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 - Président fondateur de Sauvons Le Climat

Auteur
Ingénieur et docteur ès sciences, Hervé Nifenecker est Président fondateur du collectif  Sauvons le Climat, qu'il a créé en 2004. Il s'exprime sur "la chaîne Energie" à titre personnel...

Plaidoyer pour un nouveau traité de non-prolifération nucléaire


vendredi 09 avril 2010

Le sommet sur la sécurité nucléaire doit réunir 47 pays, la semaine prochaine, à Washington. Sensées réduire leur arsenal nucléaire à l'issue de cette réunion, les 5 grandes puissances mondiales auront certainement du mal à justifier leur monopole face à des puissances émergentes désireuses d'acquérir l'arme atomique.


L’Iran convoque une conférence internationale dont le but serait de permettre à tous de bénéficier du nucléaire civil tout en bannissant les armements nucléaires dans le monde entier. Rares sont ceux qui croient à sa sincérité. On y voit plutôt une provocation visant Barack Obama qui avait promis un monde dénucléarisé. Mais l’Iran ne pose-t-il pas une bonne question même si c’est pour de mauvais motifs ?

Un traité inégalitaire

Comment justifier à long terme que, parmi les signataires du traité, seuls les 5 "Grands" continuent à avoir le monopole légal de l’armement atomique ? En fait, des non-signataires, Inde, Pakistan, Israël ont réussi à développer, non seulement leur armement atomique, mais, aussi, leur nucléaire civil, démontrant ainsi les limites du caractère dissuasif du traité. En dehors d’un embargo bien peu dissuasif sur les matériels et les technologies nucléaires, quels sont les moyens dont dispose la communauté internationale pour empêcher les Etats signataires (comme l’Iran ou la Corée du Nord) de développer un programme militaire plus ou moins secret ?

En signant le TNP, les grandes puissances s’étaient engagées à désarmer. Cet engagement est resté lettre morte car chacune pense que c’est prendre un trop grand risque que de désarmer unilatéralement. Même si on ne peut douter de la sincérité d’Obama, on peut légitimement se demander s’il est bien réaliste de penser que les  puissances nucléaires (Russie, Chine, Inde, Pakistan, Israel, en particulier) accepteront facilement de désarmer. Et les USA accepteront-ils de désarmer seuls ?

La plupart (sinon tous) des Etats intéressés par un armement nucléaire recherchent uniquement un effet de dissuasion. Nombreux sont ceux qui ont estimé que si Saddam Hussein avait possédé l’arme atomique il n’aurait pas été attaqué. Il est tentant pour certains de tirer les conséquences d’une telle analyse.

Pour un nouveau traité basé sur la transparence et le contrôle

N’est-il pas temps de redéfinir la philosophie même du TNP ? Les principes de transparence et de contrôle qui ont présidé à l’élaboration du Plan Baruch sous l’influence des scientifiques réunis dans le Bulletin of Atomic Scientists, peuvent servir de référence, tout en prenant acte de la multiplication des Etats disposant de la technologie nucléaire militaire.

C’est ainsi qu’un nouveau traité pourrait :

- accepter le droit pour tout Etat signataire de développer un armement nucléaire "dissuasif"
 -interdire les armes "prêtes à l’emploi" : sous-marins lanceurs d’engins, avions en vol et satellites armés de bombes nucléaires, missiles équipés d’une tête nucléaire ;
- prévoir le stockage des têtes nucléaires en des lieux spécifiques sous contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique(AIEA) ;
- imposer l’inspection de tous les sites nucléaires militaires par les inspecteurs de l’AIEA ;
- mettre fin au secret nucléaire militaire ;
- interdire les armes de première frappe permettant, par leur précision et leur puissance de pénétration, de cibler particulièrement les armements nucléaires d’un éventuel adversaire ;
- donner la possibilité à un Etat s’estimant menacé de recourir à l’état de sauvegarde lui permettant, après un délai à fixer et pendant une période délimitée, de mettre ses forces nucléaires en état d’alerte.

De la sorte, chaque Etat, qui se sentirait éventuellement menacé, pourrait recourir à la dissuasion atomique en cas de menace vitale, avec un préavis suffisant pour laisser la diplomatie agir. Les 5 Grands pourraient accepter une limitation de l’usage de leur arsenal atomique en échange d’une limitation importante des risques de la prolifération. La surveillance exercée par les inspecteurs de l’IAEA pourrait aussi être très dissuasive vis-à-vis des détournements par des organisations terroristes.

La relative pacification des relations entre les Grands aussi bien qu’entre des Etats comme le Pakistan et l’Inde, de même que l’inquiétude soulevée par la perspective d’une prolifération incontrôlée, offre une occasion unique de remettre à plat le Traité de non-prolifération.
 
1 commentaire(s)
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Commentaire par Skapad
vendredi 09 avril 2010 15:56
- mettre fin au secret nucléaire militaire ...//...

Rien que ça ! Alors que la France a dernièrement élargit le concept Secret Défense pour des entreprises liées au lobby nucléaire! Certains juges l'avaient d'ailleurs contestés ... Nous ne vous avons pas entendu dire mot !

Secret Défense pour AREVA et THALES par exemple !
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