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Les ingénieurs français à l’honneur


dimanche 23 décembre 2007

Les « Prix des ingénieurs de l’année » récompensent les travaux les plus innovants et prometteurs des ingénieurs français. Tour d’horizon sur la cuvée 2007.


default textLes deux publications « Industrie & Technologies » et « Usine Nouvelle », en collaboration avec le Conseil National des Ingénieurs et scientifiques de France (CNISF), a remis la semaine dernière ses 4eme « Prix des Ingénieurs de l’Année ».

La sélection s’est effectuée dans sept catégories. Rapide revue des lauréats, avec le site http://www.industrie-technologies.com/ :

POUR UN DEBUT PROMETTEUR : Stéphanie Pitre-Champagnat, pour un imageur gamma compact pour la cancérologie.

Passionnée par la médecine et l’ »instrumentation », Stéphanie Pitre-Champagnat, 32 ans, a mis au point à l’Institut de Physique Nucléaire d’Orsay un outil d’imagerie médicale utilisable en bloc opératoire pour localiser les lésions tumorales. Elle ne s’est pas contentée de concevoir la caméra : avec des physiciens et des médecins, elle teste l’appareil en conditions réelles à l’hopital Tenon. D’ici la fin du mois de février 2008, la petite gamma-caméra va être testée sur 200 patientes atteintes de cancer du sein, ajoute « Industrie et Technologies ».

POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE : Marc Vergnet, pour une éolienne de 1 MW à mat rabattable et le binôme Jean-Louis Laruelle et Patrick Laperdrix, pour des bacs de rétention d’eau sous chaussée réalisés à l’aide de pneus usagés

Pour la société Quille, Jean-Louis Laruelle et Patrick Laperdrix ont eu l’idée d’utiliser des pneus usagés pour réaliser un bassin de rétention des eaux pluviales sous la chaussée. Le concept a été appliqué au nouveau centre de distribution de pièces de rechange de Renault, à Villeroy dans l’Yonne, un ensemble de quatre bâtiments sur une surface couverte de 153 000 m2. Quelque 600 000 pneus cisaillés, ont été utilisés. Ils permettent de retenir jusqu’à 5 200 m3 d’eau afin d’en réguler le débit d’évacuation.

Marc Vergnet (Société Vergnet) a extrapolé la technique des éoliennes de 250 kW qu’il fabrique déjà. Il s’est attaqué à un engin de 1 MW, qui peut être rabattu et sanglé au sol en cas de conditions extrêmes, un système adapté aux pays tropicaux.

POUR L’INNOVATION : Raoul Parienti, pour un lecteur portatif transformant les caractères écrits en braille pour les malvoyants.

A 59 ans, diplômé du Conservatoire national des arts et métiers, PDG de Vision SAS, Raoul Parienti a déjà inventé plus de 130 appareils, dont celui qui lui vaut son prix, le Top-Braille.
Ce boîtier léger – moins de 100 grammes - a la taille d’une télécommande. Il suffit de le déplacer sur un document écrit pour que les caractères imprimés soient automatiquement transcris un à un en braille ou énoncés grâce à une synthèse vocale. Raoul Parienti a eu l’idée du Top-Braille dès les années 70 pour aider sa sœur malvoyante. Mais il a dû parcourir, selon son expression, « un vrai parcours du combattant » avant de trouver un financement et de construire un prototype en décembre 2005. Sa société Vision SAS a lancé la production en avril dernier.


POUR UN PROJET INDUSTRIEL : Georges Palais et François Lacôte, pour le TGV Est V150 qui a établi le record du monde de vitesse sur rail à 574,8 Km/h.


Georges Palais, 60 ans, diplômé du CNAM et Directeur de projets chez Alstom, et François Lacôte, 60 ans, X-Ponts, Directeur technique d’Alstom , ont conduit le projet qui a abouti le 3 avril dernier : le TGV de la toute nouvelle ligne à grande vitesse Paris-Strasbourg accélère par paliers pendant 13 longues minutes, jusqu’à atteindre 574,8 km/h, pulvérisant les 515,3 km/h de 1990. Mobilisant environ 150 personnes pendant 2 ans, le projet aura coûté 30 millions d’euros.

POUR UN ENTREPRENEUR : Sylvain Yon, Cofondateur d’Echosens qui développe des outils non invasif permettant de mesurer l’élasticité du foie

A 33 ans, ce docteur en physique, diplômé de l’Ecole supérieure de physique Chimie de Paris (ESPCI) est un spécialiste du traitement du signal. S’appuyant sur le concept de l’élastographie impulsionnelle (qui repose sur l’émission d’une onde basse fréquence d’environ 50 Hz sous la forme d’une pichenette dont on suit le déplacement dans les tissus par ultrason), il développe fin 2003 un appareil d’application baptisé Fibroscan et obtient les certifications. Avec une équipe de R&D de 15 personnes, il développement maintenant des sondes adaptées aux enfants et aux personnes en surpoids, et d’autre part la déclinaison du concept du Fibroscan à d’autres pathologies.

POUR LA SCIENCE : Jean-François Pinton, François Daviaud et Nicolas Mordant , pour la reproduction du magnétisme terrestre en laboratoire.

Leur recherche aura pris une décennie, coûté quelques millions d’euros, fait collaborer entre dix et vingt experts, et se sera conclue, fin 2006, en première mondiale. L’expérience reproduit le magnétisme des astres et rend compte des retournements de pôle magnétique que la Terre connaît à l’échelle des temps géologiques. Cette expérience réunit le CNRS, l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Paris, celle de Lyon et le CEA Saclay. L’idée : faire tourner à grande vitesse une masse de sodium liquide dans une double turbine. « Et elle ‘‘tourne’’…au CEA Cadarache (Bouches-du-Rhône) », souligne « Industrie et Technologies ».

POUR SON ŒUVRE : le prix, attribué à un ingénieur pour l’ensemble de sa carrière, a été remis à Emmanuel Desurvire .

A 52 ans, directeur des activités de recherche en Physique chez Thales, il est l’auteur de 210 publications, titulaire de 113 brevets. Il est à la tête de près de 70 chercheurs travaillant sur des sujets aussi variés et que la supraconductivité, le nanomagnétisme, les lasers, la cryptographie quantique… Il a été le co-inventeur de l’amplification optique en 1986, qui est le moyen de régénérer le signal lumineux dans une fibre optique. Résultat, il n’est plus nécessaire de régénérer le signal optique tous les 50 km, mais tous les 200 voire plus.

La suite ?, s’interroge « Industrie et Technologies ». Peut-être le Nobel. L’an dernier, il n’est pas passé loin. Son nom circulait parmi les favoris pour le prix de Physique. Finalement il a été décerné à Albert Fert … son voisin de bureau.

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