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Vers l'injection de biométhane dans les réseaux de gaz


mercredi 05 novembre 2014

Contrairement à l'Allemagne, la France a encore peu développé la production de biométhane issu de la fermentation des déchets, notamment agricoles. Mais le biométhane devrait se développer pour être injecté dans les réseaux de gaz naturel.


Voir l'article intégral sur le site de SIA Partners, Energies et environnement

Depuis 2011, le biométhane, gaz issu de la fermentation des déchets, peut être injecté dans les réseaux de gaz naturel. Ce gaz renouvelable, neutre en CO2 , a été identifié comme un vecteur important de la transition énergétique lors du Grenelle 1 et le gouvernement a renouvelé son intérêt pour la filière biogaz et biométhane en 2013 en lançant le plan Énergie Méthanisation Autonomie Azote (EMAA).

La cinquième installation injectant du biométhane dans les réseaux de gaz a été mise en service en juillet 2014. Deux ans et demi après la publication de la loi autorisant l'injection, ce nombre peut paraître faible. Pourtant de nombreux indicateurs témoignent aujourd'hui d'un développement imminent de ce mode de valorisation.

Le territoire français, propice au développement de l'injection de biométhane

Tout d'abord, les 240 000 kilomètres de canalisations de gaz assurent un maillage particulièrement dense du territoire, ce qui augmente les possibilités de raccordement en limitant les surcoûts. Il faut également noter que les réseaux de gaz naturel disposent de nombreuses capacités de stockage (près de 300 TWh) ce qui procure plus de flexibilité que la production d'électricité par cogénération. L'injection de biométhane serait donc un moyen de valoriser les infrastructures gazières au sein de la transition énergétique.

De plus, avec 60% de la surface de son territoire consacrée à l'agriculture, la France est le premier producteur agricole européen. Ce qui, de fait, assure un potentiel de matière méthanisable très important. A cela s'ajoute les déchets industriels et ménagers dont une grande partie peut être méthanisée. L'ADEME a évalué ce potentiel à 184 TWh, soit près de 35% du gaz consommé en France chaque année si la totalité des déchets méthanisables était mobilisée4.

Lourdeurs administratives

L'aboutissement de seulement 5 projets en deux ans et demi s'explique par 2 raisons. Premièrement, les délais pour monter les dossiers de telles unités, techniques mais surtout administratifs, sont particulièrement longs. Il faut compter au minimum 3 ans et il n'est pas rare que des projets s'étendent sur 4 ou 5 ans. Deuxièmement, malgré l'autorisation d'injecter dans les réseaux dès 2011, le cadre réglementaire a été progressivement complété jusqu'à encore très récemment. Les projets qui voient le jour actuellement ont donc servi de « projets pilotes ».

Les démarches administratives sont en voie de simplification, les gestionnaires de réseaux s'impliquent davantage et les porteurs de projet sont de mieux en mieux accompagnés. Les bureaux d'études ont en effet laissé la place à des entreprises intégrées sur toute la chaîne de valeur, assurant les études techniques mais également le financement, la construction et l'exploitation tandis que les collectivités jouent un rôle grandissant.

Le nombre de dossiers déposés chez les gestionnaires de réseaux - près de 500 - témoigne de l'engouement que rencontre actuellement l'injection. On peut donc s'attendre à ce qu'une partie d'entre eux voit le jour dès 2015 et 2016. Avec le lancement, progressif, de mesures à l'échelle régionale favorisant la méthanisation et l'injection, la production de gaz « vert » pourrait bien atteindre 5 à 16 TWh d'ici 2020, ce qui permettrait d'alimenter 120 000 à 390 000 logements basse consommation.

Le biométhane circulant dans les réseaux de gaz est aujourd'hui issu de la méthanisation mais il pourrait aussi, à plus ou moins long terme, être produit par gazéification6 de biomasse ou valorisation de microalgues.

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5 commentaire(s)
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Commentaire par papijo
jeudi 06 novembre 2014 10:53
Tiens, le lobby de la méthanisation est à l'oeuvre ! Un article très prometteur, mais qui passe sous silence le plus important. Une usine de méthanisation, ça produit combien d'énergie, et ça en consomme combien (en tenant compte du transport des déchets, de leur conditionnement, de la désodorisation éventuelle, etc...), et il faut combien de subventions ou avantages fiscaux pour rentabiliser l'opération ?
[2]
Commentaire par un physicien
jeudi 06 novembre 2014 12:27
En tout cas ça consomme de l'espace au détriment de la production de nourriture. En Allemagne 17% des terres cultivables y sont déjà consacrées. http://www.spiegel.de/international/germany/biogas-subsidies-in-germany-lead-to-modern-day-land-grab-a-852575.html
[3]
Commentaire par Hervé
jeudi 06 novembre 2014 18:23
Ne pas confondre méthanisation des déchets ( utilisation des déchets menagers ou agricoles) et fabrication de bio gas à partir de cultures. Le premier ne consomme pas de surface supplémentaire (Donc si relativement rentable, faut le faire). Pour le second, il faut effectivement se poser les bonnes questions avant de se lancer dans l'aventure...
[4]
Commentaire par un physicien
vendredi 07 novembre 2014 15:54
@Hervé. Avec toutes ces surfaces détournées, ils arrivent à quelques % de leur consommation. Si on s'en tient aux déchets, on arrivera autour de 1% Si c'est rentable, sans subvention, pourquoi pas mais ce ne sera qu'une minuscule contribution.
[5]
Commentaire par Tilleul
vendredi 14 novembre 2014 01:34
En France les cultures qui sont jetés parce qu'elles n'ont pas le bon calibre représentent l'équivalent de 25% des terres cultivables...
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