Par Karel Beckman
- Rédacteur en chef de European Energy Review
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Karel Beckman, journaliste, est rédacteur en chef de European Energy Review, plateforme interactive d'informations consacrée aux problèmes de la transition énergétique en Europe.
Karel Beckman : à l'inverse de l'argent, l'énergie ne peut être créée à partir de rien...
Par Karel Beckman
- Rédacteur en chef de European Energy Review
lundi 08 décembre 2008
Tout comme l’intervention massive des gouvernements a « réglé » la crise financière, ceux-ci devraient-ils maintenant entrer en jeu pour résoudre la « crise de l’énergie et du climat". Karel Beckman, rédacteur en chef d'European Energy Review, n'y croit pas.
La crise financière est supposée sonner la fin du capitalisme du « laissez-faire ». Nicolas Sarkozy le dit. Le ministre allemand des Finances Peer Steinbrück le dit. Beaucoup d’autres le disent.
Peu importe que ni les Etats-Unis ni l’Europe n’aient eu un système capitaliste du « laissez-faire » depuis plus d’un siècle, si tant est qu’ils en aient jamais eu un. Peu importe non plus que le secteur le moins concerné par ce « laissez-faire » soit précisément notre système monétaire. Les banques privées sont fondamentalement des appendices de nos banques centrales contrôlées par les gouvernements, qui permettent (et souvent encouragent) ces établissements privés à créer de la monnaie à partir de rien. Au cours des dernières années, la banque fédérale américaine a poussé les banques privées à créditer des dépôts pour des montants cinquante fois égaux à leurs réserves réelles. La crise actuelle est une bulle créée par la Réserve fédérale et qui a explosé – ce contre quoi les vrais économistes du « laissez-faire » avaient mis en garde depuis des années ( voir le site du Ludwig von Mises Institute ).
Y a-t-il des leçons que nous devons tirer de la crise financière pour les appliquer à la situation de l’énergie dans le monde et à l’état du climat de la planète ?
J’entends des voix s’élever pour dire que tout comme l’intervention massive des gouvernements a « réglé » la crise financière, ceux-ci devraient maintenant entrer en jeu pour résoudre la « crise de l’énergie et du climat ». Leur raisonnement est que si les gouvernements peuvent rassembler et « injecter » des milliers de milliards dans les banques pour les sauver de la faillite, ils devraient être capables de se mettre d’accord et d’injecter des milliards dans le secteur de l’énergie pour rendre notre système « durable ». Cela me parait une dangereuse illusion.
D’abord, l’injection de capitaux dans les marchés financiers ne signifie pas un authentique investissement en capital réel . C’est essentiellement un exemple de manipulation monétaire à grande échelle. Que cela sauve quelque chose reste à voir. Mais l’économie réelle ne peut certainement pas être manipulée de cette façon. On peut créer de l’argent à partir de rien dans notre système monétaire sous contrôle gouvernemental. On ne peut pas créer de l’énergie à partir de rien.
C’est vrai qu’il serait possible pour les gouvernements, par la taxation ou d’autres méthodes, de dériver des milliards de capitaux réels et de fonds d’épargne depuis certains secteurs de l’économie pour les diriger vers le secteur de l’énergie. C’est ce que j’appellerai l’approche “Objectif lune”. Si nous pouvons monter un programme qui envoie un homme sur la lune, comme les Etats-Unis l’ont fait dans les années 60, alors pourquoi ne pourrions nous pas monter un programme pour nous mettre sur la voie du développement énergétique durable ?
Malheureusement, changer notre système énergétique exige beaucoup plus que cela. Les défis à la fois institutionnels et technologiques qu’impliquerait un tel « projet » sont bien plus grands et complexes que ce que peut réussir à lui seul un programme gouvernemental.
En fait, seul le marché libre peut faire ce travail.