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 - Rédacteur en chef de European Energy Review

Auteur
Karel Beckman, journaliste, est rédacteur en chef de European Energy Review, plateforme interactive d'informations consacrée aux problèmes de la transition énergétique en Europe.

Cirelli: «les gaz de schiste ne se développeront pas autant en Europe qu’aux Etats-Unis»


jeudi 12 mai 2011

L’industrie européenne s’intéresse au gaz de schiste du sous-sol de l'Europe. Mais l’avenir dépend encore de la diversification des achats de gaz naturel à l’extérieur et du développement des pipelines, comme South Stream et Nabucco.


Parlant en qualité de président d'Eurogas, l'association européenne de l'industrie du gaz naturel, Jean-François Cirelli, par ailleurs vice-président de GDF-Suez, s'est entretenu à Bruxelles avec Karel Beckman, rédacteur en chef d'European Energy Review. Extraits de l'interview.

Comment voyez-vous les perspectives de développement des gaz non conventionnels dans le monde et en Europe?

Le développement des gaz non conventionnels a la capacité d'accroître considérablement les réserves mondiales de gaz. Les prévisions de disponibilité avançaient généralement le chiffre de 60 ans, nous pouvons désormais compter sur deux siècles. En Amérique du nord, la production de gaz de schiste est devenue très importante et a conduit à un changement significatif de marché, en faisant passer les Etats-Unis du statut d'importateur net à celui de pays auto-suffisant.

Cependant, nous ne pensons pas que le rôle des gaz non conventionnels sera aussi important qu'il l'est aux Etats-Unis - en tout cas tant que nous aurons des approvisionnements abordables en gaz conventionnel de la part de nos partenaires commerciaux. En Europe, il y a des sites potentiels, et il y aurait des avantages à les explorer, afin de voir quelles seraient leur capacité de production et leur compétitivité en termes de coûts, compte tenu de la protection environnementale rigoureuse déjà en place.

Est-ce que le développement des gaz non conventionnels peut miner la rentabilité des investissements lié à la construction de pipelines, tels South Stream ?


Comme je l'ai dit, le potentiel des gaz non conventionnels en Europe ne devrait pas être aussi important. On ne connait pas encore l'étendue des réserves, et cela prendra du temps pour les rendre accessibles. Comme nous prévoyons une progression continue de la demande pour le gaz naturel, tout approvisionnement supplémentaire est bienvenu. Ainsi, l'investissement dans la diversification des routes gazières est essentiel.

Il y a une opposition grandissante aux gaz non conventionnels. Que faudrait-il en matière de régulation pour rendre possible son développement en Europe ?

Il doit y avoir des mesures incitatives pour accroitre les capacités européennes de production de gaz, y compris les petits champs d'exploitation offshore. Nous devons maximiser la production du gaz européen pour compenser un déclin de la production sur le long terme. Le gaz de schiste est devenu très vite une grosse affaire aux Etats-Unis à la fin de 2009. Cela a modifié le paysage mondial et continuera à changer les conditions d'approvisionnement des marchés du gaz. Ici en Europe, les compagnies vont aussi manifester leur intérêt, qui est très fort, en recherchant notamment des licences.

Mais ayant dit cela, nous devons aussi reconnaître que l'Europe n'est pas les Etats-Unis. Nous avons une forte législation environnementale en place, notamment en matière de qualité de l'eau. Cela va affecter le développement des gaz non conventionnels. Il y a d'autres différences : la densité de population est plus forte ici, les lois sur l'exploitation minière sont différentes. La cadre est moins incitatif qu'aux Etats-Unis.

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