tard, j'ai par curiosité cherché à savoir ce qu'il en était advenu, et combien d'électricité avait effectivement été produit au cours de l'année écoulée par ces petites merveilles écologiques. La réponse, que l'on m'a, du reste fort aimablement et honnêtement communiquée, est : rien du tout. Zéro kWh. La mairie de Paris, attirée et aveuglée par le vert comme le taureau par le rouge, s'est purement et simplement fait arnaquer, et nous avec elle.
Les éoliennes en général en France fonctionnent environ 2.000 heures par an, ce qui n'est pas beaucoup (d'autant plus que ce n'est pas forcément au moment où on a besoin d'électricité), mais ce qui n'est pas rien. Les éoliennes urbaines, en revanche, ne fonctionnent généralement pas : la force du vent dans les agglomérations est presque toujours insuffisante. C'est, paraît-il, un secret de Polichinelle chez les spécialistes de l'aérodynamique.
Cette triste histoire - que l'on se gardera de généraliser hâtivement - a une morale : l'argent public facile pour tout ce qui est peint en vert attire nécessairement des entrepreneurs malhonnêtes qui promettent beaucoup et qui tiennent peu. Pour les politiques à la manœuvre, le gain (élevé) d'une annonce démagogique claironnée est beaucoup plus grand que le coût (faible) d'un fiasco avéré caché.
Un petit peu de jugeote ne fait pas de mal, si le vent ne soufflait que 3 mois sur 12 (mais 3 mois à près de 100 km.h !) on serait quand même très embêter pour faire le départ du vendée globe... Accessoirement nos ancêtres n'aurait jamais eu de farines vu qu'il n'aurait pas pu faire tourner leurs moulins après la moisson...
Entre les dilettantes qui s'imaginent qu'il y a du vent sur les toits de Paris et ceux qui s'imaginent qu'il n'y a jamais de vent à 100 mètres de hauteur en rase campagne, il faudrait peut être voir que la météo énergétique ne s'apprend pas avec une demi heure de recherche sur Google... (surtout pour ceux qui ne mettent plus le nez dehors et restent enfermé dans un bureau sous atmosphère artificielle en perdant tout sens des éléments extérieurs...).
[Réponse de l'auteur]
La production annuelle d'une installation électrique (mesurée en Wh) est égale à sa puissance (mesurée en W) multipliée par le nombre d'heures de fonctionnement (h). Le nombre d'heures de fonctionnement est donc égal à la production divisée par la puissance. La production d'électricité éolienne en 2010 en France a été de 9,6 TWh (source: RTE, Le bilan électrique français en 2010). La puissance installée en 2010 était en moyenne de 5117 MW (Source: Wind in Progress, 2010 European Statistics). La durée moyenne de fonctionnement des éoliennes françaises en 2010 a donc été de 1876 heures. Même si cela déplait à ceux qui sont dans le vent.
La puissance d'une centrale électrique est simplement la puissance maximale qui permet de dimensionner les équipements du réseau. L'énergie produite n'est donc aucunement fonction de la puissance maximale de votre centrale électrique mais de sa puissance réellement fournie au réseau que l'on intègre en fonction du temps. Il est d'ailleurs fréquent que des centrales ne fonctionnent pas en pleine capacité pour pouvoir être capable de vendre des services d'équilibrage du réseau au gestionnaire.
Dans le cas d'une éolienne de 2 MW, la production étant proportionnelle à la vitesse du vent sa production sera comprise entre 0 (pas de vent ce qui est rare) et 2 MW (une tempête ce qui est rare) tout en passant par l'ensemble des vitesses qui permettent à l'éolienne de tourner ce qui arrive la majeure partie de l'année.
Celà dit je vous rassure toutes les personnes qui ne connaissent pas grand chose à l'éolien font cette erreur, je vous conseille ce site qui est très bien fait pour les débutants.
http://wiki.windpower.org/index.php/Main_Page
[Réponse de l'auteur]
Tout le monde - même un économiste - peut comprendre que la vitesse du vent varie dans le temps. Une centrale à gaz ou nucléaire de 2 MW qui fonctionne une heure produit 2 MWh, mais une éolienne de 2 MW qui fonctionne une heure produit seulement en moyenne 0,4 MWh. C'est ce que j'exprime en disant qu'elle fonctionne à la puissance annoncée le cinquième du temps. On peut aussi dire qu'il y a MW et MW et que le MW éolien vaut beaucoup moins que les autres. Et donc qu'il y a arnaque à les additionner ou à les comparer, ce que les éolophiles font pourtant tous les jours.
Vous vous faites une idée très peu réaliste du fonctionnement d'une centrale gaz... Selon les prix et le calendrier de la maintenance, du combustible, de l'abonnement (= disponibilité du gaz!), du prix du marché électrique, des accords avec RTE, une centrale gaz de 2 MW qui fonctionne 2 heures va souvent produire 0,4 MWh puisqu'on ne va pas la faire tourner à sa puissance maximale... C'est même assez souvent le cas dans ce type de puissance dès qu'il s'agit de cogénérations qui vendent sur le marché électrique.
Le Texas a déjà eu un arrêt de sa production électrique parce que le réseau de gaz était saturé, plusieurs fois par an la France doit déclencher des importations massives en urgence parce qu'un incident technique oblige à fermer un réacteur, le vent n'est en fait qu'un aléa parmis tant d'autres (d'autant plus qu'une éolienne a un fiabilité de près de 99%, loin devant toutes les centrales thermiques qui doivent supporter la contraintes physiques des hautes températures). La centrale électrique qui fonctionne 24h/24 et 7j/7 n'existe pas, c'est bien pour ça qu'on a inventer le réseau électrique...
Mais comme d'habitude la vérité est tout autre. Je serais d'ailleurs curieux de savoir si cette info est publique.
Par contre, il n'empeche que si on les installait sur un vrai site, je ne crois quand même pas qu'elles produiraient 15000kWh.
Il serait à mon sens plus pertinent d'attirer l'attention sur un vrai site d'analyse indépendant comme le SEPEN qui décortique la réalité des chiffres plutot que de flinguer toutes les opérations de comm des ENR et notamment des éoliennes dont l'esthétique se prete mieux à ça qu'un m² d'isolant.
Mais pourtant la région Parisienne à un vent moyen de l'ordre de 5.2 m/s à 25 m de hauteur ce qui veut dire que sur la terasse d'un immeuble dans Paris même, avec une éolienne tri pâles de 3 kW je prends le pari de produire plus de 5000 kWh par an , avec un taux de charge de plus de 1500 h ,et ça ce n'est pas du vent .De temps en temps il faut s'adresser aux bonnes personnes pour prouver que le petit éolien à sa place même en milieu urbain , au milieu de millions de véhicules.
Michel Justo/ Aquitaine Aerogenerateurs
[Réponse de l'auteur]
Zéro est un chiffre. C'est celui que m'ont donné les responsables de la Maison de l'Air.
j'ai interrogé directement la marque concernée qui me précise que les éoliennes "founies par elle et donc entièrement gratuites" ne servent que de publicité et "présentation d'intégration dans un site urbain", elles n'ont donc pas été "connectées" d'où le 0 de production que vous citez ! Et qui évidemment était étonnant car on imagine mal une éolienne ne jamais tourner et ne pas être capable de produire 1 watt de sortie ! Pour le grand éolien, plus de 100 pays ont des programmes éolien dans le monde actuellement et çà fait déjà plus de 30 ans qu'elles ont fait leurs preuves par exemple au DK et pour information elles coûtent moins cher que le nucléaire, en plus seule 1 sur plus de 1700 a été légèrement affectée au Japon lors du tsunami et tremblement de terre d'échelle 9 et n'ont pas cessé de produire !! A propos du nucléaire cette courte vidéo va vous intéresser car c'est un constat qui se confirme chez les opérateurs du secteur :
http://www.youtube.com/watch_popup?v=j_EbrOjIGkQ&feature=player_embedded
[Réponse de l'auteur]
En voulant sauver le petit éolien Curieux enfonce la Mairie de Paris. Voilà donc une municipalité qui reçoit des cadeaux d'une entreprise privée et qui sert la publicité de cette entreprise. Voilà surtout une municipalité qui, sachant parfaitement (selon Curieux) que ces éoliennes ne seraient pas connectées, affirmait que ces éoliennes "devraient rendre la Maison de l'Air autonome en énergie" (source: l'article de la chaine énergie qui l'annonçait) pourraient "couvrir la moitié de la consommation d'un immeuble parisien" (source : idem). De deux choses l'une : ou bien la Mairie était de bonne foi et elle s'est fait arnaquer - ce que je pensais naivement - ou bien elle a sciemment raconté des salades, et nous a arnaqué - ce qui ressort des affirmations de Curieux.
Ces propos sont totalement erronés et clairement diffamatoires. Si l’auteur avait pris le soin de se renseigner il aurait appris que la totalité du budget (éolienne, montage, raccordement) avait été pris en charge par «l’entrepreneur malhonnête » et que la Mairie de Paris n’avait dépensé aucun argent public.
Cette opération avait un rôle pédagogique en faveur du petit éolien, un objectif de communication tant pour le constructeur que pour la Maison de l’Air et le souci de démontrer la capacité d’intégration de cette technologie en milieu urbain, ce qui a été réalisé.
Il est donc extrêmement regrettable et dommageable que cet auteur puisse diffuser des informations mensongères et non vérifiées et que celles-ci puissent être relayées par des journaux nationaux largement diffusés.
Dans tous les cas de figures une éolienne est faite pour fournir des kWh avec intégration ou non en milieu urbain comme dans ce cas précis ,cela ne veut pas dire qu'elle doit servir de statue ou alors sa place n'est pas là mais dans une galerie d'art.Le petit éolien n'a pas vocation à être admiré mais à se confondre dans notre paysage et produire une électricité indépendante de notre grand groupe national . il est souhaitable que la capitale réitère ce genre de promotion pour le petit éolien ,L'AFPPE association Française pour le petit éolien pourra orienter leurs demandes vers des sociétés de grands talents pour certaines.
Et si par hasard cette éolienne n'avait pas été connectée( du jamais vu ) en étant là que pour le plaisir des yeux , permettez moi de vous dire que cela ne va pas aider la filière une fois de plus , il serait temps de les démonter pour y mettre des éoliennes digne de ce nom.
Mi chel Justo/ Aquitaine Aerogenerateurs.