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Propositions pour une politique européenne efficace de l’énergie.


mardi 20 mars 2007

Organiser dans tous les pays européens à la même date une « semaine des économies d’énergie», pousser au maximum la recherche dans le domaine du nucléaire et du « charbon propre », parler d’une voix européenne unique et ferme aux interlocuteurs extérieurs, tout particulièrement la Russie : ce sont trois des propositions pour une politique européenne efficace de l’énergie avancées par l’Institut Montaigne.


Pour y parvenir, l’Institut propose de créer une « Haute autorité » indépendante pour définir les grands choix énergétiques de l’Union européenne et d’adopter une approche à géométrie variable, à savoir des « pactes de convergence énergétique » entre les pays qui le souhaitent, afin d’éviter la paralysie de la règle de l’unanimité ou la complexité des coopérations renforcées.

L’Institut Montaigne, « think tank » créé fin 2000 par Claude Bébéar, rassemble des chefs d’entreprise, des hauts fonctionnaires, des universitaires et des représentants de la société civile. Son rapport de mars 2007, « Quelle politique de l’énergie pour l’Union européenne ?», a été piloté par Jean-Paul Tran Thiet.

Constatant que l’Europe est dépendante à 50% de l’extérieur pour son énergie (alors que les Etats-Unis le sont à 17%), l’étude fixe trois objectifs stratégiques à une politique de l’énergie :

- la sécurité de l’approvisionnement, problème mis en lumière par la crise entre l’Ukraine et la Russie et la grande panne de novembre 2006.

- la compétitivité de l’économie et la croissance, mises en danger par la hausse du coût de l’énergie

- la protection de l’environnement et le développement durable.

Sept priorités d’action sont proposées. Hormis l’idée d’une Haute autorités et des « pactes de convergence », il s’agit :

- d’imposer à chaque Etat-membre que d’ici 2050 la moitié au moins des sources d’énergie qu’il utilise soit non émettrice de CO2, ce qui suppose que d’ici 2030, 50% de l’électricité qu’il produit provienne de sources non carbonées. Ainsi, l’Institut Montaigne ne se limite pas au seul développement des énergies renouvelables, comme l’hydraulique et l’éolien, mais intègre les moyens du nucléaire et ceux de la capture et du stockage du CO2 lors de l’utilisation d’énergies fossiles (comme pour le « charbon propre »). Il critique ainsi implicitement ceux qui en Europe militent pour s’en tenir aux seules énergies renouvelables, hors nucléaire.

- de lancer un programme « très ambitieux » de maîtrise de la consommation. Outre la semaine d’action commune à toute l’Europe, l’étude propose le renforcement des mesures pour l’isolation des locaux d’habitation et des bureaux, pour des transports collectifs et non polluants, etc…

- d’adapter la politique européenne de concurrence : regroupements transnationaux de sociétés, investissements en matière d’infrastructures (terminaux méthaniers, gazoducs, lignes à haute tension), « centre de dispatching européen » entre opérateurs pour tirer les conséquences des pannes de novembre dernier.

- de développer la maîtrise technologique dans les  deux secteurs où l’Europe dispose de ressources, à savoir le nucléaire (sûreté et prototype de 4eme génération) et « charbon propre » (séquestration du carbone).

- de mener une politique extérieure commune de l’énergie. Notamment interdire toute négociation bilatérale entre Etats de l’UE et pays tiers sur les questions d’énergie, sans concertation préalable avec les autres Etats membres de l’Union. Le rapport souligne que cette mesure vaut tout particulièrement à l’égard de la Russie. Celle-ci est à la fois le voisin le plus proche et l’un des principaux fournisseurs de l’Europe, et un partenaire « imprévisible et difficile ».