Par François Dauphin
- Expert international énergie
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François Dauphin est ingénieur INSA Génie Electrique 1984, Supélec 1985 et diplômé de l'Ecole de Management de Lyon en 2002. Il est depuis janvier 2012 en charge du développement pour les pays francophones...
Menaces sur le cours de bourse des actions EDF
Par François Dauphin
- Expert international énergie
lundi 09 janvier 2012
"La chaîne Energie" poursuit le débat sur les conséquences du rapport de l'ASN sur la sûreté nucléaire. Pour François Dauphin, expert sur les questions de l'énergie et du climat, EDF doit faire face à une série d'incertitudes dangereuses pour ses finances...et donc pour son cours de bourse.
Celui-ci a baissé de plus de 7 % en trois jours, ramenant la première participation financière de l'Etat Français à 33 milliards.
Cette nouvelle baisse pourra surprendre l'investisseur privé, qui aura vu sa mise se réduire de moitié depuis la privatisation de 2005. Il devra néanmoins s'habituer à ce que l'évolution du cours d'EDF soit régulièrement impactée dans les années à venir par les décisions des autorités administratives.
Après le rapport de l'ASN, trois au moins sont à venir et pourraient avoir un impact majeur :
1) Le montant des provisions dédiées au démantèlement des centrales. Il convient de rappeler que contrairement aux autres moyens de production d'électricité, les provisions pour démantèlement des centrales nucléaires ont été constituées uniquement à compter de l'année 2000 et devaient l'être en totalité au plus tard pour 2011. Les provisions étaient de 12,4 milliards d'euros au 30 juin 2010 auxquels sont venus se rajouter 2,3 milliards d'euros fin 2010 par le biais de l'apport de 50 % des actions de RTE. Le groupe EDF a obtenu, depuis la publication de la loi NOME, cinq années supplémentaires pour constituer un portefeuille d'actifs de 16,9 milliards d'euros.
Si la constitution de ce financement complémentaire ne posera pas de souci, reste à savoir si le montant prévu de 300 millions d'euros par réacteur est suffisant ou non. La Cour des Comptes avait estimé, en 2003, un montant à provisionner compris dans une fourchette allant de 340 à 680 millions par réacteur. Le président d'honneur de la Compagnie nationale des commissaires aux comptes l'a récemment ré-estimé à 700 millions par réacteur. Les Anglais de leur côté, ont provisionné 2,7 milliards d'Euros par réacteur. L'un des deux pays s'est donc manifestement lourdement trompé mais reste à savoir lequel ? La commission nationale d'évaluation du financement des charges de démantèlement, créée en 2008 et qui s'est réuni pour la première fois en 2011, n'a pas encore publié de rapport public. La publication de celui-ci peut réviser sérieusement les provisions évoquées précédemment.
2) Les provisions allouées à la gestion des déchets nucléaires. Elles présentent elles aussi un caractère aléatoire pour l'action d'EDF. L'agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) chiffrait en 1996 le coût du stockage profond à 14 milliards d'euros mais publiait en 2003 une nouvelle fourchette allant jusqu'à 58 milliards d'euros. Dans son dernier bilan, EDF avait provisionné la somme de 17,9 milliards mais précisait que "les provisions constituées pour les opérations de traitement du combustible usé et pour la gestion à long terme des déchets pourraient s'avérer insuffisantes".
3) Les risques liés à la mise en place d'un fond international d'indemnisation pour les victimes des accidents du nucléaire civil. Compte tenu des déboires que rencontre actuellement la société TEPCO, 3ème opérateur électrique mondial, pour faire face à ses obligations, on voit mal comment les industriels du nucléaire pourront éviter la mise en place d'un fond international de type FIPOL (fonds international mis en place par l'industrie pétrolière après la catastrophe du Torrey Canyon). Or la mise en œuvre d'un tel financement ne pourrait se faire que par l'industrie nucléaire elle-même et probablement au prorata du nombre de réacteurs ou de la puissance installée. En partant du coût estimé de la catastrophe de Fukushima, les provisions à constituer par EDF seraient alors probablement supérieures à 20 milliards. A titre de comparaison, Assuratome couvre aujourd'hui le marché français sur une base de 700 millions d'euros, le reste étant couvert par l'Etat.
Aux incertitudes des provisions, on peut rajouter les conséquences importantes sur le compte d'exploitation d'EDF qu'a eues la fixation du prix d'accès à l'électricité nucléaire de base et celles qu'auront après les élections présidentielles de 2012 les décisions des autorités sur le renouvellement ou non des concessions pour l'exploitation des barrages hydrauliques.
Les actionnaires d'EDF devront s'intéresser dans l'avenir au moins autant aux décisions administratives et à la probité des commissaires aux comptes qu'au niveau de productivité des salariés de l'entreprise.
Plus sérieusement, j'avais lu un rapport comme quoi on pourrait tripler le parc Terrestre actuel. François Lemperiere a par ailleurs estimé qu'on pourrait installer entre 8 et 20GW dans le nord de la France en utilisant l'océan comme lac inférieur, voire des installations en mer. Lien
L'estimation ne parle pas du conflit d'usage avec les riverains. Dans tous les cas (terre ou mer) il est peu probable que beaucoup de projets puissent être mis en oeuvre.
De toute façon, à 1€/W installé et 15€ /Kwh, ça va coûter très cher.
Il faudrait 20 GW pour lisser le nucléaire, mais EDF l'a pas fait car c'est trop cher.
Pour un mix très fortement ENR, il faudrait entre 50 et 300 GW et une dizaine de Twh suivant ce qu'on veut... Entre 100 et 300G€ rien que pour les STEP. Le plus dur c'est les derniers % du mix.