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Combien coûtent les politiques de transition énergétique?


vendredi 29 novembre 2013

400 milliards en Allemagne, 130 milliards en Grande-Bretagne et 26 milliards en Espagne investis pour rien : le cabinet Kurt Salmon a estimé les coûts des politiques énergétiques engagés par trois pays européens.


Dans une étude conduite avec HEC Paris, et présentée cette semaine à un colloque de l'Université Total, le groupe de conseil  Kurt Salmon a analysé le coût prévisible des nouvelles politiques énergétiques mises en place en Allemagne, au Royaume-Uni et en Espagne. En France, une loi sur la transition énergétique doit être élaborée en 2014.

Allemagne

L'Energiewende constitue un tournant historique, la recherche d'un nouveau modèle de croissance et de société, une « tâche herculéenne » selon les mots d'Angela Merkel. Son objectif est la réduction de 50 % de la consommation en énergie primaire et l'accroissement de la part des énergies renouvelables jusqu'à 60 % dans la consommation finale à l'horizon 2050.

D'ici à 2030, 400 milliards d'euros sont nécessaires pour financer l'Energiewende, ce qui correspond à un tiers de l'effort engagé pour la réunification de l'Allemagne de l'Ouest et de l'Allemagne de l'Est.

En formulant l'hypothèse d'une contribution constante du consommateur particulier d'électricité, restent + 300 milliards d'euros à trouver à l'horizon 2030, ce qui nécessite de mobiliser tous les leviers à disposition de la société allemande. L'augmentation du prix de gros de l'électricité (+ 44 %) et de la tonne CO2 (+ 467 %) à l'horizon 2020 par rapport à 2013 est d'ores et déjà assumée dans les hypothèses économiques de référence.

Les besoins de financement sont tels que certains doutent que l'Allemagne puisse continuer à limiter l'endettement public tel que prévu dans la Constitution allemande.

Royaume Uni

Positionné en leader mondial sur le changement climatique avec des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (- 80 % à l'horizon 2050 par rapport à 1990), le Royaume-Uni s'efforce de repenser la décarbonisation de l'économie à long terme.

Les principaux investissements programmés visent avant tout à combler le déficit d'investissement dans le secteur électrique, estimé à + 130 milliards d'euros d'ici à 2020-2030, principalement à travers la sortie du charbon, le développement de cycles combinés à gaz et la relance du nucléaire dans la prochaine décennie, avec une option désormais ouverte pour un recours aux gaz de schiste.

Le Royaume-Uni fait porter l'essentiel du risque aux investisseurs privés pour le financement de ses infrastructures et limite sa prise de risque public à 11 milliards d'euros à l'horizon 2022.


Espagne

La trajectoire de transition énergétique amorcée au milieu des années 2000, et formalisée à travers la doctrine de la Sostenibilidad Energética en 2007, est à l'arrêt. Fondé sur la réduction de la dépendance aux importations en énergies fossiles et le développement d'un leadership mondial dans les énergies renouvelables, le projet de transition énergétique espagnol échoue sur les dysfonctionnements du secteur électrique qui ont conduit à un déficit tarifaire record.

Ce déficit résulte du fort niveau de soutien aux énergies renouvelables (augmentation de 497 % en 8 ans) et de son non-financement initial par le consommateur particulier. Il a abouti à une dette cumulée entre 2005 et 2013 de + 26  milliards d'euros. Le caractère tardif et limité de la réponse des pouvoirs publics a finalement conduit à une explosion de la facture pour les ménages : + 63 % en 8 ans.

Selon toute vraisemblance, il ne devrait pas y avoir de relance de la transition énergétique
en Espagne sans véritable réforme structurelle du secteur électrique et assainissement des
finances publiques.


Enfin, il est à noter qu'il n'existe pas d'étude de référence en Europe au sujet de l'impact de la transition énergétique sur l'emploi : la mesure précise des mouvements, en termes de transferts/créations/destructions d'emplois entre les secteurs conventionnels et les secteurs non conventionnels devrait à l'évidence constituer un des critères de décision de la puissance publique.


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2 commentaire(s)
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Commentaire par carl
samedi 30 novembre 2013 08:32
Sauf peut être la méthanisation de nos déchets et l'hydrolique , Il y a pas de transition énergétique ! Pour qu'il y ait transition il faudrait que tout le monde aille dans le me^me sens avec un ou des objectifs clairement identifiés ! transition pour réduire quoi ?...nucléaire ? charbon ? Gaz ? , pétrole ? éolien ?
[2]
Commentaire par Gépé001
samedi 30 novembre 2013 14:04
La transition énergétique doit aussi avoir un objectif économique,qui consiste à augmenter le prix de l'énergie pour réduire le cout du travail et permettre le retour de la croissance;c'est l'objectif de certains pays européens,mais pas en France.La technique,comme l'intendance,suivra la transition écologique par le biais du calcul économique.