Par Hervé Nifenecker
- Président fondateur de Sauvons Le Climat
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Ingénieur et docteur ès sciences, Hervé Nifenecker est Président fondateur du collectif  Sauvons le Climat, qu'il a créé en 2004. Il s'exprime sur "la chaîne Energie" à titre personnel...
Capturer le CO2 : bientôt une obligation pour les centrales thermiques ?
Par Hervé Nifenecker
- Président fondateur de Sauvons Le Climat
lundi 02 mars 2015
Il faut imposer à toute nouvelle centrale thermique de production d'électricité d'être équipée d'un système de capture et de stockage de C02 (CSC). En 30 ans, le parc serait « propre ». C'est l'appel d'Hervé Nifenecker au président François Hollande en vue de la conférence COP21.
Il est aussi possible de capturer et stocker le CO2 émis dans les fumées des centrales à flamme utilisant des combustibles fossiles. A l'occasion de la COP21 la France devrait proposer aux parties (les Etats) à s'engager à ne plus autoriser le démarrage de nouvelles centrales utilisant des combustibles fossiles sans système opérationnel de Capture-Stockage de CO2 opérationnel
Pourquoi choisir cette option ?
La CSC, à quelques exceptions près, coûte cher (1). Les opérateurs, qui ne sont pas des philanthropes, ne sont donc pas incités à développer cette technique. Schématiquement deux approches peuvent être envisagées pour les amener à investir dans la CSC :
* une taxe carbone qui soit à un niveau suffisant pour que la CSC soit rentable ? Le niveau de la taxe nécessaire est estimé à plus de 100 euros par tonne de CO2. Le coût moyen de l'électricité augmenterait de 50%. Une telle augmentation brutale serait économiquement insupportable. Il faudrait donc et l'étaler et retarder la mise en service de centrales équipées. Le contrôle des efforts des états sera très difficile, et la prévisibilité des résultats extrêmement aléatoire.
* Utiliser la réglementation en imposant à toute nouvelle centrale d'être équipée d'un système de CSC opérationnel. La durée de vie des équipements étant de l'ordre de 30 ans, le parc de centrales à flamme serait « propre » au bout de cette période. La disposition d'une électricité produite avec très peu de rejet de CO2 permet aussi de dé-carboner le secteur des transports (véhicules électriques ou à hydrogène) et celui de la production de chaleur.
Une objection contre cette approche est qu'elle défavoriserait les pays en voie de développement qui ont besoin d'une électricité bon marché et dont les possibilités d'investissement sont limitées. Bien évidemment, l'installation de systèmes de CSC devrait bénéficier du Mécanisme pour un Développement Propre (MDP), éventuellement amélioré. L'application de normes réglementaires a montré son efficacité dans de nombreux domaines : généralisation des centrales propres limitant considérablement les émissions d'oxyde de soufre et d'azote ainsi que celles de poussières, généralisation des normes sécuritaires et d'émission pour les véhicules automobiles etc.
Le rôle de la présidence française
La France, étant le pays organisateur de la COP21 (Conference of the Parties 21) et en assurant la présidence, a un rôle très important pour aboutir à des engagements significatifs des Etats participants. Les Ministères des Affaires étrangères et de l'Environnement ont fait de la préparation de cette
conférence une de leurs priorités.
A l'heure actuelle il ne semble pas qu'émerge une stratégie claire pour aboutir à un résultat significatif. Dans cette situation compliquée, une approche rationnelle demanderait de choisir les actions les plus efficaces pour diminuer les rejets de gaz à effet de serre. C'est le sens de la pétition adressée au Président de la République Française, postée sur le site Avaaz.
Si vous souhaitez la signer, vous pouvez cliquer ici
(1) Très approximativement, la CSC double l'investissement initial et augmente le coût du kWh de 50%. La seule technique qui peut être rentabilisée est de réinjecter le gaz carbonique dans un gisement pétrolier ou gazier pour en améliorer la production.
(2) Instauré dans le Protocole de Kyoto, le mécanisme MDP vise à monétiser en quotas de carbone toute installation de technologies réduisant les émissions de GES dans les pays en voie de développement. .
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Pétroles non conventionnels : coupes drastiques dans les investissements
[Réponse de l'auteur]
Qui? Vous en savez plus que moi.
[Réponse de l'auteur]
Il y quand même les expériences de Weyburn et Sleipner qui fonctioonent depuis plus de 10 ans au niveau du million de tonnes stockées par an. Je suggère de se reporter à la mise au point de Bernard Durand sur le site de SLC : http://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/CCS/co2-sequestration.pdf S’il s’avère impossible de capter et stocker le CO2 à l’échelle nécessaire il restera deux solutions , pas forcément incompatibles : les énergies renouvelables et le nucléaire. En tout état de cause, il serait inadmissible de continuer à envoyer des dizaines de milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère alors qu’on sait très bien faire autrement.
[Réponse de l'auteur]
Je pense qu’il serait très instructif que l’Allemagne refuse la mise en œuvre de la CSC pour ses futures centrales à charbon, lignite ou gaz. Je ne pense pas qu’elle le ferait, mais qu’elle saurait en tirer des bénéfices industriels et que ses entreprises seraient parmi les premières à fournir du CSC clés en main.
[Réponse de l'auteur]
Il faudra payer plus cher notre électricité et injecter le CO2 dans des nappes aquifères salines
[Réponse de l'auteur]
Cet article concerne les émissions de CO2 produites par les centrales électriques au niveau de la planète. La France dont le système de production d'électricité est déjà, largement, dé-carboné, n'est que peu concernée (10 % de fossiles dans le Mix électrique). En même temps cette performance peut renforcer son poids dans les discussions qui se tiendront à la COP21.
[Réponse de l'auteur]
Je ne suis pas un défenseur de la CSC. Je constate simplement que tous les constructeurs de scénarios du futur (AIE, OCDE, IIASA et IAMC) en font largement usage. S'ils ont tort il vaut mieux le savoir rapidement et ne plus construire de centrales à flamme, du moins si nous voulons éviter une augmentation de la température globale de l'ordre de 4 degrés.
[Réponse de l'auteur]
Je pense que l'enjeu n'est pas de diminuer (à l'échelon mondial)la consommation énergétique mais les émissions de Gaz à effet de serre. Taxe CO2 oui, Taxe énergie non...
[Réponse de l'auteur]
Il s'agit donc d'une question de fiscalité en France, domaine dont je ne suis pas spécialiste.
[Réponse de l'auteur]
La rente nucléaire bénéficie aux français par des prix bas de l'électricité (2 fois moins chère qu'en Allemagne) et par les dividendes versés à l'Etat qui est, de loin, le principal actionnaire d'EDF. Aller plus loin, ou bien conduirait à une augmentation des prix payés par les consommateurs, ou bien à la diminution des investissements. D'ailleurs qu'est la CSPE si ce n'est une taxe sur l'énergie?