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"El Nino" est-il de retour ?


jeudi 26 juin 2014

Le mois de mai a été le plus chaud depuis un siècle. C'est peut-être le signe d'un retour du phénomène El Nino, générateur de multiples déréglements climatiques.


Dr Pétrole et Mr Carbone est le blog du site www.sortirdupetrole.com créé par Vincent Rondreux. L'association Sortir du Pétrole a pour but de favoriser la collecte de l'information liée à la problématique énergétique et climatique. Il analyse ici l'élévation de température record en mai.
Voir l'article intégral

Extraits :

Se dirige-t-on vers une nouvelle accélération de l'augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre, boostée par le phénomène El Nino, comme en 1998 ?

Selon le Goddard Institute for space studies (GISS) de la NASA, le mois de mai 2014 a été le plus chaud depuis plus d'un siècle, c'est-à-dire depuis que ce type de mesure existe (1880). Les scientifiques du GISS estiment que la température à la surface du globe a dépassé de 0,76°C la moyenne de référence (1951-1980). En 2010 et 2012, précédents records de la NASA pour le mois de mai, la température globale avait dépassé de 0,70°C cette moyenne. En 1998, le dépassement avait été de 0,68°C?

Revoici El Nino...

Ces records interviennent alors que le phénomène El Nino pointe de plus en plus le bout de son nez. On estimait en effet à la mi-juin que les chances de rentrer dans des conditions de type El Nino sont de 70% pour cet été et de plus de 80% d'ici la fin de l'année. Des dépassements de température témoins de ce phénomène ont été relevés fin mai - début juin au niveau du Pacifique équatorial. Il faut qu'ils perdurent trois mois pour que l'on puisse considérer être en phase El Nino. Officiellement, nous sommes donc toujours en ce mois de juin en El Nino "neutre".

Phénomène naturel cyclique issu de l'interaction entre les vents et les courants marins et se déclenchant dans le Pacifique au niveau de l'équateur, El Nino (alias l'enfant jésus pour les pêcheurs péruviens qui avec lui voient chuter leurs prises de poissons à l'époque de Noël) a de multiples conséquences régionales et mondiales, parmi lesquelles une poussée générale de la température. C'est par exemple largement à cause d'El Nino que 1998 s'est retrouvée nettement au dessus des années qui la précédaient en terme de fièvre du thermomètre.

Dans le cas d'une période El Nino, il faut en plus s'attendre à de puissantes pluies sur la façade pacifique de l'Amérique du Sud ainsi que sur la Californie, à de la sécheresse pour l'Australie, l'Indonésie, l'Asie du Sud, ou encore à un affaiblissement de la mousson en Inde. Outre un effondrement de l'activité des pêcheries de l'Equateur, du Pérou et du Chili, on peut également craindre l'envolée du prix de certaines denrées agricoles (cacao, café, canne à sucre, huile de palme?), c'est-à-dire la production de base de la zone tropicale.

Un sujet de réflexion pour Paris 2015

En fait, avec El Nino, c'est toute la circulation atmosphérique qui se modifie. Ce phénomène est même très révélateur de la subtilité des liens qui unissent les courants marins, la salinité, la température de l'eau, celle de l'atmosphère, les vents, les basses et hautes pressions, et même l'apparition du plancton, source de vie.

Dans la perspective de la grande conférence climat de Paris, fin 2015 (devant engager tous les pays du monde dans la réduction générale des émissions de gaz à effet de serre à partir de 2020), El Nino nous fera-t-il réfléchir sur le fait qu'à l'échelle de la machine climatique terrestre, une "petite" hausse de la température moyenne suffit pour créer de véritables désastres à terme ?

Ce serait bien souhaitable, d'autant plus qu'il est envisagé que le réchauffement climatique aggrave les phénomènes de type El Nino. Selon une étude internationale IRD/CNRS/UPMC/MNHN, "l'un des effets du réchauffement global pourrait être un doublement de la fréquence des événements El Nino extrêmes au cours du 21e siècle."

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4 commentaire(s)
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Commentaire par papijo
jeudi 26 juin 2014 21:31
Une excellente nouvelle ! A l'époque où je croyais encore au réchauffement (c'est très vieux, plus de 25 ans !), j'avais lu des articles annonçant que dans quelques années le climat en région parisienne serait le même que celui de la région de Toulouse (d'où je suis originaire). Chouette, j'ai pensé, il faut s'organiser ! J'ai donc remonté des plants de figuier de chez mes parents pour les planter dans mon jardin en région parisienne (contre un mur exposé au sud pour le cas où le réchauffement serait moins important qu'annoncé). Eh bien, malgré toutes les précautions prises, je n'ai depuis jamais mangé de figues, si ce n'est parfois quelques fruits rabougris en novembre et "muris" par le gel ! Je vais donc enfin en manger cette année, à partir du 15 août, comme quand j'étais gamin ! Mais ... peut-on croire les écolos ? (histoire authentique)
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Commentaire par un physicien
vendredi 27 juin 2014 09:29
A ma connaissance la communauté scientifique considère toujours que le mécanisme d'El Nino est incompris. Si les auteurs ont connaissance d'avancées dans ce domaine, qu'ils le disent et donnent les références. Sinon qu'ils se gardent des amalgames douteux,svp.
[3]
Commentaire par taupin
vendredi 04 juillet 2014 03:07
Avant d'enclencher la machine à faire peur, il serait bon de consulter les sites specialisé tels l'IRI (International Research Institute for Climate and Society-iri.columbia.edu/) qui presentent le résultat des modéles de prévision sur l'année en cours avec une révision tous les 15 jours, les dernières prévisions donnent un pic El Nino entre aout et novembre mais de valeur neutre à modéré.. rien à voir avec ceux de 82-83 ou 97-98...
[4]
Commentaire par Hervé
lundi 21 juillet 2014 15:44
Les références sont dans l'article d'origine: http://dr-petrole-mr-carbone.com/chaud-devant-avril-et-mai-mois-records-el-nino-en-embuscade/