Par Dominique Bidou
- Ingénieur et démographe
Auteur
Ingénieur des mines, démographe, Dominique Bidou a été directeur de la Qualité de la Vie au Ministère de l'environnement. Il est président d'honneur de l'Association HQE (Haute qualité environnementale)...
La Chine, pièce maîtresse des négociations?
Par Dominique Bidou
- Ingénieur et démographe
mardi 20 octobre 2009
La position de la Chine est au coeur de toutes les spéculations. Sa participation active aux décisions et la nature de ses engagements seront certainement déterminants en décembre, à Copenhague...
A l’approche de la conférence de Copenhague, les regards se tournent vers les pays clés de la négociation. Parmi ceux-ci, les pays émergents, dont la consommation d’énergie par tête est encore modeste, et par suite les émissions de gaz à effet de serre, mais qui pèsent lourd dans le bilan global du fait de leur population. La position de la Chine est au cœur des spéculations. Sa participation active aux décisions et la nature de ses engagements éventuels aura une influence déterminante sur les résultats des négociations.
Les problèmes d’environnement en Chine sont nombreux. Ils sont en outre vécus au jour le jour par la population : problème d’approvisionnement en eau et de qualité d’une ressource touchée par la pollution, avancées du désert, pollution de l’air et des sols, érosion, etc. La forte croissance de la Chine s’est faite sans égard à la dégradation du milieu et des ressources. Si on comptabilisait la perte de capital correspondant, la croissance de la Chine serait ramenée à un taux bien plus modeste que eux annoncés, à deux chiffres même encore aujourd’hui, malgré la crise. Sans parler des coûts humains, qui pèseraient également dans la balance.
Le réchauffement climatique, dans ce contexte, est-il un enjeu majeur pour la Chine ?
Certains observateurs en doutent. Les efforts ne devraient-ils pas s e porter en priorité vers les questions immédiates, eau, sols, pollutions de toutes natures ? Ce serait ignorer les risques que le réchauffement climatique fait courir à la Chine. La Chine est un immense pays, très contrasté. Entre les glaciers et les mers chaudes, quelles différences ! Ce serait ignorer les solidarités que la nature a forgé ou qui se sont tissées entre ses différentes régions.
Près d’un quart de la population chinoise vit dans des régions alimentées essentiellement par l’eau des glaciers. Leur perte de capacité serait directement ressentie bien loin en aval. Les projections disponibles aujourd’hui sur le climat de la Chine des années 2050 montrent que le réchauffement serait plus intense à l’intérieur du pays que dans les zones côtières, et plus marqué l’hiver (qui serait plus doux) que l’été. Une fonte rapide des glaciers, déjà engagée, est donc à craindre, avec à la fois des risques d’inondation et de glissements de terrain en montagne et une forte réduction du débit des grands fleuves.
Les désastres naturels n’ont pas épargné la Chine ces dernières années, notamment les grandes tempêtes de poussière dans le Nord et les typons dans le Sud. Ce phénomène pourrait s’accentuer, avec des risques d’aggravation des sécheresses et une rapide avancée des déserts, déjà observée ces dernières années. Une diminution des terres arables en serait une conséquence notable, avec un impact sur la production agricole et la sécurité alimentaire. Quand on sait que la Chine ne dispose que de 10% de la terre agricole mondiale pour 20% de la population, on mesure l’importance de l’enjeu. Il faut y ajouter une perte de productivité des mers. L’augmentation de la teneur de l’eau en CO2 entraînerait une disparition des massifs coralliens en mer de Chine, qui constituent l’habitat de nombreuses espèces marines.
Enfin, le niveau de la mer affectera directement de grandes concentrations humaines. L’urbanisation de la Chine se fait largement sur les zones côtières, avec d’immenses conurbations telles que Shanghai, Tianjin, Hong-Kong, Canton et bien d’autres. Et en plus on aime bien, dans ces villes s’étendre sur la mer !
Ce rapide panorama pour illustrer l’importance que l’enjeu climatique représente pour la Chine. Enjeu à moyen terme, sans doute, mais qui se recoupent avec des enjeux plus proches comme le prix de l’énergie, touché par l’augmentation de la demande – notamment celle de la Chine elle-même pour son développement - face à des capacités de production insuffisantes. Les dirigeants Chinois en ont bien pris conscience, depuis plus de dix ans, et l’insèrent progressivement dans leur politique.
A suivre
Source : On the road to COP 15, Birth of a new climate change policy in China, étude coordonnée par Eric MEYER, China Trade Winds, Juillet 2009, Objectif Chine, www.objectif-chine.com
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1 commentaire(s)
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Commentaire par Fabien
mercredi 21 octobre 2009 16:17
Mais a-t-on une idée de ce que veut la Chine ? On entend tout est l'inverse. C'est normal, dira-t-on, mais ne peut-on procéder à une vraie analyse de leur position.
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