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Automobile : la filière hydrogène prometteuse à long terme


jeudi 25 octobre 2012

Pourquoi la France et ses industriels ne s'intéressent-ils pas davantage aux promesses de l'hydrogène ? C'est une filière cohérente avec les voitures électriques et utilisable dans bien d'autres secteurs, notamment dans le logement.


Dans son livre « 1,2 milliard d'automobiles, 7 milliards de terriens : la cohabitation est-elle possible ? (Préface d'Anne-Marie Idrac, Editions « Lignes de repères », 190 p. ) , Jean-Pierre Corniou livre une synthèse globale abordant aussi les questions techniques et énergétiques que les aspects sociétaux de l'automobile.

Passant en revue les motorisations nouvelles, il développe longuement les potentiels des voitures hybrides et électriques puis évoque les « projets du futur », en particulier l'utilisation de l'hydrogène (*).

« A court terme, estime-t-il, l'hydrogène ne peut être une solution crédible même si elle est prometteuse à long terme ». Jean-Pierre Corniou souligne notamment la convergence entre la solution « hydrogène » et un parc automobile qui s'électrifierait progressivement.


Extrait :
« L'intégration d'une pile à combustible est simple à faire dans tout véhicule électrique ou hybride série, là où le groupe moto-propulseur est déjà électrifié. Il est même possible de rééquiper des véhicules.

Si le point de convergence entre les véhicules électriques et les véhicules à hydrogène a été fixé à 2030, il pourrait être sérieusement revu à la baisse, grâce à la hausse des prix du pétrole et la baisse du prix de l'hydrogène (il va par exemple passer de 9 euros le kg à 5 euros d'ici 2020).
(...)
Alors que la France dispose d'un important parc de centrales nucléaires, la promotion de l'hydrogène y est embryonnaire. Tout d'abord, malgré un récent AMI (appel à manifestation d'intérêt) de l'ADEME « Véhicules routiers à hydrogène », il n'y a pour l'heure pas de véritable volonté politique. Les énergéticiens français n'y trouvent pas leur intérêt. Si certains envisagent d'entrer massivement sur le marché, tous profitent pour l'instant d'une situation d'impasse législative, ralentissant le développement de la production d'hydrogène, domestique ou industrielle. Les constructeurs français n'ont pas pris non plus cette option au sérieux et ont privilégié le 100% électrique pour Renault et l'hybride diesel pour PSA.  La coopération entre les différents acteurs de la filière est trop faible pour accélérer l'industrialisation des technologies de l'hydrogène.

Pourtant, 300.000 tonnes d'hydrogène issues de l'industrie pétrolière sont brûlées chaque année faute de débouchés, de quoi alimenter 2 millions de véhicules !

Face à ce constat, les réseaux ALPHEA et l'AFHYPAC oeuvrent pour le développement de la filière. D'autres réseaux comme ERH2-Bretagne ou HyER travaillent également dans ce sens.

L'hydrogène apparaît ainsi comme une des réponses les plus prometteuses pour résoudre l'équation énergétique. Il permet d'engager une transition entre pétrole et énergie propre en exploitant les infrastructures actuelles et en permettant une électrification du parc de véhicules. Mais il peut également être exploité dans des piles à combustible fixes pour le secteur domiciliaire. Cet « Home Energy Station » produit de l'électricité et de l'eau chaude à partir de gaz naturel. C'est la voie explorée par Honda. Plusieurs industriels, comme Panasonic, travaillent sur cette solution de production décentralisée de l'énergie électrique. La pile à combustible à hydrogène est aussi utilisée sous forme miniature pour fabriquer, à partir de cartouches de méthanol, de l'électricité pour téléphones et ordinateurs.

L'hydrogène est d'autant plus intéressant qu'il constitue une des meilleures solutions pour le stockage des énergies renouvelables. En effet, il permet de stocker efficacement l'électricité produite par les sources intermittents (solaire, éolien, hydrolien) en dehors des heures de consommation sans utilisation de matériaux rares ou difficiles à recycler comme pour la plupart des batteries. C'est une solution de décentralisation de la production d'énergie électrique.

(*) L'hydrogène peut être utilisé pour mouvoir une automobile de deux façons. Sous forme gazeuse, il peut remplacer l'essence dans un moteur thermique à explosion. Mais c'est surtout pour alimenter une pile à combustible que l'hydrogène apparaît prometteur. Fabriquer de l'électricité dans une pile à combustible à partir d'hydrogène est un processus maîtrisé depuis les débuts de l'ère spatiale. Il s'agit d'un procédé inverse de l'électrolyse : en mélangeant hydrogène et oxygène de l'air à travers le cœur de la pile, on obtient de l'eau et de l'électricité.

Voir aussi Jean-Pierre Corniou : L'hydrogène en Europe, une affaire asiatique... 
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3 commentaire(s)
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Commentaire par carlino
jeudi 25 octobre 2012 18:18
oui c'est probablement l'avenir pour stocker l'énergie ...solaire , hydrolien et éoliennes flottantes au grand large pourraient alors être beaucoup plus justifiées et intelligent !
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Commentaire par brmomo
samedi 27 octobre 2012 18:17
quand je pense que en 2002 je m étais fait traiter d abruti arriéré quand j' avais parlé de revenir à l'électrolyse pour produire de l hydrogène à l 'aide des sources électriques non maitrisées. le problème principal étant le stockage, il est le même pour la pile à combustible ou le moteur à explosion (quelle idée , une mini turbine a un bien meilleur rendement et est facilement hybridable à un moteur électrique). le pile à hydrogène fait intervenir des matériaux (catalyseurs extrèmement polluants et chers) et j espère que le bon sens finira par l emporter.
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Commentaire par Robur
jeudi 01 novembre 2012 11:21
L'hydrogène est effectivement un sujet qui mérite quelques éclairages, même succincts. Mais la pratique de la dérision et de l'autoflagellation n'est pas un bon élément de motivation. En ces temps où le yaka-fokon se conjugue à toutes les personnes dans tous les temps (et surtout au futur), il me semble que l'identification et la mise en avant des quelques initiatives publiques et privées qui s'agitent dans l'ombre me paraitrait plus opportun. Autrement à force de dire qu'on est en retard, nous, lecteurs et les acteurs de la filière, fournisseurs ou clients possibles, vont finir par le croire.