Par Thomas Porcher
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Thomas Porcher est docteur en économie, Professeur à l'ESG Management School et fondateur de GBP-conseil. Il est l'auteur du livre "Un baril de pétrole contre 100 mensonges" - Ed...
La marée noire du golfe du Mexique, Fukushima... et après ?
Par Thomas Porcher
jeudi 21 avril 2011
BP et Deep Water Horizon, TEPCO et Fukushima: les réductions de coûts sont souvent à l'origine des catastrophes. Il faut une autorité juridique et une police de l'environnement.
Il n'y a même pas un an d'écart entre le naufrage de la plateforme DeepWater Horizon exploitée par BP et l'accident nucléaire de Fukushima.
Malgré la marée noire et le cataclysme écologique qui en a découlé, malgré la pollution radioactive et ses conséquences incommensurables sur l'environnement et la santé humaine, il n'existe toujours pas en France de réelle volonté politique de réflexion sur notre modèle énergétique, modèle que les pays émergents nous copient et que nous allons laisser à nos enfants.
Pourtant il y a des leçons à tirer :
Il suffit de se pencher sur les grandes catastrophes industrielles de ces 40 dernières années pour constater à quel point des logiques strictement économiques de réduction des coûts en ont été la cause : réduction des équipes, charge de travail inadaptée, formation insuffisante des techniciens, non remplacement ou réparation des équipements vétustes, manque d'investissement dans la sécurité des installations... D'ailleurs, BP, comme TEPCO à Fukushima, avaient minimisé les coûts liés à la sécurité par avidité financière. Un extrait du rapport de la commission sur Deep water horizon commandée par Barack Obama et rendue publique le 11 janvier 2011 est d'ailleurs édifiant : « Qu'elles aient été intentionnelles ou non (sic), beaucoup des décisions prises par BP, Halliburton et Transocean qui ont accru le risque d'explosion ont clairement permis à ces entreprises de gagner beaucoup de temps (et d'argent) ». Les mêmes causes ayant sinistrement les mêmes effets, on retrouve des raisons similaires concernant la centrale de Fukushima avec un système de sécurité lourdement défaillant.
Il faut désormais, qu'au même titre que la rentabilité financière, les Etats et les entreprises prennent en compte la notion de développement durable où l'enjeu environnemental, la protection de la nature et la prévention des risques ne peuvent être pensés indépendamment de leur impact dans les champs économiques et financiers. Désormais le respect de la planète, le choix des entreprises et le bien-être des individus doivent de converger quant à leurs intérêts respectifs. Cela n'est pas toujours évident. Car de manière générale, il y a d'un côté, l'augmentation de la consommation mondiale d'énergie tirée par la croissance démographique et économique mondiale, la multiplication des règles internationales et les différentes capacités financières et juridiques des Etats, et de l'autre son corolaire, une application du droit et des normes de sécurité plus complexes et un risque de catastrophe plus accru.
Pour une police de l'environnement
Comment éviter que la sécurité des travailleurs et la sauvegarde de l'environnement soient sacrifiées à la rentabilité et aux exigences des actionnaires ? En imposant des règles de sécurité unique au niveau international, réduisant ainsi les marges possibles d'arbitrage entre argent et sécurité. Aujourd'hui l'environnement a un droit, mais il manque une d'autorité juridique de contrôle et de contrainte : une police de l'environnement internationale, dotée de moyens financiers, humains et techniques suffisants, pour tout simplement contrôler les installations dangereuses et faire appliquer un même droit au niveau international. Le G20, notamment, devrait avoir pour ambition de développer un système de contrôle plus globalisé imposant des conditions de sécurité plus stricte.
Développer une police internationale de l'environnement, c'est faire respecter le droit de l'environnement partout, c'est-à-dire le droit pour nos générations futures, aussi bien en France, qu'au Nigéria, de profiter d'un environnement a minima équivalent au nôtre. Tout simplement, la possibilité d'une survie de l'humanité comme de chaque individu.