Par Karel Beckman
- Rédacteur en chef de European Energy Review
Auteur
Karel Beckman, journaliste, est rédacteur en chef de European Energy Review, plateforme interactive d'informations consacrée aux problèmes de la transition énergétique en Europe.
Vous avez aimé 2008, vous adorerez 2009 …
Par Karel Beckman
- Rédacteur en chef de European Energy Review
dimanche 01 février 2009
En 2008, le tangage des marchés dans le brouillard de la géopolitique vous a plu ? Alors 2009 ne va pas vous décevoir, prédit le rédacteur en chef d'European Energy Review.
Le rythme auquel le paysage énergétique mondial change est à couper le souffle. Jetons un regard sur ls principales turbulences qui secoue notre vaisseau énergétique.
L’administration Obama s’embarque sur une voie radicalement différente, non pas seulement en ce qui concerne la politique du climat, mais aussi en matière de politique intérieure et de relations internationales. Obama semble déterminé à réduire considérablement la dépendance des Etats-Unis à l’égard du pétrole étranger. Cela trouble les pays exportateurs de produits énergétiques , déjà durement touchés par la crise économique. Ils vont se rendre compte, si ce n’est déjà fait, qu’ils sont davantage dépendants des pays importateurs que l’inverse. Les peuples de ces pays ne vont pas apprécier cette réalité.
Les perspectives qui s’ouvrent devant la Russie semblent particulièrement inquiétantes. La politique de Poutine a souvent été jugée (y compris par moi-même) comme assez réaliste et pertinente après la pagaille dans laquelle les Russes avaient été plongés dans les années 1990. Mais cette excuse tient moins bien. La Russie se transforme rapidement en une dictature en bonne et due forme, et qui plus est, instable. Ce n’est pas rassurant.
La Russie et d’autres exportateurs d’énergie vont sans aucun doute chercher à former de nouveaux cartels, qui est la seule réponse qu’ils ont tendance à envisager quand leurs revenus sont menacés. Nous ne devrions pas trop nous en inquiéter. Le meilleur remède contre la « dépendance énergétique » est le développement d’un secteur national fort et novateur.
Ce qui nous conduit à la deuxième analyse stratégique sur l’énergie publiée par la Commission européenne en novembre dernier. Cette « strategic review »– qui a eu très peu de publicité alors qu’elle forme la base de la politique européenne pour les années à venir – montre que Bruxelles reste remarquablement constant dans sa marche vers un marché européen de l’énergie qui soit intégré, libéralisé, dé-monopolisé. En fait, la politique européenne semble un môle de stabilité en ces temps incertains. Si elle est mise en œuvre avec succès, elle donnera un cadre large pour de solides compagnies énergétiques européennes, qui devraient pouvoir assurer la sécurité énergétique et l’innovation sans mettre en danger l’efficacité et la compétitivité.
Enfin, il y a la bombe lâchée en novembre par l’Agence Internationale de l’Energie dans son rapport mondial annuel. Son auteur Fatih Birol a résumé ses conclusions dans une interview dans laquelle il dit que la “production commerciale du pétrole va arriver sur un « plateau » (c’est-à-dire en fait le fameux « pic » pétrolier) aux alentours de 2020. Si cela est vrai, les conséquences vont être fracassantes. Nous devrons réaliser la transition vers une économie sans pétrole beaucoup plus tôt que nous ne le pensions, même si la question du climat –une autre incertitude de taille- apparaissait moins menaçante que prévu. Quelles peuvent être alors les alternatives en matière de sources énergétiques ? Eh bien, nous allons continuer d’en débattre pour essayer de vous présenter, à vous tous, un monde un peu moins imprévisible.
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