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Et s'il y avait un lien entre énergie et dépenses de santé ?


mardi 11 février 2014

Plusieurs études, notamment britanniques, montrent un lien entre précarité énergétique et santé. Ce qui justifie d'inclure les économies de frais médicaux dans les investissements pour un meilleur habitat.


Voir l'article complet de S. Bardaune, G. Lapiche sur le site de SIA "Energies et environnement"

Si la précarité énergétique, phénomène touchant près de 4 millions de ménages, est un sujet de plus en plus traité, notamment grâce au débat sur la transition énergétique, l'angle d'attaque reste très souvent le même : la difficulté de paiement des factures d'énergie et son impact sur les taux de surendettement des ménages.

Pourtant, la facture n'est pas l'unique inquiétude des foyers précaires : les questions de santé et de résistance au froid présentent des risques quotidiens tout aussi importants.

La Grande Bretagne, précurseur sur l'analyse de la précarité énergétique, a mené plusieurs études sur ce sujet incluant celle du Dr Ormandy « The health impacts of cold homes and fuel poverty » dont l'objectif est d'établir la corrélation entre l'état du logement et les dépenses de santé des occupants. Les résultats de l'étude montrent qu'un logement trop humide (ventilation inefficace, fuites, mauvaise performance énergétique du logement) peut déclencher de l'asthme chronique ou des rhinites, tandis que des températures trop froides sont un facteur de risque pour une pneumonie et toute forme de maladie respiratoire.

En France, à la suite d'une hausse des problèmes de santé constatée sur le terrain par les travailleurs sociaux, la Fondation Abbé Pierre a financé une étude sur l'impact de la précarité énergétique sur la santé, dans l'Hérault puis dans le Douaisi, deux zones particulièrement touchées par ce fléau, afin de qualifier à quel point la précarité énergétique est un facteur aggravant sur la santé.

Cette étude démontre pour la première fois que les ménages en situation de précarité énergétique souffrent plus de maladies chroniques, plus spécifiquement d'angines (75% de la population exposée contre 50% de la population non exposée), de bronchite (22% contre 10%), d'asthme (12% contre 4%) ou encore de migraines (48% contre 32%).

Quelles conséquences pour les calculs d'investissements

Après la confirmation par ces études que la précarité énergétique a un impact aggravant sur la santé des ménages concernés, la question du coût des dépenses de santé supplémentaires engendrées se pose. En effet, face au coût des investissements nécessaires pour améliorer la qualité du logement, quel serait le retour sur investissement d'un plan de rénovation thermique en intégrant les dépenses de santé qui seraient ainsi évitées ?

Le Dr Ormandy s'est penché sur le sujet en 2010, en modélisant le coût annuel des dépenses en santé dues au mal-logement. Il a ainsi estimé le coût des dépenses de santé engagées pour soigner les maladies induites par un mauvais état du logement à £600 millions2 par an en Grande Bretagne. Ce coût atteint £1,5 milliard annuel si l'on prend en compte les coûts indirects pour la société tels que les journées de travail perdues, les absences scolaires, etc.
Dès lors, il apparaît intéressant de comparer ce coût de santé publique au coût d'un programme de rénovation des logements concernés, qui ne serait engagé qu'une seule fois versus des dépenses de santé annuelles. Le Dr Ormandy a ainsi évalué le retour sur investissement des travaux engagés à 29 ans, en ne prenant en compte que les dépenses en soins. Si l'on prend en compte les coûts indirects, il ne faudrait que 12 ans pour que les coûts évités financent les travaux engagés.

Aujourd'hui, le lien entre logement vétuste et danger pour la santé ne fait plus de doute. Bien que les chiffres de ces deux études reposent sur de nombreuses estimations, elles ont permis de mettre en évidence le coût sanitaire important pour la société que représentent le mal-logement et la précarité énergétique. L'étude réalisée en Grande Bretagne mériterait d'être conduite en France où le système de santé est bien différent, afin de sensibiliser l'ensemble des acteurs à cette problématique croissante. Le gain économique viendrait ainsi appuyer l'urgence sociale en faveur d'un vaste programme de réhabilitation des logements vétustes.

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3 commentaire(s)
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Commentaire par Gépé
mardi 11 février 2014 14:29
Il ne s'agit pas d'énergie mais de précarité. Si on augmente le prix de l'énergie avec en contrepartie une baisse du cout du travail, on réduit le chomage, donc la précarité et en plus on favorise l'amélioration de l'habitat en incitant à investir pour réduire la consommation d'énergie. C'est bon pour la santé. Tout ça est une question de raisonnement.
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Commentaire par papijo
mercredi 12 février 2014 10:42
@Gépé - Bien sûr que c'est une question de raisonnement. Pour moi, si je paie plus cher mon énergie (notamment en raison des subventions aux ENR), j"aurai moins d'argent pour isoler ma maison et je serai dans une situation plus précaire. D'après votre raisonnement, au contraire, si je suis dans une situation précaire, que je ne peux pas payer mon énergie, avec quel argent je vais isoler ma maison ? (Pour isoler une maison ancienne, il faut faire un investissement qui représente plusieurs dizaines d'années des "économies d'énergie" à venir !). Je pense que vous devriez apprendre à raisonner un peu mieux !
[3]
Commentaire par Gépé
mercredi 12 février 2014 16:50
@papijo. Merci pour votre commentaire. Attention, il y a un double raisonnement, augmenter le prix de l'énergie et aussi, réduire le cout du travail à niveau constant. C'est la combinaison des deux raisonnements qui est importante ;cela correspond à la notion du double dividende que vous pouvez trouver par ailleurs.
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