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Ancienne responsable d’une agence de conseil en communication, Sophie d’Anhalt a quitté le monde de la publicité pour celui de la presse professionnelle de l’environnement...

Relançons une politique forestière !


mardi 06 mars 2012

Il y a un paradoxe : grande nation forestière, la France importe son bois de chauffage... Comment remédier à cette situation néfaste pour le climat ?


Un article de Sophie d'Anhalt, pour L'usine à GES.

France Bois Forêt est une association interprofessionnelle reconnue comme représentative par le ministère de l'agriculture. Elle regroupe les propriétaires et gestionnaires forestiers publics et privés, les pépiniéristes, grainiers et reboiseurs ainsi que tous les professionnels de la première transformation du bois (récolte, scierie, rabotage, parquet massif). Elle associe aussi les professionnels de la mise en œuvre dans le bâtiment.

France Bois Forêt propose d'affecter le quart des recettes de la vente de quotas d'émissions à la relance de la
politique forestière. Séduisant, mais pas gagné.

La France a beaucoup de forêts, mais importe majoritairement le bois dont elle se chauffe. Bien que 28,6 % de l'Hexagone soit couvert de massifs forestiers, la balance extérieure pour l'ensemble de la filière bois et produits bois affiche un solde négatif de 6 milliards d'euros en 2011 : le deuxième poste de déficit commercial français après celui de l'énergie (62 milliards d'euros). Un comble alors que la surface forestière s'accroît, en moyenne, de 40 000 hectares par an !

Ce scandale économique pourrait bientôt se doubler d'un formidable gâchis climatique. Arrivée à maturité, une forêt tempérée peut, en effet, stocker entre 550 et 1 200 tonnes de CO2 par hectare. Problème : l'élévation de la température moyenne, l'allongement des périodes de sécheresse, la réduction de la disponibilité en eau et en nutriments des sols vont menacer la survie même de certains massifs. À terme, annonce l'Inra, le réchauffement et l'accentuation de la sécheresse estivale conduiront à une réduction des stocks de carbone dans la biomasse et les sols forestiers. Lors de la canicule de 2003, la productivité primaire de la végétation a ainsi chuté de 30 %, induisant un déficit du bilan de carbone s'élevant à 0,5 GtC. 500 millions d'euros par an

Relancer une politique forestière

Pour accroître le stockage du carbone par les forêts, les arbres doivent être en bonne santé et en pleine croissance. Ce qui, au vu des joyeusetés climatiques qui nous attendent, impose de relancer une politique forestière mal en point : en adaptant les peuplements aux climats futurs, en reboisant, mais aussi en accroissant l'exploitation du bois. Car sortir plus de grumes permet de stocker du carbone (dans le bois d'oeuvre) et de réduire la consommation d'énergies fossiles (avec l'énergie bois).

France Bois Forêt estime possible d'accroître de 13 millions de mètres cubes par an d'ici à 2020 (+32 % par rapport aux prélèvements actuels) la production de bois d'oeuvre ou de combustible. Évidemment, cela n'est pas gratuit. Le montant du devis de replantation, d'ouverture de pistes forestières, d'adaptation de la filière (pour produire des plaquettes, par exemple) est élevé : 500 millions d'euros par an.

Mais l'interprofession ne quémande pas de subventions. Lesquelles lui seraient d'ailleurs refusées par un Bercy sans le sou et par Bruxelles. Le lobby propose plutôt de créer un « fonds forestier stratégique carbone » (FFSC). Ce FFSC serait abondé par le quart du produit des enchères de quotas d'émissions de gaz à effet de serre, soit 250 millions d'euros par an.

De quoi générer le double en investissements, assure l'interprofession. Ainsi nanti, France Bois Forêt promet de planter ou de régénérer 75 000 hectares par an, d'améliorer les peuplements sur 60 000 hectares par an et d'ouvrir 1 000 km par an de dessertes forestières. Pas moins ! À moyen terme, ce dispositif permettrait tout à la fois de préparer la forêt française aux changements climatiques, de créer 25 000 emplois, de stocker davantage de carbone et de réduire notre
déficit commercial.

Intéressant, le projet de France Bois Forêt souffre de trois défauts majeurs. Exsangue, le ministère des Finances aura du mal à se dessaisir d'une partie des recettes de la vente de quotas de GES. D'autre part, le ministère de l'Écologie n'a jamais été un chaud partisan des projets agricoles et forestiers de réduction d'émissions de GES. Enfin, la relance d'une politique forestière passe aussi par la mobilisation des 3,5 millions de propriétaires. Et cela non plus, ce n'est pas gagné
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3 commentaire(s)
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Commentaire par Nicolas Goldberg
mardi 06 mars 2012 09:54
Il me semblait que l'importation du bois était interdite en France... Quelle est la source?
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Commentaire par GOËS HUBERT
samedi 10 mars 2012 09:10
Que la FRANCE accepte le matétiau bois dans son économie , que l'arbre sorte de la forêt , que les planches démontrent leurs énormes possibilités , que les industriels jouent la carte du bois français , que l'onf accepte les industriels français et cesse de vendre des grumes en direct en CHINE , nous sommes sous-développés dans la filière BOIS et nous ne devrions jamais accepter que des grumes soient exportées , l'économie de la forêt doit financer sa ressource !
www.pepinieres-moissenot.fr
[3]
Commentaire par migal
samedi 10 mars 2012 10:33
On plantait 155 millions d'arbres en 1995, 55 millions maintenant (hors Landes). Je doute que ce plan soit réaliste. De plus la rentabilité pour le propriétaire forestier est tellement faible que beaucoup se décourage et abandonne leur massif. Dernier point, pour planter il faut du personnel et là cela devient difficile d'en trouver.On va plus vers de la raréfaction de bois qu'une augmentation à mon point de vue et d'ailleurs les scieurs commencent à s'en préoccuper.
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