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sgsf
Eolien : désaccord entre Polytechniciens...
lundi 08 juin 2009
Ils sortent tous les deux de l’X. Vincent Le Biez a rédigé un rapport très critique sur l’énergie éolienne pour l’Institut Montaigne. Antoine Saglio dirige une entreprise spécialisée dans les énergies renouvelables. Ils discutent avec les internautes.
Lire le "chat" dans son intégralité
Nous retiendrons une question particulière dans le long chat : l’éolien est-il une énergie décentralisée, consommable dans la zone même où elle est produite ? Ou est-elle une énergie centralisée, ce qui implique qu’elle doit être transportée au loin, avec des lignes à haute tension et donc des pylones qui viennent doubler les mâts des éoliennes !
OUI, dit Antoine Saglio. Les éoliennes sont un moyen semi-décentralisé de produire de l'électricité, entre les panneaux photovoltaïques (très décentralisés) et la centrale nucléaire (très centralisée). Elles n'induisent pas la construction de lignes THT comme le fait une centrale nucléaire (à fortiori l’EPR de 1600 MW), ultra-centralisée. L'éolien, à l'instar des schémas de production vertueux que chacun redécouvre à notre époque, c'est un peu du "produit localement / consommé localement". (…)
L'énergie produite par les éoliennes est significative.Par exemple, avec un seul parc éolien de 10 machines aujourd'hui, vous produisez la consommation d'environ 40 000 personnes, soit une petite préfecture française. C'est pas mal !
L'énergie éolienne est un mode de production d'électricité, de taille soit réduite (particuliers), soit de taille industrielle. Elle comporte de grands avantages (source d'énergie locale qui nous rend indépendant de l'énergie fossile, prix du kWh parmi les moins chers, pas d'émission de pollution ou de gaz à effet de serre, décentralisation locale...).
NON , dit Vincent LE BIEZ : il me semble impropre de parler d'énergie décentralisée en ce qui concerne l'éolien. Il s'agit d'un mode de production comme les autres qui a besoin d'un réseau de transport et de distribution d'électricité. On met d'ailleurs souvent en avant les différents régimes de vent décorrélés qui balayent notre pays : il y aurait toujours du vent qui souffle quelque part en France. Mais pour profiter de cet effet de foisonnement, il faut bien développer le réseau Très Haute Tension (celui qui minimise les pertes à grande distance). Sinon comment expliquer que le vent qui souffle à Marseille viendra compenser l'absence d'électricité éolienne en Champagne-Ardennes ?(…) Le solaire a vocation à être un véritable moyen de production d'électricité décentralisée, ce qui n'est pas le cas des grandes fermes éoliennes.
.(…): L'éolien a vu son coût de production diminuer sur le long terme, principalement en raison de l'augmentation de la taille unitaire des éoliennes. Les petites éoliennes individuelles peuvent vraisemblablement avoir un intérêt esthétique ou en termes de production décentralisée mais certainement pas en ce qui concerne leur coût de production. L'électricité qu'elles produisent est nettement plus chère que celle des grandes fermes éoliennes.
D'un strict point de vue économique, il y a de toute façon une certaine logique à produire le l'énergie de façon centralisée (le terme de "centrale" électrique n'est pas anodin) car on gagne en efficacité. Ce n'est donc pas un hasard si l'éolien devient de plus en plus un moyen de production centralisé (éoliennes plus grandes regroupées dans des grandes fermes) afin de devenir plus compétitif sur le plan économique.
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L'un analyse la situation et ne gagnera ni plus ni moins si les éoliennes envahissent les plus beaux paysages d'Europe.
L'autre en revanche travaille dans la filière a tout à gagner au développement maximum de ce type d'énergie...
Lequel croirons-nous spontanément?
A travers la France c'est une constante: les pro ont tous quelque chose à gagner (fermage des propriétaires de terrains, taxe professionnelle des élus, fabuleuses rémunérations des fonds propres des investisseurs) alors que les anti sont absolument désintéressés à titre personnel.
Ils militent pour la sauvegarde de leur environnement paysager.
Je ne partage pas votre vision sur le désintéressement de M. Le Biez... C'est certainement quelqu'un qui a oublié d'être idiot et qui se prépare une gentille carrière auprès de certains grands groupes (lesquels ont de plus en plus besoin de bon soldats comme lui et qui, de plus, se moquent pas mal de votre environnement paysager... et de tout le reste)
Pour ma part je lui reproche (et à d'autres) de nous prendre pour des c... Le réseau électrique, soi disant à développer, est déjà largement suffisant et les éoliennes, en se substituant aux centrales thermiques existantes, profitent de nos bon vieux pylônes (qui par ailleurs n'avaient fait hurler personne lorsqu'on les a installés)
Il est bien évident que depuis très longtemps tous les débats gravitant autour des énergies renouvelables, comme de l'écologie d'ailleurs, sont pollués voire totalement dévoyés par une convergence d'intérêts économiques de quelques rapaces d'une part, et par le fond de commerce idéologique de quelques associations qui vivent fort bien de ce que je considère désormais comme une déviance sectaire de l'écologie.
Le problème posé est sans doute moins celui de la densité du réseau que celui de sa stabilité électrique. Croire que les éoliennes vont se substituer à des centrales existantes est une foutaise sans nom. Il faut une certaine stabilité et une continuité des alimentations électriques, faute de quoi le réseau "tombe" (électriquement), comme le 19 décembre 1978. Pour assurer cette stabilité avec un grand nombre d'éoliennes connectées au réseau, il faut impérativement construire des centrales à charbon, à fuel et à gaz; parce que le nucléaire n'est pas adapté à couvrir des variations brutales et rapides de la production disponible sur le réseau.
C'est la raison pour laquelle l'Allemagne a dégradé son bilan carbone depuis qu'elle a lancé cet énorme et monstrueux investissement éolien.
Ca peut paraître bizarre, mais c'est comme ça, et bien sûr aucun producteur éolien n'en parlera jamais : à lui tout seul il ne pose aucun problème, mais collectivement...