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L'Union Française de électricité (UFE), est l'association professionnelle du secteur de l'électricité. Elle représente les employeurs du secteur au sein de la branche des industries électriques et gazières...

Prix de l'électricité : le "stop and go" qui tue


jeudi 03 juillet 2014

Le doute introduit par le gouvernement sur l'augmentation du prix de l'électricité, prévue en août mais repoussée, inquiète les professionnels du secteur. Une réaction de l'Union française de l'électricité.


Voir le site de l'UFE

Les récentes déclarations de la Ministre Ségolène Royal sur l'évolution des prix de l'électricité ont fait l'effet d'une petite bombe. En rejetant l'augmentation tarifaire de 5% prévue pour l'été, c'est en fait un engagement pris à travers la Loi NOME* de 2010 qui n'est pas respecté. La tentative d'amorti du Premier Ministre, quelques heures plus tard, expliquant qu'il y aurait quand même une hausse "modérée" à l'automne n'y a rien changé : au-delà des conséquences économiques, ce changement brutal de cap donne un sentiment d'incertitude et d'instabilité réglementaire dont le pays n'a guère besoin en ce moment?

Le plus dommageable dans cette affaire est probablement le fait que l'annonce politique prend le pas sur la rationalité économique. En effet, aujourd'hui, l'évolution des prix de l'électricité, au lieu d'être assise sur des critères industriels et économiques, est la résultante de prises de décision politiques sans lien avec les vrais besoins du secteur et de la collectivité. Conséquence : un amalgame se fait entre hausse des prix et pouvoir d'achat des consommateurs. Ce dernier devient l'argument politique prioritaire, au détriment d'une évolution planifiée dans le temps, supportable par tous et permettant d'assurer à l'avenir une fourniture d'électricité de qualité sans risque de rupture d'alimentation.

Couvrir les coûts fixes

Car c'est bien de ça dont il s'agit. Aucune industrie ne peut vivre sans couvrir ses coûts fixes, dans l'électricité comme ailleurs. Sinon, c'est l'assurance à terme que les industriels ne pourront plus avoir les moyens d'investir et donc de renouveler leurs outils de production afin de continuer à assurer une qualité de fourniture à laquelle les clients ont droit. Or, depuis des décennies, les prix de l'électricité ont très peu évolué à la hausse. (?)

Dans son rapport de juin 2013, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) estime que la hausse nécessaire pour couvrir les coûts est comprise entre 6,8 % et 9,6 %. Le gouvernement annonce alors qu'il lissera cette hausse nécessaire sur plusieurs années, ceci afin de protéger autant que possible le pouvoir d'achat des ménages : les tarifs réglementés de l'électricité vont donc être revus de + 5 % pour les particuliers à compter du 1er août 2013 (ce qui a bien été le cas), et de + 5% le 1er août 2014, ce que conteste aujourd'hui la Ministre de l'Energie au nom de la lutte contre la précarité énergétique.

En réalité, l'argument n'est pas fondé. En effet, sur une facture moyenne d'un client de l'ordre de 750€/an, la hausse de 5% représente 40€/an pour le ménage, ce qui reste supportable pour la majorité des consommateurs, la France ne comprenant heureusement pas 28 millions de précaires ! Pour autant, il est clair que la précarité énergétique est un problème sérieux qui s'est amplifié avec la crise économique. Il est donc essentiel d'y trouver tous ensemble - pouvoirs publics, collectivités, professionnels de la filière électrique - des solutions de fond plus complètes que celles d'aujourd'hui. En ce sens, la proposition d'un « chèque énergie » émise dans le cadre du projet de loi Transition Energétique pourrait être une piste à examiner plus avant.

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4 commentaire(s)
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Commentaire par Jolicoeur
jeudi 03 juillet 2014 18:28
Pour une fois que l'UFE ne dit pas de conneries. Le problème en France, c'est la natalité. Cela demande plus de logements à construire, donc une pression sur les loyers, ce qui coûte beaucoup plus cher que la consommation d'électricité. Aussi, plus de crèches et d'écoles à construire, ce qui entraîne plus d'impôts nationaux (les profs) et plus d'impôts locaux (écoles, collèges, lycées). Prix de l'énergie, ce qui est dépensé pour l'électricité n'est pas grand chose à côté de la voiture ou parfois des autres transports.
[2]
Commentaire par un physicien
vendredi 04 juillet 2014 09:32
"... l'annonce politique prend le pas sur la rationalité ..." Tout est dit.
[3]
Commentaire par Gépé
vendredi 18 juillet 2014 14:24
M. Raux devrait nous expliquer les modalités d'application de la note n°6 du conseil d'analyse économique. Merci.
[4]
Commentaire par Tarif
mardi 12 septembre 2017 16:36
Cet article a maintenant 3 ans et la réalité est que le tarif bleu EDF n'a cessé d'augmenté année après année, avec en guise des rattrapages.
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