Par Hervé Nifenecker
- Président fondateur de Sauvons Le Climat
Auteur
Ingénieur et docteur ès sciences, Hervé Nifenecker est Président fondateur du collectif  Sauvons le Climat, qu'il a créé en 2004. Il s'exprime sur "la chaîne Energie" à titre personnel...
De la nécessité du nucléaire… pour gérer les déchets
Par Hervé Nifenecker
- Président fondateur de Sauvons Le Climat
vendredi 20 mars 2009
Un scénario de sortie du nucléaire conduirait à devoir gérer une quantité de déchets près de 30 fois plus importante qu’un scénario de nucléaire durable avec retraitement et surgénération.
La masse des produits de fission ne représente que le trentième environ de celle des combustibles irradiés. Quant à l’uranium et au plutonium, ils sont considérés comme des ressources utilisables : ils servent à fabriquer dans un premier temps les combustibles MOX pour réacteurs à eau sous pression (REP ou EPR) qui eux mêmes, dans un deuxième temps, fourniront l’uranium et le plutonium destinés à alimenter les réacteurs surgénérateurs.
L’arrêt du nucléaire ôterait toute justification au retraitement et amènerait à considérer que les combustibles irradiés, dans leur totalité, sont des déchets, c’est à dire qu’il conduirait à multiplier par 30 la masse des déchets à gérer.
D’autre part, la sortie du nucléaire conduirait paradoxalement à précipiter les décisions de stockage au détriment de la sécurité.
Rappelons en effet que les déchets actuels, composés de produits de fission inclus dans du verre, doivent être refroidis pendant quelques dizaines à une centaine d’années. Ils sont entreposés en surface ou en sub-surface, sous surveillance, sans qu'aucune conséquence sur la santé publique n’ait jamais pu être observée.
Dès que la puissance dégagée par les déchets devient suffisamment faible pour ne plus nécessiter de refroidissement, il devient possible de les stocker à quelques centaines de mètres de profondeur, à l’abri d’éventuelles agressions criminelles et des conséquences possibles de changements climatiques à long terme.
Le scénario de sortie du nucléaire exigerait de prendre rapidement la décision du stockage géologique puisqu’il supposerait la disparition assez rapide des compétences nucléaires qui assurent, actuellement, la sûreté des entreposages. Une telle disparition est déjà observable dans un pays comme l’Italie. Contrairement à ce qui s’est passé en Allemagne et en Belgique, une décision de sortie du nucléaire ne saurait donc être prise avant que le stockage géologique soit assuré.
La pratique actuelle d’entreposage en surface est globalement satisfaisante, même si elle peut être encore améliorée, et ce, aussi longtemps que la production d’électricité nucléaire continuera. Le bon sens dit qu'un stockage à quelques centaines de mètres de profondeur serait encore moins vulnérable qu'un stockage en sub-surface. Or tout se passe comme si l’on craignait davantage un stockage en profondeur qu'un stockage en surface
Dans ces conditions, réclamer la sortie du nucléaire et s’opposer en même temps à la réalisation d’un site de stockage géologique est incohérent, irresponsable et démagogique.
Hervé Nifenecker est Président d'honneur de Sauvons le Climat
Photo wikimedia commons (entrepôt de déchets radioactifs aux Pays-Bas)
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C'est un peu comme les gens endettés et qui prennent de nouveaux crédits en affirmant que ça se finira bien. Sauf que là c'est notre argent, notre santé, notre planète.
Et sauf que leurs "solutions" sont bidons : ils veulent nous faire croire qu'il suffirait de mettre les déchets radioactifs dans de nouveaux et merveilleux réacteurs (toujours annoncés depuis 50 ans, mais jamais mis au point), comme on jette une buche dans la cheminée, et abracadabra, les déchets radioactifs ont disparu. Ben voyons.
Il faut démettre M. Nifenecker, Mme Lauvergeon et autres pronucléaires de toutes leurs (ir)responsabilités (il faudrait même les condamner à des Travaux d'intérêt général : pour la première fois ils agiraient pour le bien public !), et les empêcher ainsi de construire de nouveaux réacteurs et de produire de nouveaux déchets radioactifs.
Au passage, il faut les empêcher de faire du buisness radioactif avec les pires dictateurs comme M kadhafi (faut-il rappeler l'irresponsable accord nucléaire sarkozy-kadhafi signé à l'été 2007 ?)
Dans son plan de relance, Obama a attribué ZERO dollar au secteur du nucléaire... qui attendait 50 milliards. Cette somme a bien été attribuée,mais aux énergies renouvelables : voilà la voie à suivre.
Le nucléaire a amené les pires horreurs (Hiroshima, Tchernobyl). Il est temps d'arrêter.
[Réponse de l'auteur]
Je vois que SDN a de moins en moins d'arguments sérieux et ne sait plus recourir qu'à l'invective et à l'injure. Précisons d'abord quelques points: je n'ai jamais travaillé dans l'industrie nucléaire. J'ai fait ma carrière comme chercheur en physique des particules. Mes activités syndicales passées au sein du CEA ont même nui sérieusement à ma carrière de charcheur. Donc, en utilisant comme moi l'électricité produite par EDF vous êtes aussi responsables que moi de la production de déchets. C'est me faire beaucoup d'honneur de me traiter aussi bien que vous traitez Madame Lauvergeon ! Je vois également que "Sortir du Nucléaire" c'est aussi "Sortir de la démocratie". Quant à mes responsabilités elles se limitent à celles d'un citoyen engagé pour ce qu'il croit juste, c'est à dire faire un choix clair en faveur d'une réduction aussi rapide que possible nos émissions de CO2. Je suis d'accord avec vous pour que l'humanité renonce aux armements nucléaires et je l'ai été probablement bien avant vous (privilège de l'âge) et je suis prêt à y réfléchir (sérieusement) avec vous. Arrêter le nucléaire de façon absolue, comme vous semblez l'exiger, ce serait aussi arrêter le soleil qui est, avant tout, un réacteur nucléaire à fusion, c'est aussi supprimer l'énergie géothermique qui a pour origine la radioactivité terrestre. Dans l'univers (indépendamment de la gravité), plus de 99,99% de l'énergie provient des réactions nucléaires. Ceci étant je maintiens qu'il est irresponsable, pour ne pas dire criminel, de vouloir sortir du nucléaire sans proposer une solution pour la gestion des déchets. J'attends toujours votre proposition. Votre silence démontrerait que vous n'en n'avez pas, même imparfaite, et vous disqualifierait aux yeux de tous ceux qui essayent de réfléchir de bonne foi sur ces sujets.
C'est me faire beaucoup d'honneur de me traiter aussi bien que vous traitez Madame Lauvergeon ! Je vois également que "Sortir du Nucléaire" c'est aussi "Sortir de la démocratie".
Quant à mes responsabilités, elles se limitent à celles d'un citoyen engagé pour ce qu'il croit juste, c'est à dire faire un choix clair en faveur d'une réduction aussi rapide que possible de nos émissions de CO2. Je suis d'accord avec vous pour que l'Humanité renonce aux armements nucléaires et je l'ai été probablement bien avant vous (privilège de l'âge) et je suis prêt à y réfléchir (sérieusement) avec vous. Arrêter le nucléaire de façon absolue, comme vous semblez l'exiger, ce serait aussi arrêter le soleil qui est, avant tout, un réacteur nucléaire à fusion, c'est aussi supprimer l'énergie géothermique qui a pour origine la radioactivité terrestre. Dans l'univers (indépendamment de la gravité), plus de 99,99% de l'énergie provient des réactions nucléaires. Ceci étant je maintiens qu'il est irresponsable, pour ne pas dire criminel, de vouloir sortir du nucléaire sans proposer une solution pour la gestion des déchets. J'attends toujours votre proposition. Votre silence démontrerait que vous n'en n'avez pas, même imparfaite, et vous disqualifierait aux yeux de tous ceux qui essayent de réfléchir de bonne foi sur ces sujets.
N'étant pas un pro ou un anti du nucléaire je suis suppris de la leçon de sciences hors sujet dans votre réponse à SDN. Jusqu'à preuve du contraire nous ne vivons pas sur le soleil et la radioactivité terrestre résulte d'équilibres qui n'ont rien à voir avec l'acitivité humaine ...
Enfin, le raisonnement même de l'article qui semble lever un paradoxe contient en fait un biais. Sur le long terme la masse de déchets, par simple effet d'addition, ne manquerait pas de depasser celle générée par un arrêt progressif du nucléaire.
[Réponse de l'auteur]
Je n'ai parlé ici que des déchets de Haute Activité (HAVL) provenant du coeur des réacteurs en fonctionnement et qui contiennent plus de 90% de la radioactivité). Les déchets qui proviennent et proviendront du démantèlement sont des déchets de faible ou très faible activité dont (à l'exception de ceux provenant des anciens réacteurs graphite gaz qui contiennent des activités de C14 et de Cl36) l'activité devient très faible après quelques dizaines d'années. Actuellement les déchets de faible et très faible activités à vie courte sont gérés dans les centres de stockage de Soulaines et Morvilliers (voir les descriptions sur le site de l'ANDRA). Pour les références au solaire et à la géothermie elles avaient dans mon esprit un aspect ironique. Mais il n'en demeure pas moins que nous sommes plongés dans un environnement radioactif (notre corps lui même est radioactif avec environ 7000 Becquerels). Une politique qui maintient l'irradiation due à l'homme bien en dessous de celle qui est "naturelle" me paraît tout à fait acceptable. En ce qui concerne le long terme nous savons qu'il faudra passer par des surgénérateurs. Avec le retraitement actuel, pour la même puissance, la quantité de déchets HAVL à gérer sera près de 100 fois plus faible que les quantités à gérer en absence de retraitement. Il en sera de même d'ailleurs des exploitations minières qui ne seront plus nécessaires aussi longtemps que durera notre stock d'uranium appauvri et de retraitement. Sur le long terme on peut envisager d'extraire et de transmuter des éléments comme l'Americium. Pour fixer les idées on peut comparer la radiotoxicité initiale du minerai d'uranium à celle des déchets. Pour des combustibles usés sans retraitement les deux radio-toxicités deviennent égales au bout de 200000 ans (au bout de 1000 ans cette radio-toxicité est 100 fois plus élevée que celle du minerai intial). Après retraitement classique les deux radio-toxicités s'égalisent au bout de 10000 ans (au bout de 1000 ans les verres sont encore 10 fois plus radio-toxiques que le minerai initial).Enfin, en cas de retraitement poussé les deux radio-toxicités deviennent égales au bout d'une vingtaine d'années. Ceci montre que nous avons les moyens de ne pas laisser la quantité de déchets croître indéfiniment.