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Auteur
Ingénieur des mines, démographe, Dominique Bidou a été directeur de la Qualité de la Vie au Ministère de l'environnement. Il est président d'honneur de l'Association HQE (Haute qualité environnementale)...

La Chine sur la route de Copenhague


mardi 10 novembre 2009

Pour réussir son challenge climatique, la Chine va avoir de plus en plus besoin de technologies modernes que les grands groupes occidentaux peuvent lui vendre…à condition d’accepter d’importants transferts de technologies !


Que veut la Chine ? La question est récurrente, à l’approcher de la conférence de Copenhague. Et bien elle veut, comme tout le monde, le beurre et l’argent du beurre. Elle veut continuer sa croissance, légèrement atteinte par les crises récentes mais encore de l’ordre de 8%. Elle a ses problèmes sociaux à résoudre, le PIB et le pouvoir d’achat restent des valeurs de référence. Elle veut aussi éviter des catastrophes naturelles, sècheresses et inondations, remontée des eaux sur les villes de son littoral, réduction de sa productivité agricole du fait du réchauffement. Elle veut enfin tenir un rang de premier plan dans le concert des nations, elle veut être reconnue comme une puissance majeure, dans tous le sens du terme.

La Chine n’est pas la seule nation à vivre ces contradictions, mais celles-ci sont sans doute exacerbées par le poids de ce pays, politique et économique, et bien sûr démographique. Une influence déterminante pour l’avenir du monde, à conjuguer avec les difficultés de sa situation intérieure, marquée notamment par de fortes inégalités des régions sur la voie du développement, et par suite des tensions très vives, et qui dégénèrent de temps en temps. Comme par ailleurs ses réserves de pétrole et de gaz sont insuffisantes, la Chine doit importer de plus en plus d’énergie, et en importera de plus en plus, ce qui en fait potentiellement le plus grand marché du monde, mais aussi le plus grand émetteur de gaz à effet de serre. Nous sommes tous concernés par la manière dont la Chine va gérer ses contradictions.

La solution s’appelle transfert de technologie. Les retards de la Chine constituent aussi un gigantesque gisement de progrès, et de progrès faciles, ou du moins bien maîtrisés. Il ne s’agit pas d’innovations totales, mais d’adaptation au contexte chinois de solutions qui ont bien fonctionné dans d’autres pays, les pays occidentaux essentiellement. Des transferts qui permettent de gagner sur les trois tableaux, croissance, réduction des risques, et respectabilité internationale.

Prenons l’exemple du charbon. Très abondant, source essentielle d’énergie, il est aussi une cause majeure de pollution, pollution qui tue chaque année de cent à trois cent mille personnes en Chine. Un secteur minier très inégal. D’un côté quelques grands groupes, et de l’autre une myriade de petites mines, mal contrôlées, à la fois dangereuses, 5000 morts par an avoués, et peu productives. Une modernisation de ce secteur est une obligation politique, économique et écologique. Elle est engagée notamment du côté des centrales, dont la productivité s’est fortement améliorée. Les techniques modernes permettent de passer d’un rendement de la conversion thermique de 30-35% à 40-45%. Un gain considérable : avec la même quantité de charbon, on produit un tiers d’énergie en plus. La pollution et les émissions de gaz à effet de serre en sont réduites d’autant, rapportés à l’énergie disponible.  

Au-delà de l’intérêt technologique, la Chine bénéficie aussi des mécanismes financiers. Ce sont les mécanismes de développement propre, MDP, créés sous l’égide des Nations Unies dans le cadre du protocole de Kyoto. Des capitaux de pays industrialisés sont investis dans les pays du sud, pour y apporter les progrès que l’on peut comptabiliser au titre de sa contribution à la lutte contre le changement climatique. Une aubaine pour la Chine, qui tente de faire perdurer cette situation qui lui est très favorable.

L’efficacité énergétique est donc un enjeu déterminant pour la Chine, porté par des besoins économiques et une opportunité institutionnelle. A Copenhague, elle essaiera juste de tirer le maximum de bénéfices de sa situation, dans une stratégie donnant-donnant. Elle présente une offre de marchés considérables qui peuvent attirer des entreprises occidentales, dans de nombreux domaines, justement dans la lutte contre l’effet de serre. La participation de la Chine au processus de réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’importance de ses engagements sont en balance avec les facilités et le niveau des transferts de technologie dont les pays du Nord voudront la faire bénéficier. Les négociations tournent à plein régime dans cette ultime phase de préparation.

  Source : On the road to COP 15, Birth of a new climate change policy in China, étude coordonnée par Eric MEYER, China Trade Winds, Juillet 2009, publiée et diffusée par Horus Management - Objectif Chine www.objectif-chine.com 

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