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 - Président fondateur de Sauvons Le Climat

Auteur
Ingénieur et docteur ès sciences, Hervé Nifenecker est Président fondateur du collectif  Sauvons le Climat, qu'il a créé en 2004. Il s'exprime sur "la chaîne Energie" à titre personnel...

Ouvrons le débat sur la politique européenne de l’électricité


mardi 08 février 2011

Euro, gouvernance économique, immigration : « fédéralistes » et partisans de l’Europe des Etats se disputent depuis des années, mais l’énergie est rarement incluse dans ce débat. Claude Mandil a proposé de partager l’électricité! Qu’en pensez-vous ?


Le débat sur la réalisation d'un vrai marché européen de l'électricité est parfaitement illustratif de celui qui met aux prises, avec plus ou moins de nuances, ceux qui rêvent d'une Europe fédérale et ceux qui considèrent que les nations doivent encore être les instances principales des choix politiques, dans une optique plus confédérale.

La réalisation d'un marché européen de l'électricité devrait être précédée par le choix d'une politique de l'électricité, et pour cela il y a lieu de comparer les avantages et inconvénients des approches de type "fédéral" et "confédéral ».

 Claude Mandil (voir sa contribution) a très bien présenté les arguments favorables à l'approche de type fédéral. Parce qu'elle permettrait un fonctionnement en base des réacteurs nucléaires, il ne fait pas de doute qu'elle serait avantageuse pour EDF, d'autant plus que le prix européen de vente du courant sera largement supérieur aux prix régulés actuels. Les réacteurs nucléaires deviendront une machine à cash extraordinaire (de même, d'ailleurs, que les barrages hydroélectriques).

Mais, dans le cadre d'un marché unique de l'électricité, peut on encore appliquer l'équation EDF=France? L'intérêt d'EDF sera-t-il le même que celui de la France? Pour ce qui concerne les gains à l'export de la vente de l'électricité, seront ils suffisants pour compenser la détérioration de notre compétitivité due à l'augmentation du prix de l'électricité?

Les Français accepteront-ils de voir le prix de leur électricité augmenter pour permettre à EDF de gonfler ses bénéfices? Alors qu'on leur demandera, en même temps, d'accepter, afin de réduire les émissions européennes de gaz carbonique, la construction de nouveaux réacteurs pour subvenir aux besoins de ceux de leurs voisins qui refusent, eux, le nucléaire ?  Je suis convaincu que si l'Europe veut diviser ses émissions par 4 ou 5 à l'horizon 2050 le recours au nucléaire, pour au moins 50% de la production d'électricité est indispensable. L'objectif de réduction des émissions de CO2 ne sera pas atteint si l'Allemagne, en particulier, ne revient pas sur sa politique de sortie du nucléaire; or l'instauration d'un marché unique de l'électricité déresponsabilisera les Etats, et ne les encouragera pas à décider de politiques éventuellement impopulaires.

La façon la plus efficace d'atteindre l'objectif du "facteur 4" est que l'Union Européenne fixe des objectifs spécifiques aux Etats membres en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, tout en les laissant libres de définir les moyens les plus appropriés (en d'autres termes laisser tomber les objectifs dérivés comme le pourcentage d'énergie renouvelable et le taux de décroissance de la consommation énergétique au bénéfice d'une plus grande ambition dans la réduction des émissions). Que les responsabilités soient bien définies me paraît indispensable pour que le but soit atteint.

La question de la responsabilité est particulièrement critique dans le secteur de l'électricité: qui serait responsable de la fiabilité de la fourniture d'électricité? Même en France, après la dérégulation, sait on que le responsable, en dernier recours, d'un écroulement du systèmeélectrique ne serait plus le PDG d'EDF mais le Ministre? En effet, les responsabilités quiétaient celles du PDG d'EDF sont désormais éclatées entre les PDG des producteurs (EDF,Suez-GDF, Directe Energie, etc.), celui de RTE, celui d'ERDF, et la Commissions de Régulation de l'électricité. Seul le Ministre a autorité sur cette multitude d'organisations.

Que sera-ce dans un cadre européen? Devra-t-on s'adresser au Commissaire à l'Energie? Mais, dans la mesure où n'existerait pas de politique commune de production et distribution de l'électricité, comment pourrait s'exercer cette responsabilité?

Il faut de la méthode. Penser que mettre en place une structure, comme le réseau, entrainera automatiquement la naissance d'une politique est une illusion. Cela ne peut que se heurter à l'impopularité des décisions (augmentation des prix et fin des tarifs régulés). Il faut commencer par choisir le politique commune et plutôt que d'accepter les projets pharaoniques de transport d'électricité de la Commission il serait beaucoup plus sage de revenir à des collaborations bien définies entre Etats.
1 commentaire(s)
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Commentaire par carl
mercredi 09 février 2011 09:18
attention au prix ...car l'electricité n'est pas un luxe ! Attention a l'environnement , aux hommes , aux fond marins , aux oiseaux , aux paysages !!!! on assiste a une course au gigantisme et puissance ...trés bien mais j'aimerai aussi voir une course a l'éloignement pour le offshore ! Au lieu de cela le gouvernement cherche a contourner les lois du littoral ....c'est catastrophique comme comportement . pour l'environnement je serais satisfait quand on décidera de mettre ces " bâtiment industriels" a plus de 22 km et encore beaucoup plus loin dans quelques années !
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