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L'Union Française de électricité (UFE), est l'association professionnelle du secteur de l'électricité. Elle représente les employeurs du secteur au sein de la branche des industries électriques et gazières...

Risque de black-out sur l'Europe


mercredi 18 septembre 2013

Neuf grandes entreprises énergétiques européennes ont mis en garde la Commission européenne : l'Europe n'est pas à l'abri d'un black-out électrique alors même que les objectifs en matière d'émissions de CO2 ne sont pas atteints.


Voir le site de l'Union française de l'électricité (UFE)

Le 10 septembre 2013, neuf des plus grandes entreprises énergétiques européennes se sont exprimées devant le Commissaire européen à l'énergie Gunther Oettinger, et de nombreux députés européens, sur l'urgence de « reconnecter la politique énergétique de l'Union Européenne aux challenges énergétiques de l'Europe ».

L'UE avait identifié, lors de l'adoption du Paquet énergie-climat en 2008, plusieurs challenges cruciaux pour l'avenir : sécurité d'approvisionnement du système électrique à long terme, sécuriser les investissements, combattre le changement climatique, et permettre l'accès de tous à une énergie compétitive. Cinq ans plus tard, la sécurité d'approvisionnement énergétique n'est plus assurée, les émissions de CO2 repartent à la hausse, les investissements dans le secteur s'effondrent, et les consommateurs ne cessent de voir leur facture augmenter. Comment expliquer un tel fiasco ?

En réalité, si la politique de l'UE était ambitieuse et louable, elle est en fait passée à côté des vrais enjeux. L'absence de maîtrise du rythme de développement des ENR, et ses conséquences sous-jacentes sur le marché de l'énergie (surcapacité ; chute des prix de gros), a fortement diminué la rentabilité de certains actifs, pourtant essentiels pour la stabilité du système, telles que les Cycles Combinés Gaz (CCG). Ces éléments, amplifiés par un climat d'incertitude économique et d'instabilité administrative préjudiciables aux investissements, font peser aujourd'hui sur l'Europe un risque réel de blackout.

 De son côté, l'objectif climatique est loin d'être atteint, avec un marché carbone (ETS) miné par la chute du prix du CO2, un dysfonctionnement imputable au manque d'articulation du mécanisme avec les politiques de développement des ENR et de promotion de l'efficacité énergétique. Là encore, la crise économique accroît les difficultés. Ce constat alarmant appelle une redéfinition de la politique énergétique européenne, qui doit impérativement concilier l'enjeu de lutte contre le changement climatique, avec ceux de sécurité d'approvisionnement en électricité, et de compétitivité de l'économie (et notamment du secteur électrique).

Trois axes pour repenser la politique énergétique européenne

Les industries énergétiques ont identifié trois lignes d'action pour rebâtir la politique énergétique européenne.

- Tout d'abord, garantir une électricité compétitive pour les consommateurs européens, avec des prix qui reflètent les dynamiques de marché.

- Ensuite, arrêter les dispositifs de soutien pour les ENR matures, et recentrer, sur la R&D, les subventions jusque-là destinées à des ENR encore très « balbutiantes ».

- Enfin, garantir la sécurité d'alimentation du système électrique sur le long terme, avec une utilisation optimale des capacités existantes, et en fixant des orientations européennes sur les modalités d'intervention des Etats membres sur l'adéquation des capacités de production en fonction des prévisions de demande.

Au-delà, l'Union Européenne doit surtout réaffirmer son ambition en matière de climat, et promouvoir le renforcement du mécanisme du marché du carbone ETS, instrument central pour promouvoir une transition énergétique, à moindre coût.

La Commission Européenne doit précisément publier d'ici le mois d'octobre, une série de documents pour clarifier notamment les modalités d'interventions des Etats en matière de soutien des ENR, et de sécurité d'approvisionnement. La question désormais est de s'assurer que ces initiatives, débouchent sur un programme pragmatique, articulé avec les objectifs climatiques et de compétitivité, et qui redonne confiance aux investisseurs du secteur.
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5 commentaire(s)
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Commentaire par pk
mercredi 18 septembre 2013 16:14
[ ... les objectifs climatiques et de compétitivité ... ] Complètement opposable, quand est ce que vous vous le mettrez dans le crane ... Les compètes c'est du passé ... [ ... soutien pour les ENR matures... ] ENR mature seulement, est-ce a dire que le nucléaire ne serait toujours pas ! Ce qui est un fait, 650 millions d'euros pour ASTRID , est-ce bien raisonnable ... [ .... pour la stabilité du système, telles que les Cycles Combinés Gaz (CCG)... ], Stabilité du système géopolitique également, gaz Russe ou qatari ... ?
[2]
Commentaire par Gépé001
jeudi 19 septembre 2013 07:52
On oublie toujours le role de l'énergie dans le développement économique.Il faut comparer le cout du travail au prix de l'énergie;un cout du travail trop fort et un prix de l'énergie trop bas favorisent le chomage.Il faut transférer sur l'énergie une partie des charges sociales;cela doit être un objectif de la transition énergétique.Aidez-moi à expliquer cette conception de l'énergie.
[3]
Commentaire par papijo
jeudi 19 septembre 2013 11:33
@Gépé001 - Je pense que vous devriez d'abord essayer d'expliquer votre théorie à tous ceux qui n'arrivent pas à payer leurs charges, notamment de chauffage, et vivent sous la menace d'une expulsion. Vous pourriez aussi essayer de convaincre ceux qui pour aller travailler loin (ils n'ont pas les moyens d'habiter dans les "quartiers bourgeois" proches des centre-villes), roulent dans des voitures d'occasion à consommation élevée qu'ils devront payer plus cher leur essence pour alléger la facture des bobos qui changent leur voiture pour en prendre une "plus économe" ! Regardez bien: ce que vous défendez, c'est un transfert d'argent des plus pauvres vers les (relativement) plus riches !
[4]
Commentaire par Gépé001
jeudi 19 septembre 2013 17:06
@papijo;merci de votre intérêt pour mon commentaire.Il faudrait vous reporter à la note n°6 du conseil d'analyse économique du premier ministre,qui évoque l'idée d'une prime forfaitaire pour tenir compte de la précarité énergétique,et comme cette mesure serait progressive,cela permettrait de réajuster les montants envisagés.Il s'agit d'un transfert de charges existantes et pas d'un prélèvement supplémentaire.Cela mérite un débat qui peut avoir lieu dans le cadre de la transition énergétique.
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Commentaire par papijo
jeudi 19 septembre 2013 21:43
@Gépé001 - Effectivement, ce transfert n'est pas tenable et il faut donc gommer les cas les plus difficiles. Les "pauvres" sont trop pauvres pour qu'on les soumette à un prélèvement supplémentaire, c'est donc les "un peu moins pauvres" qui paieront l'addition ! Ne vaudrait-il pas mieux choisir la politique qui conduit à fournir l'énergie à tout le monde au coût le plus faible possible. Après tout, rien ne nous oblige à copier le modèle énergétique de l'Allemagne. Quand ça les arrange eux-mêmes sont prêts à y faire des gros accrocs: blocage d'une initiative européenne de limitation des quantités de CO2 émises par les voitures, relance des centrales charbon / lignite ... Pourquoi nous sacrifier ?
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