Participez aux débats sur l'énergie de demain

Auteur

Gaz : il faut aider l'Europe de l'Est à sortir de la dépendance


lundi 19 mai 2014

Dans une note de Cécile Maisonneuve, l'IFRI estime qu'il faut d'urgence refonder l'Europe de l'énergie. La crise ukrainienne impose notamment d'aider les pays d'Europe centrale et orientale à sortir de la mono-dépendance à l'égard de la Russie.


La note de l'IFRI, "L'Europe et l'Énergie : un contrat à refonder d'urgence", dessine une série de mesures pour renforcer les liens entre pays européens en matière énergétique. Parmi elles, la nécessité de renforcer la solidarité tout en menant une politique réaliste en matière économique.

Extrait :

Le premier acte de la refondation du contrat énergétique européen doit être politique, endossé tant par les chefs d'Etat et de gouvernement que par le président de la Commission. Il implique la réaffirmation des principes de solidarité (1) et de soutenabilité économique et environnementale (2) comme étant au coeur de la politique européenne de l'énergie.


1. A l'heure de la crise ukrainienne, il est temps qu'enfin, le principe de solidarité énergétique, qui existe déjà dans les traités, s'incarne dans des initiatives concrètes : il est la condition pour que des Etats membres dont la situation énergétique diffère acceptent de continuer à construire ensemble un projet énergétique commun.

Le sommet des 20-21 mars 2014 a d'ailleurs mis en lumière ce grand retour du thème de la solidarité: on en retiendra, notamment, l'appel de la Pologne en faveur d'une «union énergétique » et la demande, à la Commission, d'un rapport sur la sécurité d'approvisionnement pour le mois de juin. En matière gazière, il signifie l'accélération de la mise en oeuvre du marché intérieur, notamment en matière d'infrastructures, afin d'aider les Etats d'Europe centrale et orientale à sortir de leur mono- dépendance à l'égard de la Russie.

Il implique également le soutien actif aux projets nucléaires dans ces pays (financement par la banque européenne d'investissement, reconnaissance de la garantie d'Etat) et aux projets d'exploitation des gaz de schiste. En bref, toutes les initiatives visant à développer les énergies domestiques, si possible décarbonées ou, à défaut, les moins carbonées, doivent être soutenues comme des projets d'intérêt stratégique, au sens premier du terme.
Fondamentale pour l'ensemble de l'Europe, cette nécessité d'accroître les sources domestiques de production d'énergie est vitale s'agissant de cette partie de l'Union. Cet objectif implique une politique différenciée en fonction du degré de dépendance énergétique, et donc la mise en oeuvre de dispositions spécifiques pour les Etats membres issus de l'ex-bloc soviétique, dont il faut prendre en compte la situation objective.

Nous sommes conscients que cette stratégie différenciée est peu audible à Bruxelles mais, à l'inverse, l'illusion technocratique d'une Europe uniforme est précisément en train de rendre inaudible la politique énergétique européenne dans les Etats membres. Cette vision différenciée, qui part des réalités de terrain (approche dite bottom-up), est une manière de réintroduire une dimension politico-stratégique dans une politique énergétique qui a trop longtemps été réduite à une question économique et concurrentielle. Enfin, l'établissement d'un rapport de forces plus équilibré entre l'Union européenne et la Russie dans le domaine énergétique, via l'affichage, par l'Union, d'une volonté forte de développer autant que possible ses propres ressources énergétiques et de ne pas transiger sur la solidarité entre les Etats membres est la condition à la construction d'une relation de long-terme plus saine et sereine entre les deux entités.

2. Le principe de soutenabilité concerne tant la soutenabilité environnementale (lutte contre les émissions de gaz à effet de serre) que la soutenabilité économique. L'Union européenne doit prendre sa part dans la lutte contre le changement climatique mais ne certainement pas en faire plus que son poids relatif ne requiert sous peine de s'auto-affaiblir. Cela implique de ne pas prendre de mesures portant le coût de la tonne de CO2 évitée à des centaines d'euros. L'Union européenne doit se fixer comme objectif de revenir à des prix de l'énergie compatibles avec sa compétitivité dans les cinq années qui viennent : l'offre en hydrocarbures et en électricité est abondante, situation qui doit se refléter dans les coûts. Dans cette optique, les politiques décidées dans le domaine énergétique doivent faire l'objet d'une double étude d'impact environnementale et économique (impact sur la compétitivité et les prix de l'énergie). L'impact sur la compétitivité doit s'entendre à la fois au plan intra-européen et au plan international.

Réagissez à cet article
 (6) 
Nom *
Email *
Votre commentaire * (limités à 1500 caractères)
6 commentaire(s)
[1]
Commentaire par Gépé
lundi 19 mai 2014 13:46
Un prix bas de l'énergie favorise les gains de productivité, ce qui libère du temps du temps de travail que l'on assimile à du chomage. Attention de ne pas jouer aux apprentis sorciers en cherchant à régler le problème sur le plan européen et de perdre notre maitrise sur le plan national. Il faudrait développer cette idée.
[2]
Commentaire par papijo
lundi 19 mai 2014 15:21
@Gépé: Un prix bas de l'énergie favorise les gains de productivité, ce qui libère du temps du temps de travail ... C'est votre théorie (elle serait probablement vraie dans une économie "fermée"), mais regardez donc la réalité. Les USA, qui bénéficient grâce aux gaz et pétrole de schistes des prix de l'énergie les plus bas voient leur taux de chômage chuter, les allemands révisent à la baisse leurs investissements dans les ENR pour ne pas pénaliser leur économie, et la France, on fait quoi: on laisse notre économie couler et le chômage exploser pour faire plaisir à Gépé ?
[3]
Commentaire par un physicien
lundi 19 mai 2014 22:39
Il est difficile de construire une politique commune quand l'autre partenaire est hypnotisé par des illusions. Quand après MM Altmeier et Gabriel, ils seront redescendus sur terre, on pourra voir mais que de temps perdu ( pas pour les russes ni les coréens !)
[4]
Commentaire par Gépé
mardi 20 mai 2014 08:07
@papijo. "Ma théorie" correspond à l'application du calcul économique pour le choix des investissements pour les entreprises comme pour les particuliers. Ce calcul met en comparaison le cout du travail, le prix de l'outillage et le prix de l'énergie. Il est donc normal de raisonner suivant les trois domaines: le travail, le capital et l'énergie, ce que nos économistes ont tendance à oublier; c'est ce que je souhaiterais faire comprendre. Cela correspond à la conclusion de la note n°6 du CAE, aux travaux de Coe-Rexecode sur la réforme fiscale, à la thèse d'Emmanuel Combet sur la taxe carbone. Il conviendrait de faire une synthèse de ces travaux, mais qui serait capable de le faire? Merci.
[5]
Commentaire par Gépé
mardi 20 mai 2014 08:24
suite@papijo. Mon plaisir sera comblé quand on appliquera le principe exprimé par Nicolas Hulot dans son dernier livre (page 312): "basculer la fiscalité du travail sur la fiscalité énergétique". Encore merci.
[6]
Commentaire par pk
mardi 20 mai 2014 14:27
Rien que le titre est en lui , est du grand n'importe quoi ! Alors que l'ère du charbon européen, l'indépendance à la façon XIXéme, l'IFRI , le groupuscule d'experts ose un retournement radical des réalités géologiques. De plus, vouloir donner ce que l'on a pas, est le summum de l'idée, qui ne peut germer que dans des cerveaux imbibés de dogmes ultralibéraux, ou seul le bénef à court terme compte. L'Europe de l'ouest est dépendante sur toutes les ressources fossiles, et ce définitivement, car les projections gaz ou pétrole de schiste, ne se réaliseront jamais, la densité démographique européenne ne pouvant tolérer les puits et forages tel que pratiquer chez les messianiques évangélistes sans histoire, mais génocidaires avant-gardistes, il n'y a mm pas un seul Dakota, ni un état Texas en Europe, au pire cette ressource ne dépassera les 5% des besoins du continent. Donc, il n'y aura pas d'autre alternative, que de supporter la Russie. D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, le patron du SPD Shroeder et sieur Fillon, n'y voyaient aucune raison de lui dire non, lors de l'inauguration du premier tronçon Northstream, propriété de Gazprom ou Gdf a ses parts !