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La chronique scientifique avec Scitizen.com


samedi 21 juillet 2007

La fonte des glaciers va faire monter le niveau des mers plus vite - Une vague gigantesque fait naître l’Angleterre – Bocaux de billes colorées et migrations des premiers hommes – Wikipedia est-il fiable ? La diversité scientifique au travers des interviews du portail Scitizen.com


Retrouvez les informations originales (en anglais) sur le portail collaboratif www.scitizen.com

default textMark Meier est professeur à l'Institut de recherches arctiques et alpines de l'université du Colorado. Il explique un de ses articles paru dans Science.

"La principale cause d’élévation du niveau des mers, d’ici 2100, sera la fonte des glaciers mondiaux (Himalaya, Alaska, Afrique, Amérique du sud, etc…,) plus que celle des glaces de l’Arctique et de l’Antarctique. Ces glaciers déversent annuellement 400 kilomètres cubes d’eau dans les océans, soit une élévation de 1,1 millimètres, alors que les couvertures glaciaires de l’Arctique et de l’Antarctique sont responsables d’une montée de 0,18 mm. En outre, le volume déversé augmente de 12 km cube par an. D’ici 2100, nous prévoyons une augmentation, due à cette eau nouvelle, allant jusqu'à 560 mm , sans compter l’accroissement du volume dû au réchauffement de l’eau. A la même échéance, le GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat) parle d’une augmentation globale allant jusqu'à 500 mm, mais en incluant l’expansion thermique. Il sous estime donc le rythme de montée du niveau des mers".

Sanjeev Gupta est géologue à l'Imperial College de Londres. Il commente un article qu'il a écrit dans la revue Nature

"Au plus froid des périodes glaciaires, quand la glace s'étendait sur la mer du Nord et unissait le continent européen à la Grande-Bretagne, un grand lac se constitua. Il était bordé au nord par cet amas glacier et était retenu au sud, au niveau des actuelles falaises de Douvres, par une grosse chaîne de roches crayeuses, qui allait de l'Angleterre jusque dans le nord de la France. L'eau se concentra dans ce lac et finit par emporter le cordon rocheux. Une immense vague se déversa alors dans le "channel", creusant tout un système de vallées aujourd'hui sous-marines. Cette rupture modifia les cours du Rhin et de la Tamise qui se jetaient autrefois dans la mer de Norvège. La mer du Nord finit par communiquer avec le "channel" et l'Angleterre devint une île.
Cette formation brutale était depuis longtemps envisagée mais non prouvée. Nous l'avons mise en évidence grâce à l'étude par ondes sonores des fonds marins, qui a révélé l'existence d'une large vallée, semblable à d'autres configurations déjà observées dans le monde, notamment dans l'ouest des Etats-Unis, dans l'Etat de Washington, où s'était produit, il y a 15.000 ans, une inondation cataclysmique".

Andrea Manica travaille au département de zoologie de l’université de Cambridge. Aves ses collègues, elle a étudié 4.500 crânes masculins, provenant de 105 populations différentes d’ancêtres de l’Homme. Elle est arrivée à la conclusion que l'homme est originaire d'Afrique et a écrit dans Nature un article qu’elle commente.

"Une idée souvent avancée est que les ancêtres de l’homme sont apparus en Afrique, sont restés là bas pendant une longue période, puis qu’une partie d’entre eux, il y a sans doute 60.000 ans, sont sortis d'Afrique et ont colonisé le monde entier.
Si ce scénario est vrai, nous avons donc une population très stable, pendant très longtemps, qui s'est diversifiée au cours de mutations successives. Quand une partie seulement des individus quittent la population principale et change de zone, elle perd en diversité. Et cela se répète. Pourquoi ?
Imaginez un bocal plein de billes de différentes couleurs, qui représentent des types diversifiés en termes génétiques ou morphologiques. Vous en sortez quelques unes du bocal. Il n'y a que quelques couleurs présentes dans votre main. Vous remplissez alors avec elles un nouveau bocal, puis vous recommencez l'opération. Chaque fois que vous commencez un nouveau bocal, votre diversité diminue.
L'Homo Sapiens est-il  apparu en un endroit précis d'où il a essaimé ou bien s'est-il développé parallèlement en divers points du globe aux mêmes périodes. Nous avons testé l’Afrique puis plusieurs régions du monde pour voir s'il y avait d'autres endroits ou l'on trouve une telle diversité au centre puis une perte progressive de cette diversité au fur et à mesure que l'on s'éloigne. Nous avons constaté que la meilleure place est quelque part en Afrique subsaharienne".

Cinq étudiants journalistes ont enquêté sous la direction de Pierre Assouline, professeur à Science Po, sur la qualité des contributions soumises à l’encyclopédie Wikipédia. Béatrice Roman-Amat a participé à cette étude.

"Une encyclopédie collaborative qui peut être modifiée par tous n’est jamais à l’abri du vandalisme, de la malveillance ou d’une volonté de propagande. On le remarque notamment sur tous les articles qui ont trait à la religion, à l’actualité, également à l’histoire, même si les sujets les plus chauds font l’objet d’articles semi protégés ou protégés afin qu’ils ne puissent pas être vandalisés en permanence. Nous avons par ailleurs remarqué qu’il y avait souvent des sortes de micro guerres internes à Wikipédia.
Par exemple, dans la nuit qui a suivi le débat entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal sur le réacteur EPR, il y a eu des dizaines et des dizaines de modification entre générateur EPR de 3ème ou de 4ème génération. Nous voyons bien que certaines personnes essayent de faire un usage idéologique de Wikipédia.
Nous voulions aussi revenir sur l’enquête de Nature toujours citée comme référence par les gens qui défendent Wikipédia, qui avait dit que Wikipédia était aussi fiable sur un certain nombre de sujets de science que l'Encyclopædia Britannica. Nous ne faisons pas reproche à l’étude en tant que telle, mais à la façon dont cette étude est instrumentalisée pour valoriser Wikipédia puisque l’étude porte sur des articles exclusivement scientifiques, notamment de sciences dures, de physique ou de mathématiques. Je pense personnellement que si l’étude avait porté sur des sujets de politique, de religion ou de philosophie, le résultat aurait été très différent parce que ces sujets portent à polémiques".