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 - Ingénieur et démographe

Auteur
Ingénieur des mines, démographe, Dominique Bidou a été directeur de la Qualité de la Vie au Ministère de l'environnement. Il est président d'honneur de l'Association HQE (Haute qualité environnementale)...

Etre écolo peut rapporter gros !


jeudi 08 octobre 2009

"Si vous ne le faites pour la Terre, faites-le pour l’argent". Le message s'étale sur les affiches publicitaires et fait miroiter les primes et économies possibles si on a un comportement "vert". Pouquoi pas, mais attention au marché de dupes..


Ce message publicitaire pour la promotion des énergies renouvelables provoque souvent des réactions. La transformation d’un engagement citoyen en un placement financier est en effet une affaire délicate, aux multiples facettes. Permettez-moi d’apporter quelques contributions au débat.

- Tout d’abord, il est vrai que l’on oppose trop souvent écologie et économie. Pour une fois qu’elles vont de pair, on ne va pas s’en plaindre. Depuis la publication du rapport de Nicholas Stern sur les enjeux économiques du réchauffement climatique, nous savons que la lutte contre l’effet de serre est une bonne affaire à l’échelle macro économique. Ce n’est pas forcément le cas au niveau où se prennent les décisions, celui des acteurs et de la micro économie. Toute tentative de rendre cohérentes les économies macro et micro est bienvenues.

- Oui, mais la bonne affaire repose sur des artifices. Elle résulte de subventions ou d’aides publiques, et par conséquent de prélèvements. C’est une forme de redistribution. Est-elle équitable, socialement parlant ? Ne favorise-t-on pas ainsi des filières, et cela abusivement puisque le marché est faussé ?
 
- Le danger réside dans les décalages qui peuvent exister entre les offres financières et les offres techniques. L’organisation des professions, la faiblesse des réseaux de conseil et le poids dominant des fournisseurs ne risquent-ils pas  de favoriser systématiquement les solutions techniques les plus faciles, les plus passe-partout,  les plus conformes à leur savoir faire et à leurs produits, au détriment de la recherche de la meilleure solution ? On a vu dans la construction les méfaits de la transformation d’une maison neuve en un simple  produit de défiscalisation. L’espoir d’un gain facile peut amener certaines personnes à oublier les mesures de prudence, et à se laisser éblouir par le miroir aux alouettes. L’opération provoquant un bonus devient secondaire par rapport au bonus lui-même. La logique financière prend facilement le dessus sur l’objectif recherché.

- L’efficacité de mesures financières dépend largement des conditions de diffusion des techniques à promouvoir. L’agressivité commerciale de certaines filières, comme les marchands de fenêtres par exemple, qui me téléphonent régulièrement, leur permet de tirer la couverture à eux bien au-delà de l’optimum technique et économique de leur produit. Bien d’autres réponses, comme l’isolation des combles, permettent des gains bien supérieurs, mais elles ne sont pas portées par des groupes de pressions aussi bien organisés.

- L’économie d’énergie et le recours aux énergies renouvelables ne sont pas des prestations répétitives. Telle solution efficace ici ne le sera pas ailleurs, ou demande des compléments particuliers.  Une offre financière sans garantie de qualité sur l’expertise et la prescription risque de transformer les bonnes intentions en un désastre, avec des effets d’aubaine et des contre performances.

Si vous ne le faites pour la Terre, faites-le pour l’argent. D’accord, et même tant mieux, mais à la condition que ce ne soit pas un marché de dupes. Que le gain financier soit réel pour la personne qui investit, et que le gain en quantité de gaz carbonique évité soit à la hauteur de l’argent public qui y est consacré.

Dominique Bidou


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