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Ancienne responsable d’une agence de conseil en communication, Sophie d’Anhalt a quitté le monde de la publicité pour celui de la presse professionnelle de l’environnement...
Bientôt des bateaux électriques...à quai
mercredi 18 mai 2011
Après les voitures, les vélos et les scooters, voici les bateaux
électriques, en tout cas à quai... Une avancée qui nous vient de Suède.
Début avril, la Commission européenne a autorisé, pour trois ans, la détaxation de l'électricité produite sur le continent à destination des navires au mouillage. Passée inaperçue, la mesure n'a pas pour but d'accroître les profits des compagnies électriques, mais plus sûrement de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) d'un secteur qui, bien qu'il soit en plein développement, n'est frappé d'aucune contrainte carbone : la marine marchande. C'est la conséquence du laxisme de l'organisation maritime internationale qui n'entend pas freiner l'activité croissante d'un secteur responsable de près de 4 % des émissions mondiales de CO2.
Deux tonnes par escale
Lorsqu'ils sont à quai, la plupart des navires de commerce produisent leur propre courant grâce à leurs machines ou à des groupes électrogènes auxiliaires fonctionnant au gazole. Le montant de la facture carbone est souvent lourd. Durant l'escale, un paquebot peut produire 5 000 kWh, émettant du même coup environ 2,1 tonnes de CO2 dans l'atmosphère.
Pour alléger cette empreinte carbone, de rares autorités portuaires proposent aux équipages de leur fournir l'électricité nécessaire, leur évitant d'utiliser leurs machines émettrices de CO2, de dioxyde de soufre et d'oxydes d'azote. Göteborg est le premier port à avoir mis en oeuvre cet Onshore Power Supply (OPS).
Au début des années 2000, le port suédois entend attirer des entreprises, dont le géant du papier Stora Enso. L'industriel finlandais veut bien déplacer ses activités, à condition que son nouveau port d'attache soit irréprochable sur le plan environnemental. Le plus grand port de Scandinavie équipe alors plusieurs de ses quais d'OPS et Stora Enso débarque.
N'oubliez pas le transfo
Pour autant, l'électrification des quais, seule, ne suffit pas à réduire le bilan carbone des bateaux. Les navires ne peuvent utiliser le courant de 20 000 V circulant dans les réseaux de distribution d'électricité. Les Suédois ont donc pris leur bâton de pèlerin pour convaincre les propriétaires d'équiper leurs ferries, cargos et autres vraquiers de transformateurs capables de convertir le courant à moyenne tension en 400 V utilisables sur le navire.
Le succès n'a pas été rapide. Mais la Commission ayant menacé de faire entrer le transport maritime dans le
système des quotas d'émission, les armateurs commencent à franchir le pas. Color Lines vient d'équiper de « transfos » ses deux maxi-ferries, le Color Fantasy et le Color Magic. APL, l'un des plus importants propriétaires de porte-conteneurs, a récemment modernisé cinq de ses mastodontes pour leur permettre de se brancher sur l'OPS du port de Göteborg.
Stela Lines, l'un des grands mondiaux de l'industrie du ferry, a financé l'installation de lignes électriques sur ses quais à Rotterdam (Pays-Bas) et à Karlskrona (Suède). Des pionniers qui seront suivis. À la fin de l'année passée, le gouvernement néerlandais a annoncé qu'il subventionnerait l'équipement en OPS des ports et des navires battant son pavillon tricolore.
Initié en Europe du Nord, le mouvement prend de l'ampleur en Amérique du Nord : Los Angeles, Seattle et Long Beach sont déjà équipées. Fin 2010, le Canada a débloqué 2,5 millions de dollars dans l'électrification des quais du port de Prince Rupert (Colombie britannique), l'une des portes d'entrée de la Chine.
Voir la lettre de L'usine à GES
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Et l'exemple des aéroports montre que même équipés, ils ne peuvent contraindre les compagnies à se brancher. Elles ne le font pas toujours, par flemme ou parce que le pétrole n'est pas assez cher. Plutôt que détaxer l'électricité, mieux vaudrait taxer le carbone à la source.