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J-147 - Sur la route de Copenhague...


lundi 13 juillet 2009

Le sommet en Italie entre les principales économies du monde a entériné la nécessité d'agir pour limiter à 2 degrés la hausse de la température sur la planète. Mais comment ? Encore beaucoup de travail pour aboutir à Copenhague



Copenhague est dans 147 jours : voir le compte à rebours sur le site officiel.

Le sommet du G8 a confirmé le fossé qui existe encore entre les pays développés et les pays émergents, de la Russie à la Chine, sur la conception du développement et les mesures à prendre en faveur du climat. 
Voir l'analyse de Novethic

Entre l'Europe et les Etats-Unis, la confiance n'est pas non plus parfaite. Ainsi que le notait le New York Times avant le sommet d'Aquila, les Européens ont toujours la crainte que les Etats-Unis recherchent un accord unilatéral indépendant avec la Chine.

L'Europe aimerait que les Etats-Unis jouent un rôle de leader en fixant des objectifs forts, à commencer par la règle de mesure des baisses d'émissions de C02. Mais sur ce point, les désaccords subsistent : lorsque l'Union Européenne se réfère au taux d'émissions de 1995, les Etats-Unis (ainsi que le Japon et l'Australie) préfèrent, eux, celui de 2005.

Cet aspect du Clean Energy and security Act of 2009 (aussi connu sous le nom de loi Waxman-Markey), a déjà suscité des réactions négatives des organisations environnementales. En cause ? Cette question de l'année de référence et un dispositif exhaustif de crédits carbone (jusqu'à 2 milliards par an). Et comme si cela ne suffisait pas, la situation est encore compliquée par l'existence d'un projet de loi concurrent du Sénat, l'American Clean Energy Leadership Act of 2009 (ACELA),qui pourrait bien s'imposer dans la course.

Pour Greenpeace USA, en dépit de son engagement de redonner sa place à la science, le président Obama soutient inconditionnellement une loi où la politique prime sur la science, et les intérêts industriels sur l'intérêt national (voir réaction). La loi Waxman-Markey stipule que les Etats-Unis devront réduire leurs émissions de 17% d’ici 2020 et de 80% d’ici 2050 par rapport au niveau de 2005. Hors, lors de la conférence de Bali de 2007, la communauté internationale s'était ralliée à l'objectif de réduction de 25 à 40% des émissions en 2020 par rapport à 1990 pour les pays industrialisés. Le calcul est simple. En 2005, les Etats-Unis ont émis 7 260 millions de tonnes de CO2. Une réduction de 17% correspond ainsi à 1 234 millions de tonnes de CO2. Mais ramené aux émissions de 1990 quand les Etats-Unis polluaient beaucoup moins (6 242 millions de tonnes de CO2 émises), cela ne fait plus que 4% !

Les crédits carbone pourraient également fausser la donne. La loi autorise jusqu'à 2 milliards de crédits carbone par an, chacun équivalant à une tonne de CO2. Soit près de 30% des émissions de 2005...

L'organisation International Rivers a ainsi calculé (cliquer ici) que si les pollueurs utilisaient le maximum autorisé de crédits carbone, les émissions augmenteraient de 38% aux Etats-Unis en 2012 au lieu de la baisse annoncée de 3%. L'objectif initial de 20%, passé depuis à 17%, ne serait pas atteint  avant 2036.

L'un dans l'autre, l'ACELA pourrait alors offrir une alternative plus cohérente à la loi Waxman-Markey. Même s'il ne propose pas de contrepartie au marché du carbone, le projet du Sénat a le mérite de proposer un scénario complet sur l'énergie, en prenant à la fois en compte les énergies renouvelables et les énergies fossiles et nucléaires qui fournissent aujourd'hui 92.5% de la demande américaine. (voir tableau). Pour Geoffrey Styles, consultant américain, «cette vision d'ensemble s'avèrera déterminante si notre objectif dépasse la réduction des émissions de CO2 pour inclure la sécurité énergétique et la création nette d'emplois»(voir son analyse)